Les Ardents Editeurs (Limoges) ont publié les travaux du collectif d'historien(e)s réunis dans l'association “Mémoire Ouvrière en Limousin“. L'ouvrage dresse un tableau très complet de cette année cruciale de notre histoire nationale. 12 auteurs se sont attelés à la tâche, pour un résultat étonnant. Tout le champ de la recherche historique est parcouru ; la Corrèze n'est pas oubliée, la Creuse restant cependant le parent pauvre. Parmi les plumes - qui respectent très exactement la parité - nous retrouvons des auteurs dont nous avons déjà publié des articles : Dominique Danthieux, le coordinateur (5 chapitres à lui seul!), Tiphaine Catalan, Eva Léger, Michel Patinaud. Ainsi qu'Anne Manigaud, dont le dernier ouvrage a été présenté dans le n° 60 (Marcel Body). Historiens connus aussi pour leur participation aux Bistrots d'Hiver (sans oublier Annette Marsac). Que trouve-t-on dans ces 220 pages abondamment illustrées ? Le volet politique est bien entendu un morceau de choix : 8 articles y sont consacrés, que ce soit les aspects électoraux (où l'on retrouve bien sûr “notre“ Marius Vazeilles, par Gilbert Beaubatie, les autres députés limousins, le commentaire des élections du printemps 36).
Vient ensuite la question des luttes (Socialistes et Communistes, Le peuple dans la rue, Gauche et pacifisme, par Annette Marsac). Les exemples locaux ne sont pas oubliés, que ce soit Saint Junien (Nicolas Lestieux) ou Eymoutiers (Michel Patinaud). Les questions économiques tiennent aussi une large place : des mouvements ouvriers, à la question du chômage ou la crise des campagnes (Philippe Grandcoing) , l'activité de la Maison du Peuple à Limoges (Anne Manigaud), le survol est (presque) complet. Les thèmes de société sont enfin abordés à travers “le temps des loisirs“ et “les femmes en 1936“ (Sylvette Néguiral) la place des étrangers en Limousin (notamment les réfugiés espagnols, voir IPNS n° 57) enfin la question de la consommation (N'achetez pas le lundi, Clotilde Druel-Korn). Un sujet très original évoque les “caricatures et dessins de presse“ (Vincent Brousse). Un très vaste panorama donc, qui n'oublie pas le contexte plus général des “années trente“, à savoir ce qui conduit à … ou ce qui est la conséquence de.... Des passerelles sont tendues vers les questions internationales : montée du fascisme, guerre d'Espagne,progrès du pacifisme... Le pacifisme : grand sujet. On croisera par exemple deux ministres de Léon Blum (Charles Spinasse, cf. IPNS n° 59, et Paul Faure, ancien directeur du Populaire du Centre).
Avec ces deux futurs soutiens du pétainisme, on pourra s'interroger : le pacifisme mène-t-il à tout ? Un petite réserve enfin, concerne le graphisme : un peu trop de rouge – mais est-ce un hasard ? - et une couverture pas très attirante, même si elle est parfaitement symbolique (elle évoque l'apparition des congés payés). On attend donc avec impatience les prochaines publications de l'association. Ses recherches en cours portent sur mai 1968 et son héritage, toujours en Limousin, et l'histoire de la Porcelaine. Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler.
http://www.lesardentsediteurs.com/?1936-le-Front-populaire-en
La situation avec le vote RN en progression appelle une réflexion localisée. Deux constats : pourquoi sur le Plateau, aucun maire, aucun élu (sauf erreur de ma part) n’a appelé à faire barrage au RN alors même que l’urgence au second tour des législatives était d’en appeler au sursaut républicain devant le danger d’une bifurcation historique du pays ? Pourquoi aucune équipe municipale ne se présente sous une étiquette politique confortant ainsi une dépolitisation des questions municipales ce qui constitue une incongruité manifeste ? Récemment, après les élections législatives une sympathisante du syndicat de la Montagne Limousin, alors qu’il était évoqué la question des gestions communales, affirmait que « l’on vit bien à Faux-la-Montagne » (comme sans doute à Royère, Tarnac ou Gentioux). Le propos se comprend : le rapport aux élus est bon et les relations entre personnes ne posent pas de problème majeur. Mais alors pourquoi le vote RN progresse et que les abstentions sont en moyenne de 20% y compris dans les communes dont les équipes municipales pourraient être classées à gauche ? Manifestement, le propos occulte un pan décisif du réel constitué de deux paramètres : le social et le territorial. Ils sont pourtant présents dans les enquêtes et les sondages qui se sont multipliés ces dernières années : un sentiment d’abandon et de peur devenu dans la ruralité le terreau sur lequel l’arnaque sociale et idéologique du RN prolifère. Quand dans les bourgs, les villages, les campagnes, les revenus (salaires et pensions de retraite) sont bas et parfois très bas ; que le service public de la santé est devenu « un désert médical », que le prix du transport et de l’énergie devient un handicap pour se déplacer et se chauffer, que le café ferme, alors la colère, le simplisme et les mystifications l’emportent sur les arguments rationnels. Et c’est ainsi que dans certaines zones rurales le RN n’a même pas eu besoin de faire campagne pour enregistrer des scores effarants.Or, dans les communes du Plateau, les élus confrontés à un contexte social délétère, produit d’une politique à l’opposé de l’attente des populations, devraient contribuer à leur échelle par un travail d’information, d’explication, de discussion, à éclairer cette situation. Ils ne le font pas alors que nombre d’entre eux « sont porteurs d’une vision un peu clarifiée du devenir de la société », alors même que la politique revient à faire « exister une idée dans une situation » (Alain Badiou).Pourquoi l’action des élus se caractérise-t-elle par un mutisme étonnant face à des orientations si néfastes pour les populations locales et le devenir de leurs collectivités ? Il y a – c’est un point de vue – deux raisons mais qui se renforcent l’une l’autre : la constitution d’équipes municipales sans étiquette politique s’accompagne de l’absence d’expression d’une critique politique alors même que les problématiques auxquelles les élus sont confrontés relèvent de décisions politiques. Mais encore, et cela est visible partout dans les communes du Plateau, l’action des élus est essentiellement confinée dans l’espace représentatif, un espace normé par la gouvernementalité néolibérale qui modèle par la loi, la réglementation, le financement, la pression préfectorale, la conduite des décideurs locaux. Il en résulte une gestion pragmatique, contrainte, finalement apolitique des affaires communales.Conséquences : 1) toute discussion au sein des collectifs municipaux relève d’une discussion purement gestionnaire déconnectée de son contexte pourtant si maltraité qui contribue à une dépolitisation des questions municipales ;
2) cette absence de contestation est un handicap pour la mobilisation citoyenne car la cause des situations subies n'est pas mise en évidence par celles et ceux qui sont bien placés pour le dire.
On le sait, la vision dominante de la politique est celle qui corrèle la politique au champ institutionnel où s’affrontent les formes partisanes et, donc, à ses moments électoraux. Dans ce champ-là, la représentation est une dépossession du pouvoir du corps des citoyens dont on admet seulement la compétence électorale. Cet ordre politique de la représentation disjoint d’une citoyenneté active n’est désormais plus une force propulsive. Il n’assure pas aux forces politiques de l’émancipation de créer les ruptures que supposerait la mise en œuvre d’un programme réellement alternatif au pouvoir de domination de la libre entreprise capitaliste. Une tout autre conception de la politique devrait s’affirmer : celle qui proclame la compétence citoyenne de formuler la volonté générale, les règles du vivre ensemble, de proposer les espaces et les méthodes par lesquels cette compétence peut s’exercer. Elle serait le processus où la « collectivité humaine est à elle-même son propre guide » (Hannah Arendt) qui dans ses multiples formes, syndicales, associatives, collectifs citoyens, entend faire prévaloir sa légitimité dans le champ de la représentation et de ses mécanismes. Ce processus doit rester un processus autonome. Il ne s’absorbe pas dans la représentation. Il ne se réduit pas à une mobilisation lors des mouvements électoraux. La société civile doit participer à la construction de l’alternative émancipatrice dont le pays et le territoire ont besoin.
Pour établir cette carte, Rémi N'Guyen – qui en est l'auteur – a regroupé les résultats de différentes listes politiquement proches afin d'établir le camp de la gauche (en l'occurence le Nouveau Front populaire s'il avait existé dès début juin au moment de cette élection), en rouge sur la carte, le camp de l'extrême droite (Rassemblement national + Reconquête), en gris foncé, et le camp de la droite et du centre, peut-être le plus discutable compte-tenu des positions ambiguës des Républicains, qui regroupe les voix des centristes, des libéraux et des conservateurs – en gros la Macronie élargie (en bleu).À ces élections, il y avait un grand nombre de listes, 38 au total ! Il n'a donc pas toujours été facile de regrouper ces listes et certaines (la plupart du temps très minoritaires ou marginales, comme l'Alliance rurale par exemple) n'ont été associées à aucun des trois camps, ce qui explique que quelques rares communes (trois sur les 731 de la région) apparaissent en jaune sur la carte. La lecture de cette carte permet de nuancer la vague noire de l'extrême droite bien qu'il ne soit pas possible de nier sa présence majoritaire. L'autre information qui se dégage est la marginalisation du camp macroniste-Républicains.
Nous y sommes. En une seule allocution, et en quelques jours seulement, un président jadis présenté par la caste politico-médiatique dominante comme un prétendu « génie » a posé les germes d'un basculement social majeur en décidant de dissoudre l'Assemblée nationale, faisant peser le risque de voir un parti néofasciste, fondé par des SS et soutenus dans les rues par des groupuscules néonazis violents, accéder au pouvoir pour la première fois depuis Vichy.
La Macronie s’était déjà, dès le premier quinquennat, imposée comme une triste incarnation de la droite extrême la plus brutale, menant sans merci la guerre aux pauvres, aux exilé⸱e⸱s, au musulman⸱e⸱s, aux manifestant⸱e⸱s...
Cependant l'arrivée du Rassemblement National en majorité à l'Assemblée, et donc à Matignon, représenterait un pas supplémentaire dans la fascisation d'une « élite » bunkérisée et bien décidée à pousser la violence capitaliste jusque dans ses derniers retranchements. L’extrême-droite est en outre l’ennemie absolue de la liberté de la presse. Jordan Bardella a d’ailleurs annoncé sa volonté de privatiser l’audiovisuel public.
Syndicat de lutte de la presse libre, le SPPP ne peut qu’analyser et condamner, la lourde responsabilité portée par une grande partie de la profession journalistique, dans des rédactions radio, papier et télévisuelle qu'il nous est difficile de tenir pour « consœur », comme il est coutume de le dire par corporatisme.
A-partisan et indépendant de tout parti, mais résolument politique, solidaire de toutes les luttes pour l'émancipation, le Syndicat de la Presse Pas Pareille ne peut ignorer l’importance des enjeux actuels.
Nous ferons donc tout ce qu'il nous est possible pour que ni la droite extrême ni l'extrême-droite, ni le macronisme ni le fascisme, ne remportent les scrutins législatifs à venir.
Nous pourrons, ponctuellement, relayer les appels à manifester et autres communiqués du Nouveau Front Populaire – ceci ne constituant en aucun cas un blanc-seing accordé à ce regroupement – , et couvrirons surtout les diverses luttes populaires locales qui, à la base, doivent demeurer le cœur du mouvement de contestation, quartier par quartier, rue par rue, de la peste brune.
En partenariat avec tout média indépendant camarade qui le souhaitera, nous proposerons, en papier et en ligne, tous les contenus nécessaire à la compréhension la plus large possible du funeste danger que représente l'extrême-droite.
La riposte se doit aussi d'être médiatique.
Premiers membres du Syndicat de la Presse pas pareille signatairesMouais , L’Empaillé, Le Chiffon, Transural Initiative, Inf’OGM, No Go Zone, L’Age de Faire
Jamais depuis la Libération, l'extrême droite, en France, ne s’est trouvée si près de la victoire. Elle porte un projet de démolition sociale, de repli chauvin, de discrimination raciste, sexiste, homophobe, de guerre aux minorités, de basculement liberticide et de régression écologique.
Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, elle a fait des médias un terrain privilégié, avec la prise de contrôle de titres, de chaînes de télévision, de radios par des milliardaires au service de son projet. Par ce maillage, elle impose dans le débat public ses fausses nouvelles et ses obsessions contraires aux droits fondamentaux. Le Rassemblement national annonce déjà la couleur pour l'audiovisuel public, voué, s'il l'emportait, à la privatisation.
La liberté de la presse est dans sa ligne de mire. Partout en Europe, dans le monde, où l'extrême droite gouverne, celle-ci est violemment attaquée : interdiction de publication, destruction du secret des sources, multiplication des procédures baillons, censure, pressions et intimidations, assèchement des aides publiques à la presse. En France, le terrain en a malheureusement été méthodiquement préparé par l'exécutif sous la présidence d'Emmanuel Macron, qui n'a eu de cesse de restreindre les protections et les droits des journalistes, par les atteintes au secret des sources et la primauté du secret des affaires, la loi sur la sécurité globale, la fusion programmée de l'audiovisuel public, et le laisser-faire en matière de concentration capitalistique des médias aux mains de grands industriels, au détriment du pluralisme et de l’indépendance.
Le combat contre l'extrême droite et son projet est au cœur de nos engagements éditoriaux. Dans notre diversité, nous entendons prendre toute notre part à l'indispensable rassemblement politique, social, populaire, au service de la justice sociale et écologique, de l'émancipation humaine et de l'extension des droits et libertés pour lui barrer la route du pouvoir. L'enjeu est de préserver la possibilité même d’une presse indépendante du pouvoir politique, pluraliste, avec des journalistes exerçant leur métier en toute liberté. Sans presse libre, pas de démocratie.
C’est pourquoi nous appelons, par nos initiatives éditoriales, et sans jamais renoncer à notre regard critique, à soutenir la mobilisation sociale et citoyenne en cours, qui fait écho à la dynamique antifasciste de Front populaire de 1936 dans sa capacité à déborder les cadres partisans. Nous considérons qu’elle seule est à même d’empêcher le RN d’accéder au pouvoir le 7 juillet. La lutte contre l’extrême droite nous requiert tous et toutes, et nous, en premier lieu, comme acteurs de la société civile.
Les 90 premiers médias signataires
Acrimed, Afrique XXI, A l’intersection, Alternative Libertaire, Alternatives Economiques, AOC, Arrêt sur images, Au poste, Basta!, Blast, Bondy Blog, Boukan, Citizen Jazz, Climax, Contretemps, Court Circuit, CQFD, Disclose, En attendant Nadeau, Fonds pour une presse libre, Frictions, Ghettup, Grand-Format, Histoirecoloniale.net, iHH™ Magazine, Inf’OGM, IPNS, journal du plateau de Millevaches, Là-bas si j’y suis, L'âge de faire, L’Alterpresse68, L’Empaillé, L'Oeil d'Olivier, La Clé des Ondes, La Deferlante, L'Humanité, La Lettre de l’Audiovisuel, La Marseillaise, La Messagère Libérée, La Revue Dessinée, La revue Pays, La Scène, Le Ch'ni , Le Courrier des Balkans, Le Crestois, Le Media TV, Le Mouais, Le Peuple Breton, Le Poulpe, Les Autres Possibles, Les Jours, Les Lettres françaises, Lokko, Mediapart, MedFeminiswiya, Médianes, Natura Sciences, Orient XXI, Paris Lights Up, Paris Tonkar International, Podcastine, Politis, QG Media, Rapports de force, Reflets.info, Regards, Rembobine, Reporterre, Revue Ballast, Revue Europe, SDJ Epsiloon, SDJ de France 3 - Rédaction nationale, SDJ Konbini, SIné Mensuel, Spectre podcasts, Splann !, Street Press, Témoins, le magazine du SNJ-CGT, Théâtre/public, Théâtre(s), Ubu, Scènes d'Europe, Voxeurop, Youpress, Zéphyr, 15-38 Méditerranée