Comment rendre plus accessibles les réseaux non-marchands, anticapitalistes, alternatifs qui existent ici ? Nouveaux arrivants, sympathisants, nous savons qu’il se passe beaucoup de choses sur le territoire, mais il est à la fois difficile d’y intégrer plus de personnes (pas seulement les nouveaux arrivants, mais aussi celles qui sont nées ici) et de savoir comment s’orienter parmi tout cela, ce qu’il manque, ce qu’on pourrait (re)faire de plus.
Et pourtant, nous avons tous et toutes un voisin débordé, une voisine isolée ou un.e ami.e en situation précaire qui aurait besoin de mieux comprendre et d’avoir accès à ce qui existe autour de chez eux : un lieu où se procurer du pain à prix libre, où apprendre à jardiner, un réseau de partage de livres, de soirées jeux, un espace de soin psy, des personnes avec qui se mobiliser, des cantines… En parallèle de la difficulté à rejoindre et à s’orienter parmi tout ça, il est vrai que certaines initiatives battent aujourd’hui de l’aile par manque de personnes suffisamment engagées dans ces activités, le plus souvent non-rémunérées. Et on sait qu’il faut du monde pour assurer le travail de subsistance...
Voilà comment est née, en septembre 2022, l’idée d’organiser un atelier de cartographie à la dernière Fête de la Montagne limousine à Felletin. Nous voulions tenter de rendre visible ce qui est invisible pour des personnes qui auraient envie, besoin, de rejoindre ces espaces.
À partir de récents journaux locaux (IPNS, Creuse Citron), nous avons listé une quarantaine de luttes et d’initiatives qui nous semblent en dehors des institutions ou des logiques marchandes, et nous les avons placées sur une carte, avec de jolis petits drapeaux. Pendant la Fête, les curieux.ses étaient invités à indiquer d’autres initiatives ou luttes qu’ils ou elles connaissaient. Nous avons ainsi glané une vingtaine d’autres dynamiques collectives autogérées intéressantes. C’était expérimental, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y avait des personnes intéressées !
Évidemment, une carte, ce n’est qu’un outil, et il faut avant tout des occasions concrètes de se rencontrer et d’entretenir le lien social. Celle que l’on a commencé à créer nous semblerait utile pour orienter celles et ceux qui, comme nous, viennent de se poser sur le Plateau et veulent savoir ce qui s’y passe, afin de pouvoir rejoindre les dynamiques collectives.
La carte n’est pas numérisée, c’est seulement un support physique : cela nous a permis jusque-là de garder un œil sur qui y a accès. Elle n’a pas pour but de recenser toutes les activités qui existent (ce serait du fichage et il y en a déjà assez) mais seulement les activités déjà publiques (journaux, tracts, etc.) ou dont les membres souhaitent y être représentés. À terme, on pourrait s’en servir sur des stands lors des événements, des rencontres d’été du Syndicat de la Montagne limousine, la mettre à disposition des personnes exilées, etc.
Ce travail n’a de sens que s’il s’intègre et sert aux dynamiques actuelles. On imaginait en effet que le groupe Accueil, le groupe Soin, la future Provision Commune, des utilisateur.ices du Crieur public, etc., pourraient s’emparer de cet outil pour être plus lisibles, mieux accueillir et se renforcer, et bien-sûr définir ensemble les conditions d’utilisation et d’animation de la carte. Cependant, si elle n’est pas mise à jour ou rediscutée périodiquement, la carte peut rapidement devenir obsolète. Elle peut devenir un outil d’organisation collective seulement si un ensemble de personnes s’en saisissent et la font vivre dans des espaces collectifs et accessibles. Nous, ça nous motive, et vous ?
Si vous êtes intéressé.e.s par ce projet,