P comme Poulidor, bien sûr. Mais la carrière de Raymond a été retracée dans de multiples publications. Aussi nous contenterons nous d’en évoquer l’aspect le plus méconnu: ses débuts, avant le service militaire (années 1954 à 56). Grâce à la popularité du cyclisme d’alors et à la multitude d’épreuves bien dotées, Raymond a rapidement pris conscience de ses possibilités. Après avoir tenu la dragée haute aux meilleurs mondiaux dans les critériums de l’été 56, il avait remporté la dernière épreuve de la saison au Palais/Vienne (avec 6’ d’avance). Ensuite c’est l’armée avec la conviction que le cyclisme pouvait lui assurer une promotion sociale inespérée. La suite est connue.
Nous avons retenu 3 autres P, a dont les carrières s’échelonnent de l’après-guerre aux années 80 : Jacques Pras, Jacques Pradeau et Jean Pierre Parenteau. Ce dernier et Pras, bien que charentais, ont participé à tant de courses limousines qu’ils apparaissent comme des vedettes du cru.
Jacques Pras : vainqueur d’étape du Tour de France. Licencié pendant la majorité de sa carrière à Angoulème, il a écumé les épreuves limousines de 1946 à 63, avec des victoires probantes: Prix du Popu (50), St Léonard , St Mathieu, Piégut et Allassac. Son grand titre de gloire reste une victoire lors de l’étape Nantes–La Rochelle du Tour 48 (Bartali victorieux), où il règle une échappée, devant Lambrecht, nouveau maillot jaune.
Jacques Pradeau est lui un pur Limousin. Débutant en 1952 à l’UVLimousine, il y restera jusqu’en 58, passera à La Souterraine en 60, puis l’UVL en 62, et fin de carrière au CRCL de (64-66). Il est remarqué dès les premières années pour ses qualités de sprinter-rouleur, réalisant une exceptionnelle saison 54 : 14 victoires et nombreuses places d’honneur.
C’est surtout dans les années 60 qu’il va s’épanouir. 1961: il remporte une très belle victoire - devant les pros – aux Boucles du Bas-Limousin à Brive. 1962: il est 17 fois victorieux et empoche à nouveau le titre régional des sociétés. 1963 : la Hte-Vienne est rattachée au Poitou. Il aligne 22 victoires durant la saison, dont le titre de champion des indépendants. Il brille aussi avec les pros : 4è à Oradour-Sur-Glane. 1965: encore victorieux à 14 reprises, mais l’année suivante, il se casse la clavicule dans un sprint de la « Route du Vin » (Aude). Cette chute, combinée à un grave accident du travail, met fin à la carrière de Jacky. Il demeure un des plus brillants coureurs limousins de l’ époque.
Jean Pierre Parenteau : ce charentais né en 1944 a été licencié toute sa carrière à Nersac. Il a commencé à s’illustrer sur les routes limousines à partir de 1965, jusqu’en 86, avec un intermède professionnel de 1970 à 75. Dès 67, il avait été surnommé « le petit Merckx », en raison de sa boulimie de courses et victoires (80 au total jusqu’en 69). L’attaque à outrance caractérisait son style. Il allait avec sa « Floride », de course en course, souvent deux fois dans la même journée (après-midi, nocturne).
En 1967, il remporte 8 courses limousines. Sa victoire à Bussière-Galant est emblématique: échappé en solitaire, il couvre seul les 110 km sans jamais être rejoint, malgré le vent violent et la poursuite engagée par les meilleurs. Il ne tarde pas à confirmer au niveau national: en 1968, il remporte 2 étapes du Tour du Limousin (3è du général), termine 3è du Tour de l’Avenir et participe à l’épreuve sur route des J.O de Mexico. En 69, il s’impose à la Route de France, termine 3è du Tour du Limousin, gagnant la dernière étape. Puis, la même année, passe pro chez Peugeot, où il restera jusqu’en 75. Toutefois, son activité n’est pas à la hauteur de ses années amateur. Il doit se contenter d’un rôle d’équipier, remportant tout de même le Tour de l’Aude (1973), participe à 3 Tours de France et autant de Vueltas. Il se fait ainsi remarquer dans le Tour 73, malgré une fracture de la clavicule dès le premier jour, n’abandonnant qu’à la 7è étape. Jacques Augendre rend hommage à son courage dans Le Monde. Retour chez les amateurs en 76 et réveil du coureur increvable des débuts, recommençant à aligner les victoires. En Limousin seulement, on relève 6 victoires en 76, 5 en 79, 7 en 81. Les places d’honneur abondent: 10 fois 2è en 76. Il s’impose dans des épreuves prestigieuses, comme St Laurent sur Gorre et Le Grand Bourg (1980). En 1986, à 42 ans, il termine encore 2è à Oradour sur Vayres et Bénévent, ce qui met brillamment un terme à une carrière bien remplie.
Jean François Pressicaud