Les visages sont des lieux
la tête dans les épaules
l’apparence est une vérité
Les mémoires pleurent
la morsure des silences
les visages sont des lieux
Les volets se ferment
au passage des grues
le boulanger ne s’arrête plus
Les fenêtres s’endorment
sous les toiles d’araignée
l’ombre frissonne
Les lieux sont des visages
des jardins fragiles
dans le confins des encres.
Elle vient lire ici les jours de soleil. Elle n’a jamais de livre avec elle. Elle lit sur les feuilles des arbres. Elle dit que chaque feuille raconte et que quand il y a du vent les personnages s’enlacent, s’embrassent. Alors, elle se hâte dans la tendresse des chapitres.
Hier, il y avait cet homme sur le banc. Ils ont lu ensemble en confondant leurs yeux aux couleurs jusqu’au dénouement d’un baiser.
Un jour, il n’y aura plus de feuille aux arbres, ni de mot baiser, ni d’histoire. Sur le banc restera un mot gravé dans le bois dénudé.
Textes et photos Cécile Ossant