Editions du Rocher, 2001.
Gillian Tindall est née à Londres mais a été élevée dans la campagne du Sussex entre Londres et Brighton. Au cours de son enfance dans cette région, elle a vu vivre les charbonniers et des gens travailler l'osier et le genêt. Ses études l'ont conduite à Oxford où elle a obtenu une licence et parallèlement a publié son premier roman. Près d'une quinzaine d'ouvrages ont suivi. Le journalisme et la radio occupent également une place importante dans son travail, elle a publié des articles sur la porcelaine de Limoges, les tapisseries d'Aubusson ou les sculptures de Masgot dans le New York Times et le Times et a donné des interviews sur les mêmes thèmes à la BBC de Londres.
C'est l'achat d'une petite maison dans le Bas Berry, il y a vingt cinq ans, près de la Châtre, qui lui a fait découvrir la Creuse et le Limousin et, s'intéressant plus particulièrement à l'évolution de la société du XIXéme siècle à 1930, elle ne pouvait faire autrement que de croiser le chemin des migrants du bâtiment originaires du Limousin.
La lecture des écrits de Martin Nadaud, les Mémoires de Léonard, l'histoire des classes ouvrières en Angleterre et de l'ouvrage les sociétés ouvrières, également consacré à l'Angleterre, ont engendré chez elle un vif désir de mieux connaître la vie de ce maçon de la Creuse. Résidant à Londres, elle a entrepris un travail de recherches dépassant le cadre des dix huit années d'exil de Martin Nadaud en Grande Bretagne et le fruit de son étude a débouché sur la publication en anglais de l'ouvrage le voyage de Martin Nadaud, publié en Angleterre et aux Etats Unis en 1999, avant d'être traduit et de sortir en juin 2001 en France.
A l'occasion du centenaire de sa mort en 1998, les ouvrages de Daniel Dayen, “Martin Nadaud, ouvrier maçon et député, 1815-1898“, et de Pierre Urien, “Quand Martin Nadaud maniait la truelle, 1830-1848“, avaient principalement resitué le personnage dans son siècle et enrichi nos connaissances de son action dans les domaines liés au social et au politique. Ici, Gillian Tindall vient compléter ces travaux en faisant le choix délibéré d'aborder la vie du plus emblématique des maçons de la Creuse par la parcelle difficile et méconnue de l'homme, celle de son intime.
Avec sa parfaite connaissance de l'histoire des deux pays, sa sensibilité de femme, elle s'engage dans une démarche originale alternant références historiques, essais d'interprétation et intuition. Son ton naturel et sans complaisance analyse les grandes périodes d'une vie difficile : la jeunesse, le métier de maçon, les combats du militant, l'exil à Londres, les relations avec la famille, etc.
Forces et faiblesses se côtoient dans ce parcours émouvant. On est successivement admiratif ou interrogatif, mais jamais insensible. Une grande tendresse émane de celui qui “a manié la plume en même temps que l'outil".