Dans la rue principale, la boutique "Au p'tit bazar" s'ouvre sur de jolis mobiles qui dès l'entrée attirent le regard et vous font lever la tête. A l'intérieur, des étagères où coccinelles rouges et jouets en bois colorés sont joliment rangés, vous donnent tout de suite envie de toucher. Vos yeux s'emplissent de rêves et vous vous rappelez soudain que vous n'avez encore rien offert à votre neveu pour son anniversaire et qu'il faudra vite réparer cet oubli. Vous cherchez autour de vous et Sandra Dubuc apparaît telle une fée munie de sa baguette magique prête à satisfaire vos rêves d'enfance. Cette jeune femme dynamique et souriante accorde volontiers du temps aux gens qui s'arrêtent dans sa boutique parfois juste pour jeter un coup d'oeil aux derniers D.V.D. D'ailleurs au moment où nous discutons autour d'un café et malgré le temps maussade qui ne donne pas envie de mettre le bout du nez dehors, plusieurs clients entrent pour acheter un cadeau ou encore louer un D.V.D.
IPNS : Sandra, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et d'où vous venez ?
Sandra Dubuc : Je suis une enfant du pays, j'ai passé mon enfance à Nedde chez mes grands-parents avant de partir à 10 ans pour la région parisienne.
IPNS : Comment avez-vous vécu cette transition ?
S.D : Difficile au début, car j'avais l'habitude de jouer dehors, de me sentir libre. A l'école nous étions peu nombreux, tout le monde se connaissait et à Clichy je me suis retrouvée dans l'anonymat et dans d'enfermement d'une grande ville. En grandissant, c'est vrai que j'ai apprécié Paris et tout ce qu'offre la capitale mais la bougeotte m'a prise et à mes 18 ans je suis revenue ici pour faire la saison d'été.
IPNS : Et vous n'êtes pas restée ?
S.D : Non au bout de deux mois, le cadre m'a semblé trop étroit et j'ai eu envie de nouveaux espaces alors je suis repartie. Puis, j'ai voyagé à travers la France et j'ai rencontré mon époux à Rouen. Nous nous sommes mariés puis nous avons habité différentes villes, la dernière en date étant Nîmes où mon mari avait été muté.
IPNS : Pourquoi être revenus en Limousin ?
S.D : Nous voulions nous fixer quelque part où nos enfants pourraient bénéficier d'un environnement privilégié. L'été 2004 lorsque nous sommes venus en vacances dans ma famille, nous avons eu l'opportunité de trouver une maison dans un cadre idyllique. Nous avons décidé de rester et de commencer quelque chose de nouveau.
IPNS : Comment avez-vous vécu ce second retour ?
S.D : Au début, j'avais peur du regard des autres, que l'on me reproche d'être partie. J'étais aussi angoissée par les changements que le pays a connus. Les valeurs d'entraide et la vie sociale qui étaient encore très présentes lorsque j'étais petite se sont estompées avec le départ des gens et la disparition des activités. Ici comme ailleurs, la société de consommation, la course à l'argent ont pris le pas sur la solidarité. Mais depuis notre installation, je m'aperçois qu'il est possible de faire des choses et que les gens ne demandent qu'à se retrouver et à partager. Cela m'a rassurée et puis l'environnement ici est exceptionnel alors comme j'aime la nature et que j'aspire à une certaine qualité de vie, je suis contente d'être revenue.
IPNS : Qu'est ce qui vous a décidé à choisir ce type d'activité ?
S.D : Eh bien, avant d'avoir mes enfants, je travaillais en tant qu'agent administratif dans un syndic immobilier et cela ne me convenait pas du tout. Moi, j'aime le contact et rencontrer les gens, alors le commerce m'a semblé être le bon choix. J'ai réfléchi à ce qu'il manquait à Eymoutiers et j'ai appris que le dernier magasin de jouets avait fermé il y a 35 ans ; je me suis dit que cela serait une bonne idée de proposer à nouveau ce type de produits associé à un service qui manquait aussi ici : la location vidéo. Donc nous avons cherché une boutique et nous avons trouvé ce petit local qui était une ancienne poissonnerie.
IPNS : Quelle est votre clientèle ?
S.D : Pour les jouets ce sont souvent des personnes qui veulent offrir un cadeau et qui ne veulent pas se déplacer jusqu'à Limoges. Ce sont des personnes aussi qui ont envie qu'on les conseille et qu'on prenne du temps avec elles. Les loisirs créatifs (perles, peinture sur verre et sur bois…) et la carterie intéressent davantage une clientèle anglaise. La location de DVD me permet de proposer des films qui ne passeront peut être pas au cinéma d'Eymoutiers et pour lesquels les gens n'iront pas forcément à " la grande ville ". De même c'est très agréable de pouvoir partager, échanger son point de vue. Je commence d'ailleurs à avoir des habitués qui viennent louer un film mais aussi discuter.
IPNS : Comment choisissez vous vos produits ?
S.D : En fait, je vends des jouets qui ne sont pas distribués en grande surface ainsi que beaucoup de jeux en bois parce que je veux proposer des produits originaux et de qualité. J'ai beaucoup de plaisir à parler avec les gens, j'aime les conseiller et surtout je ne veux pas les pousser à la consommation. Pour Noël, par exemple, j'ai commandé des jeux originaires de différents pays parce que j'ai envie que les clients découvrent d'autres cultures grâce au jouet. J'aimerai aussi proposer des bijoux plutôt artisanaux, des bougies et pourquoi pas des objets produits par des gens d'ici.
IPNS : Le magasin est ouvert tous les jours ?
S.D : Non car je trouve que c'est important de garder du temps pour les enfants, pour faire mon potager alors même si j'ai du plaisir à travailler à la boutique, j'ai choisi d'ouvrir plutôt les après-midi. Plus tard, lorsque les enfants auront grandi et si l'activité augmente, j'ouvrirai peut-être la boutique des journées complètes. Dans tous les cas j'espère offrir un réel service aux habitants d'Eymoutiers et des communes voisines.
Au p’tit baz’art-Eym.Vidéo 11 avenue de la paix 87120 Eymoutiers