Pour les étrangers, l’état d’urgence puis le confinement et la fermeture des administrations ont gélifié toutes les démarches en cours avec le prolongement des divers récépissés. Excepté les demandes d’asile, dont les enregistrements ont repris pendant le confinement.
La situation aux frontières et dans les hotspots est catastrophique. Les personnes meurent à nos frontières, noyées ou sous les balles. Les hotspots surpeuplés, manquant de points d’eau et de produits d’hygiène, fermés aux associations, tentent bien que mal d’éviter la contamination.
Une grande partie des personnes enfermées en rétention ne pouvaient plus être expulsées, mais il a fallu des recours aux tribunaux pour les faire libérer. Cependant, il n’a pas été possible de faire fermer tous les centres où des personnes ont continué à être enfermées dans des conditions d’hygiène défectueuses, avec des contaminations à la clef. Des révoltes ont éclaté et ont été réprimées dans certains centres. Comme en prison, les visites sont interdites et les associations n’ont pu intervenir que par téléphone.
Sur la Montagne limousine, les personnes migrantes sont hébergées et leur confinement s’est passé de la même façon que pour les autochtones. Les distributions alimentaires un temps interrompues ont pu reprendre rapidement.
À Limoges, les personnes hébergées au squat (après informations sanitaires des médecins sympathisants et mise à l’abri des plus vulnérables) ont décliné lors d’une réunion (60 personnes dans la cour avec respect des distances sanitaires !) l’invitation de la préfecture d’un hébergement temporaire, ne souhaitant pas revivre les multiples transferts d’un hébergement à l’autre dans des conditions pas forcément correctes au plan sanitaire. Ils ont réclamé des papiers afin de vivre dans les mêmes conditions que les français. Après la mise à la rue par l’ASE d’un jeune isolé en cours d’évaluation, il a fallu faire appel à la Cour européenne des droits de l’homme pour qu’il soit hébergé.
C’est finalement la préfecture qui a assuré l’hébergement ainsi que celui d’autres jeunes dans la même situation. Dans les métropoles, les choses ont parfois été dramatiques. Les chiffres du 93, où vit une population pauvre et mal logée, sont éloquents : la pauvreté, les logements surpeuplés, les mauvaises conditions de santé sont un facteur de contamination et de gravité important. C’est le cas de nombreux étrangers. L’arrêt de l’économie, des missions d’intérim, du travail au noir ont fait plonger une grande partie de ces personnes dans le manque et parfois la faim. Ceux qui ont pu travailler l’ont fait dans des situations à risque. Les sans-papiers se sont retrouvés dans les pires conditions.
C’est à partir de ces constats que quelques pays ont décidé de procéder à des régularisations pour des raisons sanitaires, les personnes précaires étant plus à risque. De plus, la fermeture des frontières empêche les personnes non seulement de sortir mais aussi d’entrer, ce qui est le cas pour de nombreux saisonniers étrangers dont le manque se fait sentir. Un préfet a même proposé d’envoyer des demandeurs d’asile et des réfugies aux champs !
Un important mouvement regroupant associations, certains élus, une centaine de parlementaires, des villes refuges, et de nombreuses personnes a interpellé le gouvernement afin de procéder à la régularisation des sans-papiers.
Il nous appartient que ces régularisations se fassent de façon pérenne et dans le respect de l’égalité et de l’accès aux droits.