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Chroniques d'exils : Mayotte, le cyclone n’est pas responsable de tout ce qui ne va pas

Date
samedi 1 mars 2025 14:33
Numéro de journal
90
Auteur(s)
Dominique Weber-Alasseur
Visite(s)
32 visite(s)

Lorsqu’en 1974 l’archipel des Comores, situé entre Madagascar et la côte africaine, se prononce sur son indépendance, seule Mayotte après plusieurs années d’affrontements entre indépendantistes et sécessionnistes opte pour le rattachement à la France. Si le vote de Mayotte tient à son histoire particulière au sein de l’archipel, il est aussi dû aux fortes pressions d’une (très à) droite française impérialiste. La France opte pour le rattachement. Cette décision n’a jamais été reconnue ni par l’État comorien ni par l’ONU...

 

mayotte

 

Collectivité d’outre-mer à statut particulier

À Mayotte, pendant plusieurs dizaines d’années, cohabitent des administrateurs blancs, des « métros » vivant entre eux dans des quartiers protégés par des murs et un gardien, et une petite élite locale. Le reste de la population, majoritairement musulmane, est pauvre et peu scolarisée. Elle parle le shimaore et maîtrise très mal le français. Selon la tradition coloniale, la législation est un mix de droit français et de droit coutumier exercé par les Cadi (chefs religieux). Ceux-ci sont juges de paix, gèrent le cadastre et l’état civil. Les terres étaient cultivées collectivement. La France investit un peu...
L’archipel des Comores forme une entité géographique, culturelle, religieuse, de langue et de coutumes. Les Comoriens ont toujours circulé entre les îles pour le mariage ou le travail. Le vote de 1974 a créé une frontière entre les Comores et Mayotte et le frère, le cousin sont devenus étrangers, ennemis et envahisseurs car Mayotte, en dépit de sa pauvreté est plus riche et donc attractive. En 1995 la France instaure un visa pour les Comoriens se rendant à Mayotte avec pour résultat l’arrêt de cette migration pendulaire. Les personnes présentes à Mayotte y restent bloquées faute de pouvoir y revenir plus tard et deviennent sans papiers. Des filières clandestines se créent, les nantis étant toujours contents de pouvoir employer leur nounou ou leur jardinier à bas prix. Les Comoriens meurent en mer.

 

Départementalisation

En 2011, Mayotte devient département. La haute administration et le personnel qualifié viennent de la métropole. Ils vivent entre eux dans la pure tradition coloniale. La mise en place des règles de l’État de droit est rude : mise en place d’un état civil et changement des noms, mise en place d’un cadastre (spoliant au passage des paysans peu instruits et mal informés), nécessité de permis de construire pour sa maison, de s’inscrire sur un registre et d’avoir un diplôme pour les artisans, interdiction du voile à l’école...

Une bonne partie de sa population parle mal français. Sa population est jeune ; beaucoup sont sortis de l’école sans diplômes. À Mayotte, toutes les administrations sont défaillantes, l’école, la santé, l’aide à l’enfance… Peu attractive pour les fonctionnaires, ceux-ci n'y restent que peu de temps.
Mayotte est le département le plus pauvre de France et la corruption y règne. Les aides sociales sont très inférieures à celles de la métropole (la moitié pour le RSA) alors que la vie y est chère car beaucoup de denrées sont importées. Les écoles sont surpeuplées et souvent l’enseignement se fait par demi-journée du fait de la surcharge des classes. L’offre de soins est elle aussi sous-développée (les cas graves sont envoyés à la Réunion). Il n’y a pas de transports en commun, l’eau et l’électricité sont régulièrement coupées et il semble qu’il n’est pas possible de faire des travaux du fait du manque d’entreprises suffisamment équipées et de crédits. Par crainte de « submersion migratoire » l’État investit à minima à Mayotte et les Mahorais émigrent. Avec la départementalisation les Mahorais pensaient être de vrais Français dotés de droit identiques. Il n’en est rien, et les étrangers, en dépit des liens familiaux et de la proximité de culture (car les Mahorais sont aussi comoriens), sont désignés responsables de tous les maux.

 

Etrangers : un « droit » dérogatoire sur fond d’hostilité de la population

À Mayotte, le droit des étrangers est différent de celui appliqué en France. Il y a une forte immigration et beaucoup de personnes sont en situation irrégulière. Ils peuplent les bidonvilles. Au sein d’une même famille on trouve aussi des personnes en situation régulière et des Mahorais (donc des Français). De nombreux enfants ne sont pas scolarisés, car les mairies refusent de les inscrire alors que l’école est obligatoire pour tout enfant résidant en France. Il n’y a pas d’aide médicale d'État. Les autorités organisent rafles et décasages. Les expulsions sont massives, et tellement rapides qu’il est impossible de faire un recours. L’État expulse, au mépris de leurs droits, mineurs isolés, parents d’enfants français, voire des Français.
La population organise des actions commando devant les écoles et les lieux de soin, et face aux décasages sauvages, agresse les associations d’aide aux étrangers. C’est suite à ce type d’actions que le service étrangers de la préfecture est fermé et qu’il est impossible de renouveler un titre de séjour, les personnes devenant ainsi sans papiers. Au total, il y a beaucoup de violence de part et d’autre et de délinquance souvent exercée par des bandes d’ados tous statuts confondus. Les discours xénophobes de l’extrême droite, qui a des députés élus, et du Gouvernement alimentent la violence.
Un rapport du Défenseur des droits de 2020, notait, outre les manquements aux droits dans maints domaines, que « la crainte que les services publics mahorais ne puissent pas absorber le flux [..] d’étrangers arrivant sur l’île occulte une réalité des mouvements migratoires régionaux bien plus complexe. La surreprésentation des étrangers à Mayotte n’est pas seulement due à la « pression migratoire » que subit l’île mais également à l’émigration massive qu’elle connaît par ailleurs : la dureté des conditions de vie entraîne le départ de nombreux Mahorais vers la Réunion ou la métropole. Selon [..] l’INSEE, [..] l’accroissement démographique de l’île est principalement dû à un solde naturel positif, le solde migratoire étant quant à lui relativement faible, quand il n’est pas négatif. Pour beaucoup, les étrangers qui résident à Mayotte y sont en effet établis de longue date, quand ils n’y sont pas tout simplement nés. » En 2023, un bébé sur deux a au moins un de ses parents français. Monsieur Retailleau va-t-il aussi restreindre le droit du sang ?

 

Dominique Weber-Alasseur

Source : Rémi Carayol, Mayotte département colonie, éditions La Fabrique, 2024.
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    Chronique d'exil
  • émigration | corruption | pauvreté | Mayotte | chronique d'exil
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
Journal d'information et de débat du plateau de Millevaches - Publication papier trimestrielle.

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