Non, nous ne mangeons pas du chat !

Date
mercredi 1 janvier 2025 14:34
Numéro de journal
89
Auteur(s)
Véronique Decker
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chatUne partie de la presse locale a rapporté sans nuance les propos de Bartolomé Lenoir, propos coupés-collés soit de sa pétition, soit de sa question au gouvernement, donnant le sentiment que ce qu'il disait reflétait la réalité. Véronique Decker, par ailleurs correspondante locale du journal La Montagne, a réagi en s'adressant à la station publique locale de Radio France, France Bleu Creuse, suite à la publication sur son site, le 14 novembre 2024, d'un article intitulé « Le député de la Creuse interpelle le ministre de l'Intérieur sur le risque de Zad sur le site du lac du Chammet »1. Nous reproduisons ici son courrier.

Je lis encore une fois sur le site de France Bleu Creuse que le député Bartolomé Lenoir affirme qu’une centaine d’éco-terroristes habitent au bord du lac du Chammet à Faux la Montagne. Je suis accablée de voir que les journalistes désormais reprennent les propos proférés par les élus sans aucune distance critique ni vérification des faits.

Je me permets de vous rappeler que les habitants de Faux-la-Montagne ne mangent pas non plus les chiens et les chats et, que s’il venait à l’idée du député de l’affirmer, cela ne rendrait pas aussitôt l’histoire réaliste. Donc, non il n y a pas 100 personnes au bord du lac du chammet. Nous ne sommes que 450 habitants à Faux-la-Montagne : on se rendrait compte, on verrait des voitures, la boulangère vendrait plus de pain, l’auberge serait bondée, bref, venez interroger les habitants du village, allez regarder le centre de vacances, interrogez le dentiste qui habite tout près du centre.

 

Vous titrez sur le risque de Zad au lac du Chammet. Aucun risque je vous l’assure, car contrairement à Sivens, ou Notre-Dame-des-Landes, il n’y a aucun projet : pas de retenue d’eau, le lac existe déjà. Par d’aéroport international entre Peyrelevade et Faux-la-Montagne, aucune autoroute entre Guéret et Tulle… Pour qu’il y ait une zone a défendre il faut un projet commercial ou industriel ! Là encore, répéter en boucle les éléments de langage anxiogène du député ne fait que servir sa cause : faire croire à une zone dangereuse, dans laquelle il aurait peur de se montrer, car peuplée d’habitants violents et sauvages.
Bruno Retailleau affirme « qu’aucun trouble à l’ordre public ne doit être laissé sans réponse ». Les bonnes questions à poser sont : « Est-ce que les habitants du Chammet créent un trouble ? Est-ce qu'il y a eu des dépôts de plaintes ? Est-ce que le sujet a été abordé en conseil municipal ? » Qui parle de trouble ? Les habitants de Faux ? Non. Aucune plainte n’a été déposée, c’est aisément vérifiable. Est-ce que c’est un sujet pour la municipalité ? Non, le sujet n’a pas été abordé depuis des années…

Le député cite dans son intervention un texte issu du site du CREF (Centre de recherche et d'étude sur la forêt) comme s’il s’agissait du programme d’un parti politique. Il est pourtant facile d’aller vérifier sur le site que la « désertion » de la société, le rapprochement avec la nature, la recherche d’un sens poétique à l’existence sont à la base d’une démarche qui ne vise pas à terroriser le département.
On attend de la presse et des médias une distance critique, une vérification des faits réels, une enquête de terrain. Ne vous contentez pas de répéter ce qu’on vous dit, car vous finiriez par perdre toute crédibilité. Je retourne cuisiner une patte de chat en attendant des articles plus conformes à l’éthique.

 

Véronique Decker

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  • Thème
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