Créé en 1990, le règlement Dublin devait éviter le renvoi de réfugiés d’un État à un autre de l'Union européenne (UE) sans qu’aucun ne se reconnaisse compétent, ainsi que les demandes multiples présentées par une personne dans plusieurs États. Ceci considérant que les demandes d'asile ont un égal traitement dans l'UE. Ainsi la responsabilité de l'accueil revient à l'État d'entrée du réfugié. Cette procédure facultative était peu utilisée. Elle est aujourd'hui appliquée systématiquement à la demande du gouvernement.
Le nombre de transferts de Dublinés aurait déjà doublé en 2017 avec des résultats désastreux :
Sur la Montagne limousine, les personnes dublinées sont très stressées par cette procédure. Comment se reconstruire, créer des liens, apprendre le français avec la crainte d'un transfert ? Après plusieurs mois d'attente en CAO, environ 10 % des Dublinés sont transférés au Pradha de Limoges ou en centre de rétention avant leur expulsion, en Italie le plus souvent.
“A l'arrivée à l'aéroport on me dit que si je reste en Italie je ne serais ni logé ni nourri. “
“Je n'ai pas pu déposer de demande d'asile, on m'a ordonné de quitter l'Italie sous 7 jours. “
“ J'ai été menotté pour rejoindre la frontière italienne.“
“La police italienne m'interpelle dans le métro à Gênes, je suis détenu avec 5 autres personnes dans une maison, il n'y a ni matelas, ni toilettes, nous sommes comme des chiens. On me dit que je ne pourrais en sortir sans donner mes empreintes. Je veux pouvoir demander l'asile en France mais après 6 heures sous pression je céde. “
“Renvoyé en Italie je dors dans une gare, la police me menotte et me dit de partir sinon on me renvoit au Soudan. “
L'État français veut durcir cette procédure et prépare Dublin IV. Refuser un transfert, de donner ses empreintes, revenir en France après un transfert... seront considérés comme une “fuite“ ou un “risque de fuite“ et les personnes pourront être enfermées. Par ailleurs, le projet de loi de finances 2018 évoque la création, près des aéroports, de centres d'assignation à résidence pour les Dublinés. Quels résultats aurait une autre stratégie ? Quel est l'intérêt humain et économique de transférer des personnes à l'intérieur de l'Europe ? Quelle est le coût de l'enfermement des exilés ? Combien de malades et de morts à cause de ce système traumatisant ?
En 2017, les 100 500 demandes d'asile représentent 0,15 % de la population française. Protéger et accueillir dignement ces êtres humains est-il si utopique pour la cinquième puissance mondiale ?
Cimade Eymoutiers :