La crise du covid-19 et le confinement ont révélé la vulnérabilité des populations précaires et tout particulièrement celle d’origine étrangère. Parmi les causes évoquées de la surreprésentation des décès dans ces populations : les conditions de vie (logements exigus surpeuplés, mauvais état de santé et déficit d’accès aux soins, conditions de travail – pas de télétravail pour eux ! , utilisation exclusive des transports en commun etc. Au sein de cette population, les personnes sans-papiers (dont beaucoup travaillent !) cumulent tous les facteurs de risque. C’est pour cette raison que de nombreuses associations et élus avaient demandé leur régularisation.
Depuis la loi de 2018 cyniquement intitulée « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », les personnes refusées au séjour reçoivent systématiquement une IRTF (interdiction de retour sur le territoire français). Cette IRTF interdit de fait toute régularisation ultérieure et condamne ces personnes et leur famille à la clandestinité à perpétuité, alors que pour beaucoup d’entre eux, la plupart déboutés de l’asile, le retour chez elles est impossible.
Pendant le confinement de nombreux contrôles ont eu lieu dans les quartiers populaires habités par des étrangers. Un certain nombre ont donné lieu à des violences policières et des discours racistes. Le mouvement « Black Lives Matter » est venu se greffer sur ces événements.
C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu le 30 mai et le 20 juin des manifestations massives dans plusieurs villes. Elles ont regroupé plusieurs dizaines de milliers de personnes dont de nombreuses personnes étrangères, qui se sont mobilisées en dépit des interdictions : masquées, pacifiquement, pour réclamer la régularisation des personnes sans-papiers, la fermeture des centres de rétention administrative et des logements pour toutes et tous. Si la manifestation du 30 mai était interdite, celle du 20 juin (50 000 personnes) à Paris a été autorisée (ce qui marque peut-être un début de reconnaissance ?).
C’est sans doute la première fois depuis 1983 qu’une manifestation sur ce thème rassemble autant de monde même si les mouvements de sans-papiers n’ont jamais cessé, en particulier au travers de grèves souvent soutenues par la CGT. Depuis deux ans les luttes des sans-papiers resurgissent, les collectifs de sans-papiers renaissent. Les actions du mouvement des gilets noirs (occupation de l’aéroport
Paris -Charles-de-Gaulle et du Panthéon ont médiatisé la situation des sans-papiers. À Limoges la CGT a créé une section spéciale sans-papiers, sans omettre le collectif Chabatz d’entrar et le squat de l’avenue de la Révolution.
Dans la foulée, « à l’appel de 15 collectifs de Sans-Papiers, de la Marche des Solidarités, des États Généraux des Migrations et de plus de 120 organisations, des Sans-Papiers marcheront à partir du 19 septembre des quatre coins du pays pour atteindre Paris en une grande manifestation le samedi 17 octobre ».
Sur le site de la CPAM 87 on trouve : « Pour permettre aux personnes les plus précaires de s’équiper en masque, les bénéficiaires au 25 juillet 2020 de la Complémentaire santé solidaire, de l’aide pour une complémentaire santé (ACS) et de l’aide médicale de l’État (AME) en recevront par la Poste, gratuitement, sans en faire la demande. Courant août, ces personnes recevront chez elles par courrier six masques grand public ». Certes les personnes sans papiers gagnent un semblant de reconnaissance, mais que se passe-t-il après cette aumône ?
Cimade Eymoutiers :