Cellule d'accueil du Conseil Régional, Réseau d'Acteurs de la Montagne Limousine, Pôles locaux d'accueil, foire à l'installation en milieu rural… Aujourd'hui la région Limousin par cette multitude d'outils peut être citée en exemple pour sa politique d'accueil et l'implication de sa population pour favoriser l'arrivée de nouveaux habitants sur son territoire.
C'est pour cela que le MRJC (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne) a choisi d'organiser son séminaire sur l'Insertion Socioprofessionnelle des Jeunes en Milieu Rural à Limoges. C'est donc une centaine de jeunes de toute la France qui se sont réunis du 18 au 22 décembre 2004 autour de chercheurs, de politiques, et de praticiens.
Que dire de la question en Limousin ? C'est qu'il y a encore du boulot ! En effet notre région attire. Mais qui part ? Les jeunes bien sûr ! Ainsi la tranche des 18-28 ans est la seule dans la population limousine à montrer un solde migratoire négatif. Le parcours type d'un jeune rural est de partir au collège vers la ville la plus proche, puis au lycée ; enfin il finira ses études à Limoges ou bien il quittera la région pour chercher un travail dans les régions limitrophes ou sur Paris pour les plus diplômés… Reste donc en Limousin, les amoureux de la région et ceux qui préfèrent la sécurité du cercle familial à l'aventure des études.
Alors comment expliquer que la région attire du monde mais fait fuir ses jeunes ? Encore dur à dire aujourd'hui, mais puisque nous ne sommes pas la seule région à voir les jeunes quitter leur campagne, voici des éléments sur le travail réalisé par le MRJC. La première chose à faire est de cerner le sujet. Qu'est ce que le milieu rural aujourd'hui ? Quelle est la place des jeunes sur ces territoires ? Des diagnostics réalisés par des militants du MRJC sur leurs territoires, confrontés aux travaux de différents chercheurs, montrent la diversité des territoires ruraux. Nous pouvons relever entre autre l'influence du dynamisme des villes et des bourgs sur les campagnes environnantes. Il n'est plus possible de différencier la ville et la campagne comme nous pouvions le faire jusqu'au début des années 80. Désormais, nous reconnaissons une diversité d'espaces ruraux des "banlieues vertes" au "rural profond". En effet avec le nivellement du mode de vie entre les populations rurales et urbaines et le développement des axes de communication et de la voiture, nous observons des différences d'utilisation de l'espace rural suivant la ville d'attraction et sa proximité (production, résidentielle, loisir…).
Et les jeunes s'ils se sentent mieux ailleurs pourquoi essayer de les retenir et de les faire venir en Limousin? La jeunesse, avant d'être un facteur d'insécurité d'un territoire est avant tout l'avenir de ce territoire. Pour exemple si on en croit les statistiques de l'INSEE la population Limousine va voir sa population d'actifs fondre d'ici 20 ans. Cette perspective pose des questions importantes quand à l'autonomie de la région surtout dans un contexte de décentralisation. Sans parler du dynamisme de la vie associative, du renouvellement de la population ou plus simplement la possibilité de chaque individu à choisir un territoire de vie.
Dans ce contexte, comment faire pour ancrer les jeunes aux territoires ruraux ? Nous avons relevé quatre facteurs primordiaux à leur intégration sociale et professionnelle.
Si je n'ai pas de travail, je pars en chercher là où je pense avoir une chance d'en trouver, donc je quitte le Limousin. Pour info le Limousin est une des régions où le taux de chômage est le plus faible, mais une des régions où le chômage des jeunes est le plus élevé. C'est aussi une des régions où les revenus sont les plus faibles avec des perspectives minimes d'évolution dans l'entreprise. Autant dire que la plupart des jeunes diplômés vont chercher ailleurs ! Le faible taux de création de postes à responsabilité induit peu de création de postes d'employés ou d'ouvriers pour les jeunes faiblement qualifiés.
Malgré un taux de vacance de prés de 10%, nous avons en Limousin une faible proposition de logements locatifs et le nombre de logements sociaux en milieu rural est insignifiant. Nous ne sommes pas encore dans des situations aussi dramatiques que des régions comme la Franche-Comté ou le Languedoc, mais si nous voulons poursuivre une politique d'accueil de travailleurs, il faut que nous nous prenions en main. Les actions à mener sont de l'ordre de la réfection et de la création de logements sociaux, sans oublier la maîtrise de la flambée des prix de l'immobilier.
Les services publics, certes mais également tous les autres : le boulanger, le taxi ou les relais d'assistantes maternelles sont indispensables à la vie urbaine comme à la vie rurale. Cependant seulement 40% des bassins de vie ruraux peuvent être considérés comme autonomes. Cette problématique est un frein notamment à l'arrivée d'une population urbaine qui attend un niveau de service équivalent à celui qu'elle a quitté. Selon nous ils faut favoriser les partenariats publics-privés et inciter les populations à participer à cette réflexion. Ce qui de surcroît favoriserait l'émergence de réponses coopératives et associatives.
Un peu différent des trois points précédents puisque ce besoin ne peut avoir de réponse strictement financière. Mais il favorise les autres. Nous souhaitons donc voir la mise en place de rapports de coopérations et de projets de territoire comme base du vivre ensemble. Cela passera par la mise en place de carrefours intergénérationnels et de mixité sociale. Base de la création d'une culture commune, moteur d'une citoyenneté associative, professionnelle, politique de la part de chaque habitant.
Des propositions existent, des outils pertinents également. Nous espérons que chacun a pensé à tel ou tel dispositif public ou associatif en lisant ces quelques lignes. Aujourd'hui l'enjeu est de mettre en place ces actions en fonction de chaque territoire et de mettre en lien acteurs publics et population pour une prise en compte commune de la situation des jeunes sur les territoires ruraux. Car le retour des jeunes ne pourra se faire que si nous arrivons à cibler ses freins et à agir efficacement contre. Pour plus d'infos ou pour toutes propositions, n'hésitez pas à nous contacter.
La commission insertion socio-professionnelle des jeunes en milieu rural du MRJC
MRJC Limousin 15 rue E.Varlin 87 036 Limoges Cedex 05.55.06.17.83