Tout le monde ici connaît le Centre international d’art et du paysage de Vassivière, nef de granit et de bois, flanquée de son phare balise, à la proue d’une île de 70 hectares consacrée à l’art contemporain et aux activités touristiques et sportives. Depuis son ouverture, en 1991, la réputation de ce Centre, soutenu par la Région et par l’Etat, rayonne à l’international. Le Centre d’art et du paysage n’est pas un musée, ni une galerie. Les œuvres exposées ici ont été créées pour ce site, et la nature est le point d’accord de la créativité des artistes. Une nouvelle directrice vient d’être nommée à sa tête. Qu’est-ce donc aujourd’hui qu’être directrice d’un Centre d’art contemporain ? C’est ce que nous avons demandé à cette nouvelle directrice.

Beaubourg, Londres, Noisy-le-Sec
Je m’appelle Marianne Lanavère, je suis née à Paris en 1974.
Pendant mes études d’histoire de l’art à l’École du Louvre, j’ai fait un stage au Centre Pompidou, musée d’art moderne et contemporain à Paris. J’y ai découvert ma passion ! Je voulais travailler avec les artistes vivants, participer à la création d’œuvres, d’expositions, de happenings, les mettant en valeur... J’ai rejoint l’équipe du Centre Pompidou de 1997 à 2000. J’y ai appris les aspects juridiques et administratifs du métier, la gestion des équipes, les transports, les assurances, les contrats avec les artistes... Très vite j’ai souhaité proposer des choix artistiques mais, dans une institution aussi hiérarchisée, ce n’était pas possible. Grâce à une bourse d’étude, je suis allée passer deux ans au Royal College of Arts de Londres, apprendre l’organisation d’expositions d’art contemporain, leurs différents acteurs, les biennales, les foires, etc...
Revenue en France, je me lance comme commissaire d’expositions indépendantes. Mon but alors est de soutenir des artistes méconnus, de créer un lien avec eux dans le temps, de les suivre tout au long de leur parcours, lors d’expositions itinérantes dans des lieux alternatifs ou à l’étranger.
En 2005, j’ai obtenu la direction du centre d’art « La Galerie » à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis. Sacré challenge dans cette banlieue dont les habitants manquaient de moyens pour accéder à la culture. Nous avons beaucoup travaillé avec les scolaires mais aussi avec les associations locales, tout en développant une reconnaissance internationale pour ce lieu de vie unique en son genre.
Vassivière “lieu des possibles“
En août 2011, le poste de Vassivière se libère. J’avais fait le tour de ce que je pouvais faire à Noisy, et j’avais envie de découvrir un autre territoire. J’ai été choisie sur dossier, puis sur entretien, où je devais exposer mon projet de développement du Centre. J’ai pris mes fonctions en mars 2012.
Mon projet pour ce lieu s’articule en divers points :
- Continuer à permettre aux artistes de créer des oeuvres sur place, nées ici et pensées pour ici, avec l’aide d’artisans locaux, et dans une démarche biocompatible. Il me semble important en effet, dans ce lieu préservé, de garder une conscience des modes de production et du recyclage éventuel de notre activité.
- Développer l’île comme “lieu des possibles“, que les visiteurs y vivent une expérience particulière par leurs cinq sens, en faisant appel à la créativité des acteurs de ce territoire qui ont des savoirs-faire particuliers. Nous sommes là aussi pour les mettre en valeur...
- Organiser le calendrier des expositions en fonction des saisons : l’été, une exposition collective diversifiée (sculptures, peintures, photos, etc.), pour donner aux visiteurs de passage un point de vue varié sur l’art, tout en valorisant les artistes du Limousin et les collections régionales (Frac, Artothèque, musées). Le reste du temps sera partagé en trois expositions trimestrielles dédiées à l’univers d’un artiste français ou étranger.
- Lier les expos à la nouvelle résidence d’artiste où nous pourrons héberger trois artistes différents en même temps : un plasticien, un écrivain et un autre créateur (chorégraphe, cinéaste, cuisinier...). Le but est de favoriser le croisement des disciplines et l’échange d’inspiration, tout en gardant pour base ce qui fait notre spécificité, le paysage “dans tous ses états“, du minéral au cosmique.
- Développer le relais Artothèque, lieu de prêt d’oeuvres d’art.
- Le Centre bénéficiant d’une excellente renommée internationale, continuer à le mettre en valeur et à y attirer nombre de visiteurs avertis.
- Donner ses lettres de noblesse à notre importante documentation, pouvoir l’ouvrir aux étudiants et aux chercheurs.
Je tiens avant tout à travailler en cohérence avec l’histoire de ce lieu situé au coeur d’un paysage exceptionnel et à renforcer son inscription dans la région.
Propos recueillis par Nadine Bompart
- Premier vernissage le 7 juillet 2012
L’occasion pour rencontrer Marianne Lanavère ? Le samedi 7 juillet où aura lieu son premier vernissage, à partir de 15 h, de l’exposition collective “Champs d’expérience“ et l’inauguration d’une sculpture skateable pour le “bois de sculptures“, unique en France, qui s’étend sur les 70 hectares de l’île, propice à la flânerie et aux pique-niques... Un feu d’artifice clôturera cette journée, EDF fêtant ce jour-là les 60 ans du barrage.