Nos associations ont mené tout au long de ce dossier des actions d’information sur la réalité de ce projet industriel médiocre sur le plan technique et industriel, et irrationnel sur les plans économique et écologique. Empêchés de participer en toute transparence à la décision publique, en particulier lors de l’enquête publique, nous avons douté un temps de la réalité de la démocratie participative.
Caricaturés par certains élus, nous n’avons pas été entendus par les décideurs publics qui n’ont pas fait grand cas de l’engagement et de l’expertise des citoyens. Au mépris du bon sens et de leurs concitoyens qui les en alertaient, ces mêmes responsables ont accordé une confiance déraisonnable au promoteur du projet, alors que celui-ci dès la première heure était abandonné par ses partenaires industriels puis financiers. Ses talents d’entrepreneur auront simplement réussi à placer en redressement judiciaire la Somival, maison mère de CIBV, et à accumuler les dettes.
Nos associations ont constaté avec désespoir que, sur le terrain, certain(e)s élu(e)s locaux, plutôt que de faire amende honorable, tentaient de simplifier à outrance les enjeux de ce dossier.
En construisant un discours caricatural selon lequel nos associations s’opposaient au développement économique local et à l’emploi sur le Plateau, au motif d’une philosophie « anti-tout », ils ont tenté de décrédibiliser la mobilisation. Nos associations sont composées de citoyens et d’experts qui sont légitimes à penser et agir sur leurs territoires. On nomme cela « démocratie participative » et « démocratie environnementale ». C’est un volet fondamental de la démocratie qui a finalement été mobilisé avec succès : l’accès à la justice. Les décideurs publics sont légitimes à prendre des décisions engageant l’intérêt général, mais ils en sont redevables devant le juge, garant du respect des lois et de la constitution, et en particulier de ses dispositions environnementales.
Reconnaissant notre combat légitime, notre recours a été jugé recevable et les moyens qu’il contenait ont été reçus par les juges, qui ont prononcé l’annulation de l’autorisation préfectorale permettant la réalisation de ce projet. Et cette victoire ne nous sera pas volée par ceux qui ont le devoir de se remettre aujourd’hui en question face à leur relation à la démocratie. C’est une victoire de la démocratie environnementale, et elle n’a été rendue possible que par la mobilisation citoyenne.