Rien ne justifie la tuerie des blaireaux perpétrée depuis fin avril 2020 à La Nouaille en particulier et au niveau national plus généralement. C’est à l’insu de tous, la mairie n’a pas été avertie, l’ordre venant directement de la préfecture, que plusieurs blaireautières ont été vidées de leurs habitants... Ces animaux sensibles et sociaux sont accusés de tous les maux. Ces mensonges permettent aux chasseurs de les persécuter et de les massacrer jusque dans leurs terriers, qu’ils soient adultes ou juvéniles. Leur existence dans la nature n’est pourtant en rien un obstacle aux cultures. Les blaireaux sont d’ailleurs des animaux protégés en Angleterre, au Pays de Galles, ainsi qu’aux Pays-Bas, au Danemark, en Grèce et en Hongrie. La France fait exception en Europe. Même si le blaireau n’est plus considéré comme un nuisible depuis 1988, il continue d’être chassé. Appelé « vénerie sous terre », le déterrage consiste à lâcher des chiens pour acculer un blaireau au fond de son terrier puis de l’extirper à l’aide d’énormes pinces métalliques... Le blaireau endure de longues heures de stress avant d’être exécuté ou donné vivant aux chiens... C’est ce qui se passe en général, mais à La Nouaille, ils auraient peaufiné le massacre : les adultes auraient été éventrés puis enterrés, les petits enterrés vivants. La vénerie souterraine c’est déjà moche, là ça devient l’horreur. Le déterrage est pratiqué de la mi-septembre au 15 janvier, mais dans 74 départements français, sur simple volonté du préfet, il peut commencer dès le 15 mai, période où les blaireautins sont encore dépendants de leur mère et du groupe social. Chassé 9 mois et demi, le blaireau n’a aucun répit ! Pourquoi un tel acharnement ? Ce loisir sadique et moyenâgeux doit être banni. C’est la quintessence de l’horreur de la chasse. Le déterrage des blaireaux est un « loisir » cruel, déguisé en soi-disant chasse utile et nécessaire. Le blaireau est un animal inoffensif, à part quelques terriers, ils ne dérangent personne… sauf si les tueurs s’en prenaient à l’emblème du journal IPNS !
Selon l’arrêté ministériel pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement qui fixe les dispositions pour la période 2019-2022, fouines, corbeaux, corneilles, étourneaux, martres, renards, belettes, putois et bien d’autres encore ne sont désormais plus considérés comme des espèces « nuisibles », mais comme des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts ». Une nouvelle formulation astucieuse qui change tout pour ces animaux sauvages de nos contrées. Le glissement sémantique discret entamé l’année passée en évoquant désormais les espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » n’améliore pas le sort des animaux. Les associations de défense de l’environnement, aussi bien au niveau national que local, voient pourtant les choses d’un tout autre œil et dénoncent un acharnement contre les animaux sauvages qui figurent sur la liste. « Si l’on se fixe aux bilans de piégeage réalisés de 2015 à 2018, ce seraient plus de 2 millions d’animaux sauvages qui pourraient être à nouveau tués, piégés, déterrés d’ici le 30 juin 2022 ! », calcule l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) qui s’inquiète de ce massacre.
À Peyrat-le-Château, un nouveau métier apparaît : tueur à gages campagnard ! Un chasseur, devenu garde-chasse assermenté, est « sollicité » par les locaux pour abattre tous les renards contrevenants regardant un peu trop leurs poulettes. Rappelons que le garde-chasse peut chasser tous les jours et « réguler » à sa façon la biodiversité ! Vraiment je crois rêver ! De plus, on constate à de multiples reprises la pratique courante de déclarations mensongères des associations de chasse locales sur des soi-disant pertes de poules de poulaillers fictifs, de dégradations dans des cultures imaginaires, justifiant ainsi l’autorisation de la préfecture pour continuer la décimation des renards et d’autres « nuisibles ». Pour quel motif ? Le plaisir de tirer, tirer toujours plus ? Le renard est utile à la régulation des rongeurs et la population des rongeurs ne sera jamais trop importante car ils s’auto-régulent eux-mêmes en fonction de la disponibilité de la nourriture. Alors pas de renard ? Les rongeurs pullulent dans les champs, alors la solution miracle : la bromadiolone, puissant pesticide mais qui n’atteint pas seulement le campagnol terrestre. Lorsqu’elle est épandue sur de vastes surfaces, son usage s’avère catastrophique puisqu’elle tue également les prédateurs naturels des campagnols (rapaces : 22 cadavres de milans royaux dans le Puy-de-Dôme, hermines, renards), les oiseaux granivores, la faune chassable (sangliers, chevreuils, lièvres) et les animaux domestiques (chats et chiens). Dans les années 1980-1990, l’emploi massif de la bromadiolone avait provoqué un déclin de 80 % de la population de milans royaux dans le Doubs. Et pour continuer dans la bêtise et l’horreur, à 5 mois d’accueillir le Congrès mondial de l’Union Internationale de Conservation de la Nature à Marseille, la France autorise la chasse de près de 18000 tourterelles des bois, espèce menacée d’extinction et classée sur les listes rouges de l’UICN. La LPO a décidé de réagir devant le Conseil d’État.
Continuons le massacre du renard qui mangent nos poules, du loup et de l’ours qui mangent nos moutons, du blaireau qui creuse des trous et puis quoi encore ou plutôt qui encore ? À ce rythme là, on n’a qu’à flinguer tout ce qui nous gêne, vous me direz c’est déjà le cas. Alors continuons calmement, le fusil dans une main l’insecticide dans l’autre, l’organisation du suicide collectif.
Le Renard roux est un canidé possédant un corps fin et allongé mesurant 63 à 66 cm de long et terminé par une queue touffue de 37 à 40 cm. Son ventre et l’intérieur de ses oreilles sont blancs. Ces dernières sont noires à l’arrière. L’extrémité de ses pattes est aussi noire même si le reste de son pelage varie du jaune pâle au brun roux, rarement sombre. Il possède un pinceau blanc au bout de la queue et il peut avoir des taches noires de chaque côté du museau même si ce n’est pas systématique.
Le Renard roux est présent dans tous les milieux terrestres y compris très urbanisés même s’il semble préférer les milieux naturels ouverts et semi-ouverts. En France, on le trouve jusqu’à 2 000 – 2 500 m d’altitude dans les Alpes. C’est une espèce majoritairement crépusculaire et nocturne à cause des activités humaines (et des persécutions) qui peuvent fortement l’impacter. Il occupe des sites de repos sécurisés et d’autres pour la reproduction qui sont principalement des gîtes enterrés, qu’il creuse lui-même ou qui sont déjà creusés, comme les terriers du Blaireau européen, avec qui il a une relation généralement pacifique. Lorsque ces derniers sont en période de léthargie en hiver, les renards peuvent même occuper leur terrier en leur présence.
Nuisible se dit d’une espèce animale dont la présence cause des dommages, en particulier à l’agriculture (définition Larousse). Chassé plus de dix mois sur douze (du 1er juin au 31 mars), piégé toute l’année, le renard roux peut aussi être déterré avec l’aide d’outils de terrassement et de chiens.D’après l’OFB, environ 45 % de la population totale de Renard roux en France serait tuée chaque année ce qui représente environ 500 000 à 600 000 animaux. L’espèce est classée comme « susceptible d’occasionner des dégâts » ce qui autorise sa destruction dans de nombreux départements en dehors de la période de chasse. C’est le cas en Limousin où, toute l’année, il peut être piégé en tout lieu ainsi que déterré avec ou sans chien. Pourtant, l’espèce est un auxiliaire important dans la lutte contre certains ravageurs de cultures qu’elle chasse chaque année en très grand nombre.
Légalement, quatre raisons peuvent être invoquées pour inscrire le renard sur la liste départementale des espèces dites « nuisibles » :
Les Commissions Départementales de Chasse et de Faune Sauvage (CDCFS) qui proposent ce classement de « renard roux nuisible » sont composées majoritairement d’acteurs du monde cynégétique (qui a rapport à la chasse). Les avis formulés reposent majoritairement sur des questions d’intérêts et ne sont que trop rarement motivés par des arguments scientifiques. Quand c’est le cas, le renard roux est d’ailleurs déclassé de ce statut.
Il est important de prendre en considération que le renard roux est une espèce présente naturellement sur notre territoire et qu’elle ne relève en rien d’une espèce invasive. Il est donc très difficile de comprendre la justification d’un tel statut de nuisible pour une espèce qui ne fait que jouer son rôle. Suivant cette logique, les CDCFS pourraient tout aussi bien décider de limiter les populations de chevreuils parce qu’ils mangent, mais ce ne serait pas sérieux.Le renard roux a cependant un impact sur des espèces en grandes difficultés telles que le grand hamster d’Alsace (Cricetus cricetus), le râle des genêts (Crex crex) ou encore le busard cendré (Circus pygargus). Cette pression de prédation sur ces espèces reste néanmoins à observer à la loupe. Si on ne prend que l’exemple du busard cendré, il s’avère que depuis 2008, sur 9 472 reproductions constatées de l’espèce, 59 cas seulement font état de prédation par le renard. Les gestionnaires de programmes de conservation d’espèces s’accordent à dire que la protection des milieux reste largement plus efficace qu’une limitation de la prédation. Sur ce dernier point un parallèle intéressant peut également être fait entre la prédation par le renard roux sur le petit gibier et son réel impact. Une étude allemande sur le sujet résume les choses ainsi : « Notre étude montre que la réhabilitation des habitats serait bien plus efficace pour restaurer les populations que le contrôle des populations de renard en raison des interactions mineures entre renard et proies ».
6 000 micromammifères par an, c’est là un chiffre bas quant à la consommation annuelle d’un renard roux pour ses besoins alimentaires. Au même titre qu’il existe des solutions alternatives pour lutter contre les limaces en maraîchage, les poux rouges en aviculture et tout un cortège d’insectes auxiliaires de culture. Avec de tels chiffres, il est aisé d’imaginer que le renard roux a un rôle positif à jouer en grandes cultures. En effet l’utilisation de produits rodenticides (poisons contre les rongeurs), tels que la bromadiolone, a un impact colossal sur la biodiversité au sens large. Notamment par l’ingestion par les espèces prédatrices de micromammifères, de proies empoisonnées les conduisant à leur mort.FREDON (Fédérations Régionales de Défense contre les Organismes Nuisibles), chambres d’agriculture et même INRA (Institut national de la Recherche Agronomique) développent de plus en plus de circulaires allant dans le sens d’une valorisation de la présence du renard roux dans le cadre d’une lutte intégrée contre les ravageurs de cultures.Moins criant, le renard roux a un régime alimentaire opportuniste qui, selon ses besoins, le voit devenir omnivore et consommer des noyaux et autres graines. Il joue ainsi un rôle dans la dispersion de certaines plantes et autres arbres, notamment le merisier pour lequel il est un vecteur important de propagation (et une potentielle source de revenus pour le propriétaire du terrain).Enfin, le renard est un prédateur et joue à ce titre son rôle dans la sélection naturelle. Éliminant d’un côté les plus maladroits et de l’autre les malades, il participe naturellement à la lutte pour la vie évitant pullulations et épidémies. C’est un chasseur… Peut-être un peu plus roux que la moyenne, mais un chasseur à sa place.