Jacques Vivier, né en 1930 près de Mareuil sur Belle (24), et décédé en octobre 2021, a connu une carrière relativement brève (1949-1958) mais entièrement brillante dès ses premières années de compétition, et progressivement déclinante jusqu’à son arrêt en 1959 pour se lancer dans l’exploitation forestière.
Débutant un peu par hasard dans le cyclisme lors d’une course de village en 1949, il prend rapidement conscience des ses possibilités. Il est conseillé, au sein du club de Ribérac, par Marius Duteil, marchand de cycles à Mareuil et excellent coureur. Champion du Limousin 1947, Marius poursuit une longue carrière entamée avant la guerre (1933) et qui se termina seulement en 1955. Par ailleurs, Marius est le père de Francis, deux fois champion de France amateur (1976 et 1979) sous les couleurs du CRC Limousin.
Alors qu’il n’en est qu’à sa deuxième année de compétition, Jacques Vivier devient en 1950 champion du Limousin. Sa carrière était lancée, marquée par des performances retentissantes. Vainqueur en 1951 de la Route de France, une épreuve à étapes internationale créée par Jean Leuillot à destination des jeunes coureurs, il se distingue aussi cette année là par le titre de champion de France militaire et par une victoire de prestige au tour de Cantal. 1952 constitue sans doute l’apogée de sa carrière. Au début de saison, il participe à Paris – Côte d’Azur (ancêtre de Paris – Nice). Cette épreuve, organisée par Jean Leuillot et réunissant la plupart des meilleurs coureurs mondiaux, permet au néophyte qu’est Jacques de faire étalage de toute sa classe. Il termine 4éme de l’étape contre la montre, derrière Bobet, Barbotin et Impanis et le lendemain, lors de la dernière étape, il se classe 3éme après une longue échappée et remporte le classement du meilleur grimpeur.
Vivier confirme dans le Tour de France, au cours duquel il remporte l’étape de Bordeaux à Limoges. Magnifique victoire, devant le public limousin qui applaudit son jeune champion, il séduit même Fausto Coppi, qui l’a incité à attaquer vers Chalus, ils font ensemble leur tour d’honneur au stade de Beaublanc, lieu d’arrivée de l’étape.
Après ces débuts en fanfare, Jacques marque le pas en 1953 : s’il obtient une belle 2éme place au Bol d’Or des Monédiaires derrière Coppi, cela ne compense pas la déception du Tour de France, où il abandonne à la 12 éme étape sans avoir obtenu de résultat notable. En 1954, sa victoire le 14 juillet à Vannes dans la 7éme étape du Tour de France, devant François Mahé et Forlini ramène Vivier au premier plan. Il confirme en l’emportant dans le critérium de Felletin et du Macaud – Eymoutiers. Les années suivantes sont rythmées par ses participations au Tour de France (abandon en 1955 et 56), au Tour d’Italie 1953 (abandon) et au Tour d’Espagne 1955 (abandon 15éme étape). Il l’emporte aussi dans différentes épreuves régionales : Lubersac 1955, Piégut – Pluviers 1956, Sant Martial de Volette 1957 et Montpon en 1958, année où il let un terme définitif à sa carrière cycliste. Ainsi, un début de carrière qui semblait annoncer un parcours glorieux n’a pas eu véritablement de suite. Après ses succès initiaux, il s’est progressivement satisfait de quelques victoires régionales tout en obtenant les contrats rémunérateurs que sa popularité autorisait.
Doué pour le cyclisme, il n’aimait pas particulièrement ce sport et pensait avant tout à sa reconversion (réussie) dans l’exploitation forestière. Sa popularité a été remarquable, à un moment où le cyclisme bénéficiait d’une très grande reconnaissance du public et des médias, le public applaudissait les champions et la presse magnifiait leur parcours. Jacques Vivier n’a pas voulu rester longtemps prisonnier de cette popularité ; il s’set évadé vers un métier moins bruyant, les arbres et la forêt.
Jean-François Pressicaud