Une habitante d'Eymoutiers, Muriel Fossard, a publié chez Edilivre, son “Journal de Compostelle, ou le Retour à l'innocence“. Muriel est traductrice de formation. Les lignes qu'on découvre en 4è de couverture pourraient résumer à elles seules sa démarche : “se sentant en marge d'une société qui sacrifie systématiquement l'être à l'avoir, Muriel décide de s'élancer sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle“. Mais cette phrase est de l'éditeur, nous préférons laisser la parole à l'auteure. Qui a bien parcouru la totalité de l'itinéraire d' Eymoutiers à Santiago, soit quelques 1200 km, sur ce que nous connaissons comme “la voie limousine“ du pèlerinage, dans sa variante “voie de Rocamadour“. Mais pour Muriel, s'agit-il bien d'un pèlerinage ? On vous laissera libre d'en juger . Que son périple soit plutôt une épreuve qu'elle s'impose, tant physique que mentale, est évident. Après plusieurs mois de préparation sur le trajet menant de Bénevent-l'Abbaye à Bourganeuf, arrive le vrai départ. Eymoutiers, le 15 avril 2014 : “ma tête de mule me transforme en ânesse qui porte son bât, celui qui blesse bien sûr“ (elle parle d'un sac de 20 kg, pourtant allégé), la métaphore est claire.
Ce seront ensuite des étapes de 15 à 25 km, par Treignac, vers Tulle. Et ainsi de suite jusqu'aux Pyrénées, et plus loin au-delà. Franchement, on peine avec elle, quand elle passe par des sentiments contradictoires, du (relatif) bien-être, au découragement. Le récit est très détaillé, impossible à résumer ici. Il faudra lire. Que l'on soit spirituel ou non, on sera sensible à “la bienveillante présence“ qui accompagne Muriel. A condition de ne pas se perdre dans le dédale des détails du quotidien, on pourra être impressionné par le courage physique, car l'épreuve est plus que sportive. Et souvent, la déception guette... : “je trouve que les prix des gîtes d'étape ne sont pas tellement pèlerins“. Il est assez frappant pour le lecteur de passer allègrement d'une ambiance très spirituelle, à des observations purement matérialistes. On n'a ainsi pas toujours l'impression de lire le même livre. Peut-être que le vrai pèlerinage de Muriel Fossard, est-il le chemin de l'écriture ?
A chacun son “finis terra“.