Tous les premiers mercredi du mois, la bibliothèque du Planning familial de Peyrelevade ouvre ses portes de 15 h à 19 h. Quatre bénévoles et deux salariés se relaient pour accueillir les visiteurs et visiteuses et animer le lieu. On peut venir lire ou emprunter gratuitement des classiques, des introuvables ou des nouveautés : au total un fonds de 1500 ouvrages qui s'enrichit chaque année sur les féminismes. Les deux bénévoles qui nous accueillent ce jour-là insistent sur le pluriel. D'abord parce que le féminisme a pris des formes très variées mais aussi parce ce mot ne doit pas être réduit aux seules questions concernant les femmes. « Les féminismes, explique l'une d'elles, sont mères de très nombreuses réflexions sur les minorités en général et posent la question du pouvoir et de la domination, du patriarcat, et sont aussi à l'origine des pensées intersectionnelles qui croisent les questions de genre, de classe et de race. » Elle précise également que « ce n'est pas que de la théorie » ce dont témoigne la diversité des ouvrages en rayon. Le classement des livres a fait l'objet d'un gros travail de réflexion de manière à bien identifier des thématiques différentes sans les mettre toutes sous le même chapeau féministe.
Car s'il y a une étagère sur « les féminismes » d'autres thèmes sont clairement identifiés : parentalités, santé, pratiques sexuelles, troubles dans le genre, violences, orientations sexuelles, exils, relations affectives et amoureuses, histoire, travail, arts... L'un d'eux s'intitule « Vies potentielles d'un utérus » qui se décline en accouchement, avortement, contraception, grossesse, ménopause, règles. « On a créé ce rayon pour ne pas mettre tout cela sous la rubrique Santé dans laquelle on retrouve généralement ces thèmes. Ce ne sont pas des maladies et en créant cette catégorie on veut dépathologiser ces sujets. On a par exemple un (encore trop petit) rayon « ménopause ». Pour nous ce n'est pas un fait pathologique, mais bien un fait culturel comme le montre par exemple le livre de la sociologue Cécile Charlap La fabrique de la ménopause (CNRS éditions, 2019). » Il y aussi un gros stock de romans (où l'on croise Colette, Chloé Delaume ou Leïla Slimani), des revues, des bandes dessinées et deux rayons plus modestes destinés l'un aux ados, l'autre aux enfants. Ils pourront y lire par exemple La Grande princesse (pied de nez au Petit prince) qui leur fera découvrir des figures du féminisme. La bibliothèque organise aussi des arpentages, lectures collectives d'ouvrages qui peuvent ensuite être discutés, invite des autrices (comme Julia Pietri, influenceuse et auteure de deux livres pour enfants), anime parfois un atelier pour les enfants dans la médiathèque voisine et se déplace régulièrement dans des festivals ou manifestations où elle apporte des livres pour créer des espaces de repos et de repli, mi-salon mi-bibliothèque. Les responsables du lieu indiquent également qu'il est possible de venir le jeudi aux horaires de présence de l'équipe salariée (10h - 17h).
Un livre sorti des rayonsIl fallait que je vous le dise, d'Aude Mermilliod (éditions Casterman, 2019)
L’IVG (interruption volontaire de grossesse) reste souvent un évènement traumatique dans une vie de femme. Et d’autant plus douloureux qu’on le garde pour soi, qu’on ne sait pas dire l’ambivalence des sentiments et des représentations qui l’accompagnent. L’angoisse, la culpabilité, la solitude, la souffrance physique, l’impossibilité surtout de pouvoir partager son expérience. Avec ce livre, Aude Mermilliod rompt le silence, mêlant son témoignage de patiente à celui du médecin Martin Winckler. Leur deux parcours se rejoignent et se répondent dans cette bande dessinée émancipatrice.