Les amateurs limousins de polar ont leur association : La Vache qui lit, qui est aussi le titre du petit journal, fanzine de littérature policière édité par ces fans de romans noirs. On y trouve tous les mois des notes de lecture, des commentaires et des infos sur l'actualité du polar, en région et ailleurs. Sous l'égide de Victor Hugo selon lequel "nous n'avons d'autre choix que le noir", l'association entend promouvoir et défendre la littérature policière sous toutes ses formes. Outre son canard, La Vache qui lit propose différentes animations, intervient en animant des ateliers d'écriture ou en participant à des manifestations sur le genre. Elle rassemble une centaine de membres provenant de toutes les régions de France. Son animateur nous dit pourquoi il aime le polar
Je m'appelle Serge Vacher, j'ai quarante-six ans. J'exerce à mi-temps le métier d'instituteur.
Je suis originaire de Larue. Là s'arrête ma ressemblance avec Johnny Halliday. Sa rue à lui est urbaine, grasse et sombre.
Adolescent, il se faufilait la nuit le long des trottoirs glissants, lavait ses Santiag' à l'eau gazolée des flaques luisantes, sous la lueur blanchâtre des néons.
Le village de Larue, où j'ai grandi, est au creux d'une vallée entre Haute-Vienne, Corrèze et Creuse, au pied des Monédières, premier massif montagneux du Sud. Car tout le monde sait que le Limousin est au sud. Jeune, j'écorchais mes fringues aux ronces des chemins creux et j'accompagnais mon tonton sur les routes mal goudronnées de la région, Sombreros et mantilles ou Le dénicheur en live, ce qui m'a donné le goût de la chanson et de tout ce qui est populaire.
Je m'intéresse au polar, au roman policier, depuis que j'ai appris à lire. C'est à dire depuis que j'ai terminé le dernier James Lee Burke, il y a quelques jours, ou plutôt depuis que j'ai lu mon premier San Antonio, à l'âge de treize ans, je ne sais plus trop.
Je pense que ce genre littéraire permet au lecteur de se distraire : rien de tel qu'un bon polar, comme on dit, pour passer quelques heures de farniente au bord d'un lac ou dans un train.
Le genre, longtemps décrié à tort par les intellectuels bien pensants, permet également de goûter des styles différents, de qualité. Je ne dis pas que tout est bon, je dis qu'il en est du polar comme du reste. Il y a de bons et de mauvais auteurs.
Je m'intéresse à l'écriture depuis que j'ai appris à écrire, c'est à dire depuis que j'ai dû attraper le taureau par les cornes : il a bien fallu que je prenne la plume pour avouer à Marilou que je l'aimais et que je l'aimerais toute ma vie. Mais c'était il y a bien longtemps et beaucoup de vin a coulé depuis ce premier chagrin d'amour.
Mon idée est de faire connaître un genre que j'affectionne et qui m'a donné beaucoup de plaisirs. C'est également de partager le plaisir d'écrire avec d'autres, montrant par là qu'on peut être aussi bien ensemble autour d'une table qu'au bistrot ou devant une télévision cacophonique et bien souvent de peu d'intérêt. Je souhaite intervenir plus particulièrement auprès des personnes âgées, dans les maisons de retraite ou clubs du troisième âge qui sont bien souvent oubliés pour ce qui est du culturel.
Serge Vacher