Entre ces deux coursiers, bons régionaux, il y a de nombreux éléments de rapprochement :
- leurs patronymes, très proches, au point qu’ils ont souvent été confondus dans les articles de la presse régionale,
- leur origine polonaise,
- la période où ils ont couru : les années 50 et le début des années 60.
Pour ne pas les confondre, il faut surtout noter que Daniel a toujours été licencié à Périgueux (Pédale Faidherbe puis CCP) alors que Simon a effectué toute sa carrière au VC Aubusson.
Débutant en 1952 à la Pédale Faidherbe, Daniel éclate vraiment en 1954, où il gagne notamment à Hautefort et aux 3 Cerisiers. En 1955, il se classe plus de vingt fois dans les dix premiers, avec des victoires à St Médard d’Excideuil, Excideuil et Ste Aulaye. En 1956, il atteint le meilleur niveau régional ; il se distingue par une 8e place au championnat du Limousin, disputé à Périgueux sur un parcours de 170 km qui voit Yves Gourd (AS Eymet) l’emporter.
En 1957, Daniel, 1er à Terrasson et Cherveix-Cubas, obtient la 2e place au Prix Charles Clément à Limoges, derrière Émile Delmas de Sarlat. 1958 est encore un bon cru, avec une 2e place au Prix de la Victoire à Brive, derrière René Dufour et une 3e place au Prix Charles Clément. En 1959, il termine 2e du Tour de la Corrèze, devancé par le méridional Gilbert Salvador ; Jean Dotto termine 8e. Après 1960, sa carrière va se terminer progressivement.
En résumé un beau parcours, marqué par de nombreuses victoires, encore plus de places d’honneur et des résultats probants, en particulier face aux professionnels.
Simon, né en 1936, a eu beaucoup de mérite, car il a mené sa carrière sportive malgré l’énorme travail qu’il avait à assurer à la ferme familiale puis dans la sienne propre. Sans appui dans sa famille, il trouva heureusement des soutiens dans son club du VC Aubusson, et particulièrement auprès de son président René Adenis.
Ayant commencé à courir dans quelques épreuves dés 1950, il apparaît sur le devant de la scène en 1954 avec sa victoire au 1er Pas Dunlop départemental puis régional. C’était l’officieux championnat de France des débutants, réservé aux coureurs de 17 ans. Aujourd’hui, Simon confesse qu’il aurait dû être mis hors course, car il allait avoir 18 ans dans l’année, et il était toujours de nationalité polonaise ! Cette même année, il l’emporte à Glénic et Villosanges. En 1955, il gagne à Magnat l’Étrange (où il s’imposera à quatre reprises), à St Chabras, St Fiel, Lavaveix les Mines et Anzème. Il termine 2e du Prix Roger Auclair (épreuve contre la montre à Guéret) derrière Besnard, et également avec le VCA, 2e du championnat du Limousin des sociétés (avec Roffet et Novacek) derrière l’UVL mais devant le CRCL, le VC Arédien et le CC Lindois.
En 1956, bien que classé en 1er catégorie, il s’impose à 7 reprises et multiplie les places d’honneur. C’est l’année où il gagne à Mérinchal devant Raymond Poulidor, qui casse sa pédale dans le sprint et évite de justesse une chute grave grâce à un spectateur très réactif. 1957 est du même niveau, avec notamment une 9e place dans un très dur championnat du Limousin à Brive, remporté par le bergeracois Dory. Pour des raisons professionnelles, les travaux à la ferme étant à la fois chronophages et source de fatigue, ses résultats s’espacent ensuite. Il refait une belle saison en 1963 et termine en 1964. Cette dernière année, à Bellegarde-en-Marche, il remporte toutes les primes et se classe finalement 6e ; il avait besoin d’argent pour payer ses cotisations à la MSA ! Les résultats de Simon et sa profession le rapprochent de Raymond Poulidor né lui aussi en 1936. Mais, alors que Raymond a très vite voulu échapper à la ferme, Simon, qui a été un éleveur reconnu pour la qualité de son travail, a fait passer la ferme avant le vélo.
Jean-François Pressicaud