“Y a-t’il une échappée ou des échappés ?“ Telle est habituellement la première interrogation d’un spectateur arrivant sur une course cycliste. L’échappée (un ou plusieurs cyclistes détachés à l’avant de la course) ne peut exister que par référence au peloton, qui est la manifestation la plus emblématique de la compétition cycliste. Le peloton, sorte d’organisme vivant, à la fois collectif et composé d’individus, évoque un vol d’étourneaux, un banc de poissons ou une colonie de fourmis. Il combine une plasticité remarquable (peloton en file indienne, ou formant des bordures, ou déployé sur toute la largeur de la route,…) et une aptitude à conserver groupés les éléments qui le composent. Cette force d’agrégation s’explique par l’aspiration générée par le groupe, qui permet que chaque membre dépense pour sa progression beaucoup moins d’énergie que s’il roulait seul, ou même en groupe restreint.
Deux catégories de coureurs font exception à ce comportement grégaire :
Il y a toutes sortes d’échappées : les échappées solitaires, et celles en petits groupes ; les échappées bidon : celles qui partent bizarrement, bénéficient de l’apathie du peloton, et assurent à ceux qui les composent un avantage très important sur les favoris ; les échappées au long cours, caractérisées par leur longueur ; les matinales et les tardives, les décisives. Les coureurs entre eux, parlent de “la bonne“ , c’est celle qui va “au bout“, c’est à dire jusqu’à l’arrivée.
Parmi les coureurs, on rencontre des tempéraments très divers : ceux qui attaquent tout le temps, cherchent obstinément à s’échapper du peloton même si le parcours ou les circonstances ne s’y prêtent pas ; ils ont tendance à gaspiller leurs forces et sont souvent incapables d’aller dans l’échappée décisive, même s’ils sont intrinséquement les plus forts ;
Dans les compétitions régionales, les échappées sont souvent favorisées par les primes distribuées sur le parcours (en haut des côtes ou au passage sur la ligne d’arrivée pour les courses en circuit) : après avoir sprinté pour une prime, des coureurs poursuivent leur effort et se détachent du peloton, ou bien ils s’échappent quelques kilométres avant la ligne de primes pour l’emporter plus sûrement.
Dans les compétitions professionnelles ou celles des amateurs de haut niveau, sur les parcours non montagneux, les échappées réussissent beaucoup plus rarement qu’autrefois : les compétiteurs sont tous bien préparés et de valeur sensiblement égale, la discipline d’équipe de plus en plus stricte et l’utilisation des oreillettes favorisent les sprints massifs.
Souhaitons que les échappées de toutes sortes continuent à se développer sur les compétitions cyclistes, car ce sont elles qui rendent la course palpitante et passionante.