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Chroniques d'exils : Histoire d’OQTF (1), d’assignation à résidence et de mobilisations 

Date
dimanche 1 juin 2025 15:48
Numéro de journal
91
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oqtfC’est l’histoire d’un comité de soutien aux personnes migrantes, « Creuse Solidarités » (2), créé à l’été 2024 suite à la menace d’expulsion de 5 mères sans papiers seules avec leurs enfants (cf IPNS n°88), regroupant associations, collectifs, citoyens et citoyennes pensant que toute personne souhaitant vivre en paix sur notre territoire est la bienvenue, qu’humanité et solidarité doivent passer avant chiffres ou lois inhumaines, et que la diversité est une chance.
À l’origine de rassemblements hebdomadaires l’été dernier devant la préfecture pour protester contre ces expulsions, il a repris ces rassemblements depuis avril, en soutien aux personnes visées par des OQTF.

C’est l’histoire d’un ministre qui veut expulser toujours plus, et régulariser toujours moins, restreindre l’accès à la naturalisation tout en proclamant que les personnes doivent s’intégrer !

C’est l’histoire d’une décision préfectorale idiote, incompréhensible et incomprise, absurde dans un département si peu peuplé où des écoles ferment, où agriculteurs et autres employeurs peinent à trouver des salariés, qui brise celles et ceux qui participent à faire vivre un territoire en mal d’attractivité et de développement.

C’est l’histoire des incohérences entre la surenchère anti-immigration qui tient lieu de politique migratoire et la réalité d’un territoire.

C’est l’histoire d’une obstination préfectorale qui s’estime liée par des décisions qu’elle avait la liberté de ne pas prendre et qui a besoin que ce soit le tribunal qui lui rappelle qu’elle est libre de revenir dessus.

C’est l’histoire de Manssour, qui a résonné bien au-delà des frontières de la Creuse, ayant fui la Mauritanie où il était éleveur, à qui l’asile a été refusé, et qui a demandé sa régularisation au titre des métiers en tension parce qu’il cochait toutes les cases prévues par la dernière loi : salarié agricole en CDI depuis plus de 2 ans, dont le travail contribue à nourrir particuliers et collectivités. Au lieu d’obtenir le titre sollicité, il s’est vu assigné à résidence en vue d’une expulsion vers un pays où plus personne ne l’attend.

C’est l’histoire de son village, Mazeimart, dont toute la population a réclamé sa régularisation, montrant à quel point il était « intégré » et apprécié.

C’est l’histoire d’un maire, celui de Maisonnisses, commune labellisée « village d’avenir », qui a vu Manssour à la bibliothèque, au foot, aux commémorations honorer la mémoire du pays, et qui se demande à quoi bon être aidé pour redynamiser des villages si on expulse ceux qui participent à faire vivre la terre et l’économie locale.

C’est l’histoire des 3 fermes où Manssour travaille, où on transforme et fait de la vente directe, inscrites dans le plan alimentaire territorial et aidées pour cela, qui ont souvent cherché en vain une main d’œuvre qualifiée et qu’on prive de leur salarié.

C’est l’histoire de tous ces mineurs isolés qu’on rejette à la rue, à Guéret, à Limoges, à Tulle, parce qu’à l’issue d’un entretien partial et bâclé on n’a pas reconnu leur minorité, parce qu’ils auraient un peu trop de poil au menton, qu’ils seraient un peu trop matures ou un peu trop grands,...

C’est l’histoire de Maia, venue de Géorgie avec sa fille et son frère lourdement handicapé, sous le coup d’une OQTF, assignée à résidence avec pointage quotidien au commissariat de Guéret.

C’est l’histoire de toutes ces personnes qui ne souhaitent pas médiatiser leur histoire, soumises à pointage quotidien, que la préfecture s’acharne à vouloir éloigner de notre territoire alors qu’elles s’y sont reconstruit une vie après l’avoir souvent risquée dans des voyages périlleux, qu’elles y travaillent ou étudient, qu’elles y sont accueillies et souhaitent y rester durablement.

C’est l’histoire de gens qui n’ont toujours pas compris que toutes ces personnes sont déjà creusoises, que nous leur avons déjà fait une place et que la place ici ne manque pas.

C’est l’histoire de ces décisions de justice qui ont annulé des expulsions ou, comme pour Manssour, suspendu les effets d’une OQTF et imposé à la préfecture de réexaminer sa situation, ouvrant la voie à sa régularisation.

C’est l’histoire d’un pays dont les autorités s’écartent chaque jour davantage de ce qui fait une civilisation, des valeurs de la République et de l’état de droit.

Mais c’est aussi l’histoire d’une solidarité qui se manifeste chaque semaine devant la préfecture, ainsi que chaque jour, par des actes de réconfort, d’aide, de soutien matériel ou psychologique et qui n’aura de cesse de démontrer que nous sommes nombreux et nombreuses à souhaiter que l’accueil soit la règle et non pas l’exception.

* * * * *

(1) OQTF : obligation de quitter le territoire français, mesure administrative accompagnant les refus de séjour ou le constat d’un séjour irrégulier.
(2) Creuse Solidarités (à qui nous avons largement emprunté pour cette chronique) :
https://creusesolidarites.wordpress.com/
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
Journal d'information et de débat du plateau de Millevaches - Publication papier trimestrielle.

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