Nous avons rarement l’occasion d’évoquer dans cette rubrique les événements cyclistes des années antérieures à 1940. Si nous rendons hommage aujourd’hui à un champion des années 1926 à 1938, Fernand Mazeaud, c’est parce qu’il a dominé le cyclisme limousin dans ces années-là. C’est aussi parce que Marius DUTEIL (père de Francis, IPNS n° 60), qui connut comme coursier, à la fois l’avant et l’après guerre 39-45, nous avait confié ceci : parmi tous les coureurs qu’il avait affrontés ou côtoyés, Fernand Mazeaud était celui qui l’avait le plus impressionné. Il avait, affirmait-il, une « classe de champion du monde ».
Dès ses débuts en 1926, Fernand Mazeaud, alors licencié à l’Union Cycliste Limousine (UCL), collectionne les victoires. Il remporte notamment l’éliminatoire du trophée France-Sport, réservé aux coureurs de 16 à 18 ans, gagnant aussi
« la première course » pour les moins de 18 ans du département.
En 1927, sous ses nouvelles couleurs du RCL., il va s’imposer une dizaine de fois, en particulier à la finale du Trophée Le Chemineau, puis à l’éliminatoire du Trophée France-Sport. Il confirme en 1928 et 1929, toujours au RCL, en remportant par exemple à deux reprises la classique Limoges – Saint - Léonard et retour.
En 1930, il passe au Cyclo Club Limousin, où il restera jusqu’à sa fin de carrière en 1938. Dans son abondant palmarès, nous avons glané quelques résultats marquants :
− En 1931, il est champion départemental sur route, pour la 5e fois consécutive. Il gagne à Blois et termine 12e du Championnat de France indépendants et amateurs.
− En 1932, outre de multiples victoires, il termine 4è à Aurillac et 4e de Clermont-Ferrand-Aubusson.
− En 1933, victoires à Brive, Aurillac et Figeac.
− En 1934, il remporte le Prix de la Ville et des commerçants de Limoges. Il est alors considéré comme le meilleur régional, à l’égal de son coéquipier André Dumont (futur vainqueur de Paris-Limoges 1938, sous les couleurs de Confolens).
− Jusqu’en 1938, il sera le coureur le plus représentatif du CCL, en remportant par exemple une dizaine de victoires lors de sa dernière année de compétition. Dans un paysage cycliste bien différent de celui d’après-guerre, par le nombre et la nature des compétitions, Fernand Mazeaud aura déposé son empreinte de façon durable.
Ce corrézien, né à Vignols en 1937, a mené une très belle carrière de 1955 à 1972, principalement comme indépendant s’illustrant dans les critériums, avec les pros. Après avoir hésité entre la musique et le vélo – son frère Gil est un accordéoniste et chef d’orchestre réputé en Limousin et Aquitaine – Claude débute en 1955 au VC Arédien (Saint-Yrieix-la-Perche) et s’impose très rapidement comme un des meilleurs coureurs régionaux. Dès sa deuxième année de compétition, il se montre capable de se hisser au niveau des pros dans de nombreuses courses, comme le Bol d’Or des Monédières.
Il connaît un arrêt en 1957 et 1958, en raison de son service militaire en Algérie. À son retour en 1960, il devient membre de l’UC Brive, puis ayant retrouvé rapidement le coup de pédale, redevient un des meilleurs limousins.
En 1961, alors au CC Lindois (Lalinde, Dordogne), il devient champion de France des indépendants, devant Jean-Claude Lebaude. Aussi en 1962, est-il recruté dans l’équipe professionnelle Mercier, et prend une licence à l’UV Limousine, cette dernière se targuant d’être « le club aux trois champions de France » : Dufraisse, cyclo cross, Poulidor, route pros, et Mazeaud.
Il passe deux années chez Mercier, puis termine sa carrière pro en 1964, chez Margnat-Paloma, avec un goût d’inachevé, n’ayant jamais été aligné au départ d’un grand tour. Reclassé indépendant, il fait un passage au CC Bordelais en 1965, avant d’intégrer de 1966 à 1972 le CC Lindois, parallèlement à l’équipe des indépendants chez Peugeot. Pendant toutes ces années, il collectionne les victoires.
À la lecture de ces résultats, qui ne constituent qu’une part minime de son palmarès, on constate que Claude ne s’est pas cantonné au Limousin ou à l’Aquitaine. Il a remporté de nombreuses courses hors de ses bases, particulièrement en Bretagne, où il allait souvent courir, en équipe avec le breton Le Bihan.
Jean-François Pressicaud