
Le 20 octobre 2014 un vote d’irresponsabilité consternante des élus socialistes du conseil général de la Creuse a précipité la construction des bâtiments du centre d’engraissement pour 1400 veaux/an à Saint-Martial-le-vieux. Un vote en totale contradiction avec les principes affirmés par son président promoteur des “nouvelles ruralités“ où l’on privilégie une viande de qualité et des circuits courts ! Un mois jour pour jour après ce vote le préfet de la Creuse encadré par l’ex président de la chambre d’agriculture de la Corrèze se rend sur le site pour donner l’aval de l’état qui, de son côté, dans les discours de son ministre de l’Agriculture se prétend soutenir une agro-écologie ! L’affaire est entendue, le centre d’engraissement ouvrira prochainement avec la participation d’une grosse vingtaine d’agriculteurs-éleveurs de la région rassemblés dans la société SAS Alliance Millevaches.
À la suite de ce coup de force un collectif d’opposants à ce projet s’est réuni à Peyrelevade le 24 novembre 2014. Il a entendu et écouté poliment les porteurs du projet s’embrouiller en reconnaissant en toute naïveté qu’ils ont été l’objet de manœuvres qu’ils ne maîtrisent pas. Ils se consolent en se persuadant de rester majoritaires dans le capital du centre d’engraissement. Pendant que les deux sociétés productrices d’énergie en photovoltaïque et en méthanisation verseront un modeste loyer à la communauté de communes des Sources de la Creuse et à la société SAS Alliance Millevaches tandis qu’ils enrichiront le lobby de leurs actionnaires qui se moquent comme d’une guigne de mettre des agriculteurs sur la paille, à plus ou moins court terme.
À l’occasion de la visite préfectorale on découvre mieux les manipulateurs de cette escroquerie à l’information citoyenne. Pierre Chevalier l’ex président corrézien a présenté son bébé comme “un projet économique d’intérêt général et n’entend pas se laisser faire par des gens (le collectif des opposants) qui sont là pour détruire l’économie française“. Il a simplement omis de rappeler que ce projet est conduit depuis belle lurette par la Société Vitréenne d’abattage (SVA-Jean Rozé) filiale d’Intermarché sous la houlette de son bras droit l’ex directeur de la chambre d’agriculture de Corrèze. Maintenant libéré de ses charges corréziennes celui-ci, depuis un placard doré du ministère de l’Agriculture, continue à défendre, entre autres, les intérêts d’Intermarché. À titre d’exemple, il a signé en février 2014 pour le conseil général de l’alimentation, l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), un rapport sur “la restructuration de la filière pêche du port de Boulogne“. Rappelons pour mémoire qu’Intermarché gère plus de 80 % de la flotte de pêche française ! Peut-être faut-il demander à son ministre de tutelle quel jugement il porte sur un conflit d’intérêt dans les attributions d’un haut fonctionnaire au service de l’état ?
Au cours de la réunion du 24 novembre 2014, n’en déplaise à Pierre Chevalier et au préfet complaisant, un autre modèle d’élevage pour le plateau de Millevaches a été proposé et débattu à partir d’exemples réels. Il rejoint les propositions développées par Marc Dufumier dans le cadre de la journée d’économie sociale et solidaire organisée par le conseil général le 13 novembre à Sainte-Feyre. Avec conviction et fermeté cet agronome chevronné a présenté l’urgence et les conditions à promouvoir pour un autre modèle d’agriculture. Malheureusement les conseillers généraux, à l’exception d’un des opposants au projet, n’étaient plus dans la salle pour entendre ce message. Ils ont perdu l’occasion de se mordre les doigts pour leur vote d’approbation et d’assistance financière à l’atelier des 1000 broutards. Mais ils ont donné leur caution à Intermarché pour la réalisation, en Creuse, de son atelier de production de viande industrielle pour le marché de seconde qualité du Maghreb.
Alain Carof