Voici un autre exemple récent : un atelier d’écriture pour les migrants intitulé “Les Mille lieux”. Durant l’automne 2017, jusqu’en janvier dernier, Viviane Sanchez, de Saint-Pierre-Bellevue, dite “Via“ comme écrivaine, a organisé toutes les semaines des rencontres, destinées à la mise en commun de divers imaginaires. Cet atelier itinérant, d’Eymoutiers à Royère-de-Vassivière, en passant par Faux-la-Montagne, a réuni 9 personnes : 3 hommes, 4 femmes et 2 jeunes filles (11 et 13 ans). L’aboutissement a été un conte - “Sakaki-Khun et le pays des mille lieux”, dont nous vous proposons ici un extrait. Il se situe dans l’imaginaire du merveilleux, que les influences des pays d’origine (Albanie, Afghanistan, Mali, Nigéria) ont permis d’enrichir. Un spectacle, auquel était associée Chloé Lefèvre (association “Courgettolivres”), relieuse d’art, a été présenté le 23 janvier à la médiathèque de Royère. Le tout suivi d’un buffet des “Mille goûts” préparé par les participants à l’atelier. Un objectif ambitieux, au résultat très réussi. S’il s’agissait bien d’évoquer “mille lieux“, ce travail n’était pas à mille lieues d’ici, mais bien sur notre Plateau. Une manière de dire “Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre“, en Millevaches non plus.
“Il était une fois, il y a un millier d’années, un jeune homme aux cheveux longs et roux qui brillaient au soleil comme de l’or. Il vivait dans le ciel. Son regard avait une lueur intense, ses yeux joyeux couleur du jade illuminaient son visage. C’était Sakaki-Khun le prince du ciel.
Sakaki-Khun se déplaçait sur son tapis volant. Il voyageait et parcourait le ciel en tous sens, en tous lieux. Le ciel lui appartenait sans frontière. Sa vie se passait parfois sous les nuages, parfois dans le grand bleu de l’azur, parfois naviguant dans le vent. La nuit, il avait pour amis les étoiles et la lune, et le jour, les zéphyrs et les grands oiseaux de passage. Il voyageait ainsi à sa guise choisissant les vents, les courants d’air, les gros stratus et les petits nimbus.
Il était aimé car il souriait tout le temps et il aimait tout le monde. Ses préférences allaient à Azul, l’azur, à Nour, la lumière et à Luna, la lune. Celui dont il était le plus aimé, c’était Sol, le soleil. Sol était le père de Sakaki-Khun. Sol aimait Sakaki-Khun car il était l’enfant de l’amour que Sol portait à Ponita, la belle licorne couleur d’argent. Ponita vivait elle aussi dans le ciel. Deux ailes ornaient son dos en plus de la corne précieuse qu’elle portait au milieu du front. Ponita était la mère de Sakaki-Khun.
Sakaki-Khun était très fier de son tapis volant. Ô il était si beau ! C’étaient les trois fées, Azul, Nour et Luna, ses marraines, qui l’avaient confectionné. Un tissage de fils chatoyants couleur de l’arc en ciel, un drapé d’étoffes damassées et un assemblage de somptueuses soieries. Des longues franges, épaisses se balançaient à l’avant et à l’arrière du tapis et lui servaient de gouvernail. Ce travail avait pris sept ans de la vie des trois fées. C’était un vaisseau splendide, confortable et solide en même temps, digne du prince du ciel. Notre ami vivait donc sans souci, libre et heureux..."