La compétition cycliste est souvent une tradition familiale, une culture qui se transmet de père en fils ou entre frères et sœurs. Si, aux niveaux national et international, les fratries célèbres sont nombreuses, comme les frères Pelissier (années 20 et 30), en Limousin aussi de nombreuses fratries se sont illustrées.
On pense particulièrement aux frères Tomblaine (Michel et Georges), des jumeaux qui écumèrent les courses régionales dans les années 50, par exemple, ils terminent aux deux premières places en 1952 à Egletons et en 1955 à Bourganeuf, ils profitèrent de leur ressemblance quasi parfaite pour tromper la vigilance des autres concurrents. Parmi les fratries plus fournies, deux retiennent plus particulièrement l’attention : les Contarin et les Dutertre.
Valentin, Dominique, Attilio et Marino Contarin, de la Châtre, ont été omniprésents sur les routes limousines des années 40 jusqu’à la fin des années 50. Comme indépendants (catégorie intermédiaire entre les professionnels et les amateurs), ils ont brillé dans de nombreux critériums avec les pros, par exemple à Bonnat en 1951 : 1er Marino, 2éme Attilio. Dans la famille, le cyclisme était vraiment une tradition : les enfants de Valentin, Christian et Mireille, ont pour leur part mené une belle carrière amateur dans les années 70 – 80.
Les Dutertre, originaires de St Martial de Volette, près de Nontron, sont cinq. Daniel, Guy, Gérard, Michel et Patrick, nés respectivement en 1946, 47 48 49 et 55, ont brillé sur les routes du Limousin et de l’Aquitaine des années 60 aux années 80. Daniel et Guy ont atteint la 1ére catégorie F.F.C. Ils ont aussi couru, à la FSGT (fédération affinitaire) et collectionné les premières places dans les compétitions ordinaires et les championnats. Aussi, en 1980, au sein de la FSGT, ils obtiennent 30 bouquets à eux cinq, dont 10 pour Daniel. Au championnat de Guyenne à Paillet (Gironde), ils trustent les 3 premières places (Daniel 1er, Guy 2éme, Patrick 3éme) et s’emparent également avec le CC Nontron.
Pour compléter le tableau, nous pouvons évoquer deux trios : les frères Empinet dans la région de Brive, et les Poulidor aux alentours de St Léonard de Noblat.
Les Empinet : Gilbert, l’aîné, qui a débuté la compétition en 1951, est rapidement suivi par Michel (1953), et par Jean-Paul (1954). À eux trois, ils jouent les premiers rôles dans les épreuves du bassin de Brive et plus largement de la Dordogne et du Limousin. Parmi leurs nombreuses victoires, on peut relever, pour Gilbert le Vigenal (à Limoges) en 1954, pour Michel, Excideuil et Cassepierre en 1962 et pour Jean-Paul le Martini de Brive la même année. Ils ont principalement couru sous les couleurs de l’UC Brive, du VC Lardinois et du CC Lindois.
Les Poulidor : André, né en 1931, Henri en 34 et Raymond en 36, forment eux aussi un fameux trio, même s’ils n’ont que rarement couru les trois ensemble. André, le plus âgé, qui a donné le goût du vélo à ses frères, a mené, comme amateur, une carrière longue (jusqu’à 45 ans) malgré une activité professionnelle contraignante, Henri, que beaucoup jugent le plus doué des 3, mais pas le plus persévérant, a été un bon 1ére catégorie FFC, notamment en 1959 lorsqu’il était à l’AC Creusoise avec Raymond de retour du service militaire. Raymond, enfin, qui dès 1956 rivalisait avec les professionnels au Bol d’Or des Monédières et dans de nombreux autres critériums. Il passa professionnel en 1960, après avoir remporté en 1959 le titre de champion du Limousin à St Laurent-sur-Gorre. La suite est beaucoup plus connue, depuis Milan-San-Rémo et le championnat de France en 1961 jusqu’à son dernier Tour de France en 1976 (3éme et 1er français).
Né en 1931 à Vayres les Roses (87), et décédé en 2013 dans cette même commune, Eugéne Fourgeaud mérite de figurer dans cette rubrique pour ses qualités propres et sa brillante carrière, mais aussi comme exemple de coureur régional relevant de la catégorie des “indépendants“, ceux qui avaient le droit de courir avec les pros aussi bien qu'avec les amateurs. Cette catégorie de coureurs n'allait guère participer aux grandes courses nationales, et ils sortaient rarement de leur région, mais ils étaient de redoutables adversaires pour les professionnels qui venaient participer aux critériums du Limousin, et y gagner de l'argent. Ainsi, Eugène Fourgeaud, qui a débuté la compétition en 1949, a remporté, devant les professionnels, des courses aussi importantes que le Prix de la Renaissance à Oradour sur Glane en 1956 et 1958, le Prix de Panazol en 1958 et 1960, le Prix de Paulhoc en 1952 et 55, Egletons en 1957 et les Boucles de la Gartempe en 1956. Il fut en outre champion du Poitou des indépendants en 1958 et 1959 (il fut licencié, de 1956 à 1963, au club charentais de Mansle). En 1965, la catégorie des indépendants sera supprimée, et le déclin des critériums ne tardera pas.