Le lithium est aujourd’hui le métal-phare de la soi-disant « transition énergétique », car il entre dans la fabrication des batteries utilisées par toute la quincaillerie numérique : smartphones, tablettes, ordinateurs, mais aussi et - surtout - voitures électriques. « Rien que pour les batteries des voitures électriques et le stockage énergétique, l’Union européenne aura besoin de 18 fois plus de lithium d’ici à 2030 et jusqu’à 60 fois plus d’ici à 2050 », a ainsi annoncé Maroš Šefovic, vice-président de la Commission européenne et coordinateur de l’Alliance européenne pour les batteries. Et pour l’instant, le fameux « or blanc » est principalement produit en Australie, au Chili, en Chine et en Argentine... Faisant donc miroiter la création de 1000 nouveaux emplois directs et indirects dans la région et la future souveraineté énergétique de la France dans ce domaine, Imerys s’est ainsi mis les élus (Emmanuel Macron en tête) et les riverains dans la poche. Et puis, il s’agira bien évidemment d’une mine « responsable » : l’extraction sera souterraine afin de diminuer l’impact sur les sols et la biodiversité, le minerai sera transporté par des véhicules… électriques, mais aussi en train pour réduire les émissions de CO2, etc.
Mais il ne faut pas se leurrer : une mine propre, ça n’existe pas. Comme le signale Antoine Gatet, juriste de Sources et Rivières du Limousin et vice-président de France Nature Environnement, « est-ce qu’on est vraiment prêts à sacrifier une partie de l’eau et de l’écosystème du Massif central pour faire des voitures électriques à 40 000 euros que très peu de gens pourront se payer ? (…) Il faut arrêter avec le mythe de la mine propre ! Tout ça c’est de la communication et du flan. On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre, car une mine ça implique toujours à côté une grosse usine chimique de transformation, ce qui entraîne une exploitation, et à terme une pollution, de l’eau et des quantités importantes de déchets qu’on ne sait pas gérer »1.
Un petit tour dans les mines d’Australie, où de l’acide sulfurique est utilisé pour l’extraction, ou dans les « salars » du Chili, où les bassins d’évaporation auraient déjà provoqué l’épuisement et la pollution de la majorité des nappes phréatiques de la région, nous en fait la radicale démonstration.
Au Portugal, des habitants s’organisent contre un gigantesque projet de mine à ciel ouvert dans une zone rurale peu densément peuplée, classée patrimoine agricole mondial. Tandis qu’en Serbie, un projet d’exploitation d’un gisement de lithium mené par le géant minier anglo-australien Rio Tinto a été annulé par le gouvernement au début de cette année, suite au déferlement de milliers de manifestants dans les rues de Belgrade et de Novi Sad pendant plusieurs mois. Verra-t-on bientôt défiler autant de monde dans les rues d’Echassières pour protester contre l’extractivisme forcené et la folie productiviste ? Les paris sont ouverts…
Ygor