Lorsqu’André Raynaud revint à Limoges après la conquête du titre arc-en-ciel de demi-fond (vélodrome d’Oerlikon, en Suisse, 3.09.1936), il fut accueilli comme un chef d’armée romaine au retour d’une campagne victorieuse. Une foule immense l’accompagna de la gare à la mairie, où le maire, Léon Betoulle, l’accueillit. Le lendemain, même chose de la mairie au siège du RCL, son club.
André, né à Cieux en 1904, avait débuté au RCL en 1923, obtenant d’excellents résultats dès l’année suivante. Il effectua son service militaire à Paris, où il put bénéficier des conseils de Paul Ruinart au Vélo-Club de Levallois, une véritable académie du cyclisme. Champion de France sur route en 1926 (amateurs et indépendants), il devait se consacrer progressivement à la piste. Associé au creusois Octave Dayen, il remporte les 6 Jours de Paris en 1929 puis ceux de Marseille en 1930. Sa carrière s’est terminée tragiquement par un accident mortel sur la piste d’Anvers, le 20 mars 1937. Il est inhumé au cimetière de Vaulry.
Henri, né à Limoges en 1943, a commencé sa carrière de façon fracassante, remportant avec une facilité étonnante le titre de champion de France des débutants (coureurs de 17 ans), à Saint Etienne en 1960.
Son parcours est ensuite jalonné de nombreux succès – comme le Tour le la Corrèze en 1962, mais aussi de périodes moins brillantes. Son assiduité à l’entraînement n’était pas à la hauteur de ses grandes qualités. Heureusement, il fut appelé à participer au Tour d’Italie 1967, dans l’équipe Peugeot. Il s’y révéla excellent grimpeur, étant le seul Peugeot à pouvoir aider son leader Merckx dans les Dolomites. Dans la foulée, il termina 21 è du Tour de France, s’illustrant dans le Puy de Dôme (second de l’étape), derrière Gimondi, mais devant Jimenez.
Les années suivantes, il participa encore aux grands tours, de France (1968 et 1970), d’Italie (1968) et d’Espagne (1969 et 1970), où ses résultats furent cependant moindres. Encore chez Peugeot en 1971, il termina sa carrière pro dans l’équipe Sonolor Lejeune en 1972.
Il participa encore à quelques courses amateurs en 1974, avant d’arrêter totalement le vélo. Eloigné des milieux cyclistes, il décédera de maladie en 2000, à 57 ans. Bien qu’il ait eu une carrière assez brillante, ceux qui l’ont connu pensent que sa classe naturelle aurait dû lui permettre des performances encore plus remarquable, avec plus de continuité.
Né en 1929, Maurice a commencé la compétition cycliste à seulement 20 ans. Il s’était auparavant forgé un corps d’athlète en pratiquant divers sports, dont la lutte. La puissante musculature de ses cuisses le rapprochait plus de la silhouette des sprinters sur piste que des longilignes routiers actuels.
Maurice s’est illustré au plus haut niveau régional (amateurs et indépendants) pendant plus de 15 ans. Sa victoire au championnat du Limousin 1960 à Lalinde, est une démonstration de ses qualités de rouleur : à la fin d’un circuit de 180 km, le peloton de tête était encore constitué d’une vingtaine de coureurs, se préparant pour le sprint final. C’est alors que Réjasse jaillit à 4 km de l’arrivée, prit une centaine de mètres d’avance, et – en poursuiteur – conserva son maigre avantage jusqu’à la ligne. Il démontra encore son aptitude à rouler vite et longtemps en remportant à quatre reprises (1954, 60, 61, 63) le Prix Roger Auclair de Guéret, une des rares courses contre la montre dans la région. La classique de début de saison, Limoges-Saint Léonard et retour, figure également cinq fois à son palmarès, entre 1951 et 1961, épreuve dont il détint longtemps le record. Maurice n’était pas seulement un rouleur, mais aussi un coureur complet, capable de gagner sur tous les terrains. Après son arrêt de la compétition, il a continué à animer entraînements et préparation physique des coureurs du CRCL, son club de toujours.
Jean François Pressicaud