Ce terme – qui désigne à l’origine une société secrète sicilienne – s’est appliqué par extension à de multiples organisations caractérisées par la solidarité, le secret et l’enrichissement résultant d’activités illicites. On parle ainsi de mafia de la drogue, de mafia russe, bulgare ou japonaise.
En cyclisme, tous ceux qui s’intéressent de près aux compétitions, surtout lorsqu’elles sont d’un bon niveau, avec des enjeux financiers importants, savent que des mafias déterminent largement le déroulement des épreuves.
Il s’agit de groupes de coureurs, venant d’équipes différentes et théoriquement adversaires, qui s’entendent pour partager les prix et primes distribués, ainsi que les places sur les podiums. Cette pratique contrevient au règlement qui prohibe les ententes en course, sauf entre coureurs du même club.
Après l’arrivée, tous ceux qui sont « dans le coup » (ou « la combine ») se partagent à égalité la cagnotte alimentée par les gains obtenus par chacun des membres du groupe. Ainsi ceux qui ont obtenu les meilleurs classements, comme ceux qui ont fait un obscur travail d’équipier, perçoivent la même somme. Généralement, le montant partagé est augmenté de la somme versée au pot commun par le vainqueur – en plus de ses gains du jour – pour avoir été favorisé dans la victoire. Le règne des mafias a souvent été dénoncé comme étant une des causes de la désaffection du public pour le cyclisme. Lorsque dans une course existe une seule mafia, qui rassemble les meilleurs coureurs du lot, cela conduit à un déroulement insipide, et un dénouement sans surprise. Il n’en est pas de même lorsqu’il y a un ou plusieurs groupes à la bagarre ; on peut assister alors à une compétition très intéressante, avec de nombreuses attaques et luttes spectaculaires.
Le phénomène des mafias était fortement lié à la période des compétitions nombreuses et « bien payées » des années 1950 aux années 1990, rassemblant les meilleurs régionaux. Pour la plupart des amateurs de vélo, ce système était de notoriété publique, même si les groupes bravant l’interdiction des ententes en course voulaient lui conserver un caractère occulte. À ceux qui reprochaient à ce système de fausser le déroulement – et la conclusion – des courses, ses défenseurs rétorquaient que, pour entrer dans la mafia, il fallait d’abord faire ses preuves, en démontrant, individuellement, ses qualités propres. Aujourd’hui, en Limousin comme ailleurs, les compétitions de haut niveau réunissent les plus brillants cyclistes dans des clubs bien structurés ne laissant guère de place à des ententes contre nature entre éléments de clubs concurrents. Ce constat est renforcé par le fait que l’argent ne se gagne plus, ou presque plus, par les prix et primes de l’épreuve, mais par la rétribution versée par l’équipe tout au long de l’année.
Ce nom d’apéritif est celui sous lequel est connu le critérium cycliste de Felletin, dont les vingt éditions, de 1950 à 1970, ont drainé un énorme public sur les bords de la Creuse. Il était disputé sur le circuit dit de « la chapelle » : les coureurs, venant du Masbet, tournaient devant la chapelle vers le Pont-Roby. Lors des premières éditions, les concurrents montaient la rue Sainte-Espérance, avant de tourner à droite vers le Masbet. Mais, sur le conseil de Louison Bobet, le sens de rotation fut inversé pour rendre le parcours moins acrobatique.
Les plus grands noms du cyclisme de l’époque figurent au palmarès. Qu’on en juge dans cette liste de vainqueurs du Martini : Vivier (1954), Bergaud (1955), Gérard Saint (1959), Joseph Groussard (1960), Vanlooy (1961 et 63), Elliot (1962), Poulidor (1964), Anquetil (1965), Simpson (1966), Bellone (1968), Altig (1969), Jan Janssen (1970).
L’édition 1964, année de l’apogée de la rivalité Poulidor-Anquetil, avait attiré 10 000 spectateurs payants ! Presque quatre fois plus lors du championnat de France professionnel 1967, sur un circuit allongé passant par Saint-Quentin-la-Chabanne, qui enregistra 34 000 entrées payantes. Désiré Letort, brillant vainqueur, fut privé de son titre après un contrôle antidopage positif. La dernière manifestation professionnelle d’importance organisée par l’Union Cycliste Felletinoise fut le critérium des As (course derrière derny- cyclo moteur) en 1972. Malgré la victoire de Poulidor, l’organisation fut déficitaire et le club se contenta par la suite d’organiser des compétitions de bon niveau réservées aux amateurs.