Après l’élection du nouveau président, la guerre civile a éclaté. Menacé, battu, traqué, sa famille décimée, Gaston, soutien de l’ex-président déchu, a fui et a erré de pays en pays. À la fin de la guerre, Gaston a tenté le retour au pays, mais la guerre civile traverse les familles et son oncle, homme puissant, a remis la police à ses trousses. Il s’est caché et c’est là qu’il a rencontré Mariamne. Ce fut le coup de foudre ! Mais Gaston a dû fuir à nouveau et a demandé asile en France. À ce jour, il est en CADA et attend son recours CNDA. Mariamne et Gaston sont restés en lien. Mais l’oncle de Mariamne a voulu la marier contre son gré à un vieux. Alors Mariamne est partie à son tour, a traversé le désert jusqu’en Lybie où elle a été mise en prison. Une enfant est née suite aux viols subis. Après la naissance, elle a été libérée et c’est à ce moment qu’elle a contacté Gaston, abasourdi de recevoir un appel avec un indicatif inconnu. Mariamne a réussi à traverser l’eau jusqu’à l’Italie puis a rejoint Paris où il l’a récupérée. Gaston a annoncé à tous qu’il avait retrouvé son amoureuse et qu’il allait élever la petite comme sienne. Bien sûr, ils sont allés déclarer Bineta en mairie et elle porte le nom de Gaston. Actuellement quand on le croise il a toujours un vêtement d’enfant ou un jouet en main. Gaston a commencé à recueillir le récit de Mariamne en vue de la demande d’asile. Entre les éléments factuels terribles, des mots d’amour à chaque page.
Hélas la romance a viré au noir quand ils sont allés déposer la demande d’asile de Mariamne en préfecture ! Elle a laissé ses empreintes en Italie et elle a donc été placée en procédure Dublin.
Regain d’espoir : il existe un article qui permet la réunion de demandeurs d’asile d’une même famille au sein du même pays et c’est bien ce qu’ils sont : une famille ! Mariamne fait un courrier à la préfecture expliquant la situation, preuves à l’appui, pour déposer sa demande en France. En attendant, Mariamne, interdite de CADA de par sa situation administrative, est hébergée en centre d’urgence avec sa fille, Gaston vient les voir tous les jours, mais lui est interdit de dormir avec elle. Un mois après, la préfecture répond : arrêté de transfert et assignation à résidence. On découvre que Mariamne avait fait une demande d’asile en Italie, elle ne le savait pas. Effectivement, on lui a pris deux fois ses empreintes: à son arrivée et dans un centre d’hébergement. Quand Gaston lui avait demandé si elle avait fait une demande d’asile là-bas elle disait non : on ne lui a jamais demandé de raconter son histoire. Elle ne parle pas un mot d’italien et n’a rien compris à ce qui se passait. Une demande d’asile à l’insu de son plein grès donc.
48 h pour faire un recours, trouver un avocat. Le juge donne raison à la préfecture, parlant de “reconnaissance de paternité d’opportunité“. Mariamne est enceinte de Gaston, mais la “grossesse est trop récente“, il n’y a “pas de vie commune“, et pour cause, cela leur est interdit. L’avocate a fait appel, pense saisir le conseil d’état. La préfecture, diligente, a remis ses billets d’avion à Mariamne qui a refusé de signer. Moins de quatre mois se sont écoulés entre la réunion des amoureux et la remise des billets d’avion !
Situation inverse pour Aminata et Ahmed, ils ont un fils. Elle est en CADA, qui n’accueille pas de personnes en procédure Dublin. Quand Ahmed a été placé en procédure Dublin, ils ignoraient encore la grossesse. Il n’a fait une reconnaissance par anticipation (avant l’accouchement) que lors du recours, sur conseil de l’avocat. C’est donc “manifestement une reconnaissance frauduleuse“ selon la préfecture. Interdits de vie commune, iI fait les aller- retours pour voir Aminata et son fils. Il est au bout des procédures, à la rue, et n’est pas reparti en Italie.
Sans doute, pour les autorités “compétentes“, les exilés ne connaissent pas l’amour et ne font des enfants que pour les papiers. Pas de procédure dérogatoire donc. Et quel zèle à expulser !
Cimade Eymoutiers :
MAS Eymoutiers :
Cimade Peyrelevade :
MAS Peyrelevade :