Ingrédients, pour 140 personnes :
Laisser mijoter pendant six ans, sans remuer surtout, ni assaisonner.
Résultat : une chape d’inertie fade et sans saveur. Plus d’animations, un cantonnier à mi-temps, une mairie fermée depuis fin février, un patrimoine et la voirie négligés…
C’est ainsi qu’en 2014, voulant « sauver » leur bourg du péril alterno-innovant des prétendus néo-ruraux, des habitants, en refusant de s’impliquer réellement, incapables de porter un véritable projet pour leur commune, en ont signé l’arrêt de mort. Alors, pourquoi ? Est-ce par dépit de se voir « confisquer » par des « nouveaux arrivants » les idées susceptibles de faire vivre leur petite commune ? Ou par peur du changement ? Ou plus grave : résurgence de vieux démons tels que xénophobie, misogynie… Ou tout simplement une certaine apathie symptomatique d’un orgueil délétère qui a fait dire à quelques-uns « laissez-nous mourir en paix ».
Quoiqu’il en soit, en 2020, le maire, Bruno Gardelle, ne se représente pas. Et personne ne veut reprendre le siège. Or, dans la conception hiérarchique qui semble primer dans l’équipe sortante, sans chef, point de salut. Donc, pas de liste et pas d’élections. Les quelques personnes qui auraient pu se lancer dans l’aventure se sentent découragées devant l’étendue de la tâche. Face à une commune morte, pas facile de se projeter dans l’avenir... Toujours est-il que, bien qu’il n’y a pas eu d’élections à Rempnat le 15 mars, les tensions de 2014 sont toujours là. En effet, le dernier bulletin municipal, signé par le maire, les a ravivées. Il a cependant fait réagir un « fan-club » qui a rédigé une réponse humoristique pour le remettre à sa place, en rectifiant point par point ses allégations et en révélant des faits opportunément passés sous silence : un procès pour licenciement abusif perdu auprès du tribunal administratif, une tentative pour récupérer des biens sans maître qui se sont avérés pas vacants du tout... Des petites affaires dont beaucoup d’habitants n’avaient pas même entendu parler.
Il faut préciser que ce bulletin est un morceau d’anthologie d’auto-satisfaction et de grandiloquence, condescendant au possible et flirtant avec le ridicule à chaque phrase. S’il est représentatif de la gestion des dernières années, on peut comprendre le mécontentement d’un certain nombre d’habitants. On y perçoit à quel point le personnage est loin de la réalité du pays qu’il prétend « gérer depuis la capitale ». À quel point sa réflexion est toute faite de préjugés faciles sur les « révolutionnaires » mangeurs de rutabagas (?) et « autres caillades », sur le monde associatif qui ne doit surtout pas se mêler de tenir un « espace de convivialité et d’ouverture » de type commercial, à savoir l’auberge. Bref, on voit pourquoi la dernière mandature n’a pas su réduire les clivages. Et l’absence d’élections ne va rien résoudre non plus...
Si vous avez envie que disparaissent nos communes
Au profit des métropoles dont toutes les lumières
Aveuglent les miséreux et obscurcissent le ciel ;
Que ce soit leurs élites au clinquant démagogue
Qui décident pour nous du destin de nos vies.
« Si vous avez envie… »,
anonyme, 2014