PS : Signalons sur ce thème, que le Syndicat de la Montagne limousine organisera le dimanche 12 janvier 2025 au Villard (Royère de Vassivière) un « brunch internationaliste » avec un retour sur le festival des Peuples Veulent qui a eu lieu en octobre à Marseille et une présentation du manifeste internationaliste Révolutions de notre temps qui défend cet « internationalisme par le bas ».
Pour plus de renseignements sur les activités de ce groupe :
Tout a commencé le 28 novembre 2024. C’est le jour où Alep est devenue « amie », comme disent les rebelles, pour parler des villes libérées de l’emprise du régime. Le groupe HTS, dans une opération militaire éclair, a réussi à prendre possession de la ville. Le contexte géopolitique local n’y est pas étranger. Les alliés historiques du régime syrien sont occupés ailleurs. L’aviation russe, qui a été si précieuse pour Bachar Al-Assad pour mater la révolution syrienne à Alep, est mobilisée en Ukraine et au Sahel. Le 28 novembre, seuls 4 avions russes étaient opérationnels. Quant aux milices iraniennes, elles ne sont pas en mesure de retourner en Syrie. Le Hezbollah, lui, est littéralement à terre. L’axe contre-révolutionnaire constitué de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, est impuissant.
La prise d’Alep a permis a minima deux choses : elle a d’abord montré à quel point le régime était faible et peu soutenu, ni par ses alliés historiques, ni par ses propres soldats qui ne veulent pas combattre. Elle a aussi rappelé au peuple syrien partout dans le pays, la joie et l’espoir immense que pouvait provoquer la chute du régime. À Alep, les prisonniers ont été libérés. Des habitants ont revu certains de leurs proches qu’ils pensaient disparus. Dans les rues, les habitants ont déboulonné les statues de la famille Assad. Les drapeaux de la révolution syrienne sont réapparus, notamment à l’université d’Alep, bastion de la mobilisation étudiante de 2011. Des milliers de déplacés sont retournés chez eux. Cette (re)prise d’Alep a un retentissement dans tout le pays. Le 29 novembre, les groupes rebelles, menés par le HTS, rejoints par une multitude de groupes et de factions, se sont dirigés vers Hama. Le 5 décembre, Hama aussi, est devenue « amie ». Cette victoire a été décisive : Hama était l’exemple même de la ville martyre, celle où le clan Assad avait déployé sa violence la plus crasse contre le soulèvement de 1982. Le régime y avait fait 20 000 morts et détruit des quartiers entiers. La libération d’Hama permet tout juste de commencer à soigner cette blessure.
Après Hama, est venue Homs. Après Homs, les groupes partis de la région d’Idlib sont arrivés aux portes de Damas par le Nord. Ils ont été rejoints par les révoltés de Deraa, venus du Sud. Là bas, ce sont des factions de l’Armée Syrienne Libre qui ont libéré la ville. Le 7 décembre, la prison de Sednaya, au Nord de Damas, est ouverte. Cette prison est celle où les opposant.es au régime ont subi les pires violences. Ce jour-là, tout le monde se permet d’espérer. L’armée régulière lâche les check-points qui entourent la ville. Beaucoup de soldats rejoignent les insurgés. Le 7 décembre, alors que la télévision de propagande du régime faisait encore mine que la situation était sous contrôle, un message apparaît alors, sur fond d’un écran rouge : « Victoire de la grande révolution syrienne et chute du régime criminel d’Al Assad ». Le 7 décembre est le jour de la chute du régime. Le 7 décembre est le jour de la révolution.
Au Liban et en Turquie, des réfugiés syriens s’organisent déjà pour retourner chez eux. En Angleterre, en France, en Autriche, et partout ailleurs, ils et elles exultent. Les manifestations sont massives. À Damas, les insurgés ont envahi le palais présidentiel et l’ont pillé à cœur joie. Néanmoins, les Syriens et Syriennes tout à leur joie immédiate, ne cachent pas leurs craintes pour les temps à venir. Il n’y a pas de confiance aveugle envers le HTS, même si ce groupe a joué un rôle essentiel dans la chute du régime, aucun groupe ne détient seul les clés de l’avenir proche. À l’est du pays, la situation est encore incertaine, et il faudra trouver une voie rassurante pour les populations kurdes et les groupes qui prétendent les représenter. L’armée de l’État d'Israël a déployé des troupes le long de sa frontière et bombardé quelques dépôts d’armes. La fin du régime n’est pas une fin, c’est un début. La chute du régime en Syrie, c’est comme le vent qui commence à tourner, dans toute la région et au-delà.
Le 8 décembre 2024, depuis le plateau de Millevaches