« Avons-nous la maturité pour poser à plat la question de l’immigration pour éviter à un seul parti (le RN) de mal en parler ? » Castaner (Marseille 17/09/2019)
Mal en parler c'est bien le cas. On ne peut que s'étonner des multiples erreurs et imprécisions qui ont marqué ce débat :
« [...]124 000 personnes ont demandé le statut de réfugié en France sur 180 000 à l’échelle de l’Europe, vous êtes d’accord pour dire que ce n’est pas logique. […] Ça veut dire que quelqu’un qui demande le droit d’asile veut venir en France. » Castaner (Marseille 17/09/2019) Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Intérieur a reconnu en fin de journée une « confusion » sur les chiffres évoqués, 180 000 correspondant en réalité « au nombre d’entrées irrégulières dans l’Union en 2018 ». D’après les statistiques annuelles d’Eurostat, 580 800 personnes ont demandé l’asile en UE en 2018, plaçant la France en deuxième position en matière d’accueil (19 %) derrière l’Allemagne (27,9 %).
Les documents fournis aux députés contenaient des erreurs et inexactitudes sur les chiffres comparés du nombre de demandes d'asile et des montants d'indemnités versées aux demandeurs d'asile en Europe, tendant à inférer que les personnes demandeuses d'asile en France sont les mieux loties d'Europe. On attendrait mieux des diplômées du ministère de l'Intérieur que ces comparaisons de données disparates1.
Après la migration économique, voici la migration sanitaire qui cible les citoyennes de pays précis, soupçon qui a débuté par une fake news apparemment issue du conseil des ministre affirmant que les femmes géorgiennes viennent se faire refaire les seins sur nos deniers2... ni la CMU, et encore moins l'AME, ne prennent en charge les soins esthétiques !
Ce discours confus qui mélange CMU et AME, sur fond de soupçon de fraude généralisée qui, alors que le débat ne devait pas donner lieu à vote, risque d'aboutir à de nouvelles restriction des droits des étrangers demandeuses d'asile avec une attente de trois mois avant une prise en charge par la CMU, au mépris de tous les engagements des gouvernements précédents, de la santé publique et des personnes concernées. S'y ajoute une méconnaissance des textes en vigueur puisque le délais de carence pour l'AME est déjà de trois mois. Si Mr Macron est humaniste en paroles, dans les faits, sa politique envers les immigrés est la plus efficace mais aussi la moins humaine que notre pays, jadis terre d'asile, ait jamais pratiquée.
Depuis la loi de 2018, les personnes de pays d'origine sûre ne sont pas protégées de l'expulsion quand, déboutées de l'OFPRA, elles font un recours à la CNDA. Ce fut récemment le cas d’une femme et de ses trois enfants. Après le rejet de l'OFPRA, elle a reçu un arrêté d'expulsion confirmé du tribunal administratif. Quelques jours plus tard, son recours à la CNDA a été accepté et elle a obtenu le statut de réfugiée de 10 ans. Expulsée et réfugiée ? De quoi devenir folle !
1 https://www.liberation.fr/checknews/