Certaines communes ont organisé des épreuves presque chaque année alors que d’autres ont eu des rendez-vous plus espacés avec les amateurs de vélo. Les communes les plus fidèles au cyclisme sont Saint-Privat (36 éditions de 1957 à 2009) et Beaulieu-sur-Dordogne (34 compétitions de 1952 à 1997). Dans la suite du tableau se situent Camps (25 épreuves de 1960 à 2005, avec une éclipse entre 1976 et 1993) et Rilhac-Xaintrie (22 éditions de 1957 à 1992). Vient ensuite Saint-Cirgues-la-Loutre avec 15 épreuves de 1957 à 1999. Servières-le-Château et Goulles font moins bien avec respectivement 13 éditions (de 1954 à 1978) et 11 (de 1952 à 1979). Dans la catégorie des courses rares, on compte Darazac (9 éditions), Auriac, Mercœur et Sexcles (8) et Saint-Julien-aux-Bois (4). Saint-Geniez-Ô-Merle ferme la marche avec 2 épreuves seulement en 1981 et 1982. La plupart des compétitions avaient lieu pendant les mois d’été, principalement au mois d’août. D’abord parce que les dates correspondent aux fêtes patronales dans ces communes. Mais cela permet aussi d’avoir au départ des courses des concurrents de toute la France, particulièrement de la région parisienne, qui profitent de leurs vacances pour participer aux belles épreuves de la Xaintrie. De nombreux coureurs viennent néanmoins des clubs organisateurs : UC Brive et VC Tulle. Beaucoup d’autres sont licenciés dans les clubs des département limitrophes : Cantal et Lot.
Dans les années 1950, et encore dans les années 1960, les concurrents parcouraient de longues boucles qui les éloignaient du lieu de départ. Ainsi, à Darazac, jusqu’en 1973, la course empruntait trois boucles de 25 km. Ensuite, l’augmentation de la circulation automobile, les difficultés d’organisation (liées à la sécurité) et le souci de permettre aux spectateurs de suivre le déroulement de la course ont conduit à raccourcir les circuits. Ce sont généralement des « tourniquets » (petites boucles à couvrir de nombreuses fois, dans le jargon cycliste) qui sont proposés aux coureurs. Ainsi, à Beaulieu-sur-Dordogne, on passe dès 1962 aux 100 tours de la vieille ville (80 km au total). À Saint-Privat, on passe à partir de 1965 à un circuit de 3,8 km à parcourir 20 fois.
La plupart des courses de Xaintrie sont ouvertes aux 3e et 4e catégories, ou catégories B et C, ou série régionale, selon la dénomination du moment. Les coureurs de l’élite, 1e catégorie ou série nationale, n’ont été admis que dans les années 1950 et 1960. Ainsi, à Beaulieu, les 1e catégorie ont droit de cité jusqu’en 1969, à Saint-Privat aussi. Argentat fait exception avec 6 éditions sur 7 ouvertes aux 1e catégorie, ce qui donne un palmarès prestigieux : Georges Gay en 1953 (Trèfle argentais, 145 km, qualificatif pour le championnat du Limousin), Jean Rioux en 1962, Yves Nicolas en 1979, coureurs qui s’imposent avant Fernand Farges et Claude Aigueparses en 1980 et 1981.
Les courses de série régionale, largement majoritaires, ne sont pas inintéressantes. Elles donnent l’occasion à des débutants doués d’acquérir de l’expérience dans la compétition et de prendre conscience de leurs qualités. Alain De Carvalho, Jean Luc Masdupuy, David Moncoutié et Sylvain Georges, sont tous devenus professionnels après avoir gagné en Xaintrie à leurs débuts. Les courses régionales sont aussi l’occasion pour ceux qui subissent le déclin dû à l’âge, de continuer la compétition à un niveau inférieur. François Douhet et Christian Magimel en sont l’illustration. Au palmarès des différentes courses de la Xaintrie, on relève de nombreux vainqueurs appartenant à des clubs extérieurs au Limousin : les Cantalous, Lotois et Parisiens. Chez les Limousins, des noms reviennent souvent : dans les années 1950, Jean Marie Bouzou (UC Brive) et Jean Rioux (VC Tulle). Dans les décennies suivantes, les frères Boyer, les Sarladais du VC Tulle, ont fait une ample moisson de places d’honneur et de victoires. Christian Boubert (VC Tulle, puis UC Brive) s’est pour sa part illustré dans les années 1970 et 1980.
Beaucoup d’autres remarques concernant ces courses de Xaintrie seraient sans doute pertinentes, mais elles déborderaient des limites de cette chronique. Ce qui doit être retenu, c’est la vitalité et la popularité du cyclisme dans les campagnes des années1950 au début des années 2000. La Xaintrie en est un excellent exemple, mais beaucoup d’autres petites régions du Limousin (ou de la Dordogne) pourraient en attester.
Jean-François Pressicaud