Sachant qu’une commune fait 50 km² et est peuplée de 400 habitants dont la moitié habite le village et l’autre est répartie dans des hameaux :
Nous avons en Limousin un humoriste de première bourre. C’est l’évêque de Limoges qui s’appelle en plus Bozo (véridique). Sa dernière clownerie, sortir le crâne de Saint-Martial pour lutter contre le coronavirus mais pas que : « Nous avons demandé à Dieu de nous délivrer non seulement de ce mal, le Covid-19, mais aussi du virus du péché, qui abîme l’humanité. » Vaste programme comme disait un autre grand humoriste... Toujours à Limoges, l’Église catholique a également innové en inventant la « confession-drive » : un prête masqué reçoit sous une tente les confessions des automobilistes qui restent dans leur voiture, « Mon Père, j’ai pêché, je suis sorti sans attestation »...
Le gouvernement fait un pas, timide mais à saluer, vers la limitation du trafic aérien intérieur, en conditionnant une partie de ses aides économiques aux groupes de l’aéronautique. Dans le même temps, Alain Rousset, au nom de la Nouvelle-Aquitaine, se joint au président de Bordeaux Métropole, aux maires de Mérignac et Bordeaux et à la CCI de Bordeaux pour demander le maintien de la navette Bordeaux-Paris, concernée par les arrêts de lignes demandés par l’État. Une demande également en contradiction avec les engagements de la Région Nouvelle-Aquitaine en matière d’écologie, formalisés par la feuille de route NéoTerra qui affirme : « Les enjeux environnementaux liés au secteur des transports en Nouvelle-Aquitaine sont particulièrement prégnants et amènent trois obligations : réduction des émissions de gaz à effet de serre, économies d’énergies fossiles et amélioration de la qualité de l’air. »
Les groupes écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Bordeaux métropole ont immédiatement dénoncé cette initiative qui va totalement à rebours des enjeux climatiques : « Plutôt que renflouer automatiquement l’industrie aéronautique, en prenant le risque de son crash à plus ou moins long terme, anticipons, soyons visionnaires, accompagnons leur réorientation vers d’autres secteurs. »
La lecture du Bulletin officiel des annonces des marchés publics (BOAMP) est parfois très instructive. Ainsi, au moment même où une surveillance tatillonne de la population s’est mise en place pour contrôler le confinement durant la crise du coronavirus, voici que le 12 avril 2020, l’État publie un avis de marché n°20-51423 pour « l’acquisition de drones, de passerelles de réception des trames wifi des drones collaboratifs et de prestations associées pour les besoins de la sécurité intérieure ». Le commanditaire est le Service de l’achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI) du ministère de l’Intérieur. Divisé par lots, il concerne l’achat de « micro-drones du quotidien » pour 1,8 million d’euros (lot 1), de « drones de capacité nationale » pour 1,58 million (lot 2), de « nano-drones spécialisés » pour 175 000 euros (lot 3), et des matériels afférents. Le mois précédent, un autre avis (n°20-31056) faisait part d’une offre d’achat « d’aérosols lacrymogènes au profit de la police nationale et de la gendarmerie nationale » pour un montant de 3,6 millions...
Une lectrice de Saint-Sulpice-le-Dunois (Creuse) nous écrit : « Depuis le début du confinement, l’épandage de pesticides redouble. Je propose de mettre en bordure de champs empoisonnés un panneau : « La loi m’autorise à empoisonner la planète, alors je le fais !»
«Drive Confession. Venez comme vous êtes» : les fidèles catholiques de Limoges (Haute-Vienne) peuvent continuer de se confesser... depuis leur voiture ! Un «drive» a été installé à l’église Sainte-Jeanne-d’Arc depuis le 25 avril dernier. «Accueillir des personnes et leur donner le pardon de Dieu est l’un des sept sacrements. Nous les prêtres, nous avons donc réfléchi sur la manière de pouvoir administrer la confession individuelle dans les règles tout en s’adaptant à la crise actuelle», explique l’abbé David de Lestapis, 40 ans, à l’initiative de ce drive. Comment le «drive confession» s’organise-t-il ? Les fidèles se garent sur le parking où l’homme d’Église, masqué, est assis sous une tente. Le drive fermera ses portes le 11 mai, date du déconfinement.
Est Républicain 2 mai 2020
Marre du monde d’après
Notre monde c’est ici et maintenant,
C’est pas le monde d’après,
Cette cage dans laquelle on veut nous enfermer.
On n’a pas arrêté de le vivre et de le réfléchir, le monde
Et d’y agir
Et on continuera d’y être solidaire, amoureuse-x et casse-couille.
Veille du « déconfinement », le 10 mai 2020, près de 200 personnes ont marché sur le Plateau pour se retrouver sur les rochers de Clamouzat (commune de Faux-la-Montagne), pour dire qu’elles n’ont pas besoin de l’État pour savoir ce qu’elles doivent faire ou ne pas faire face à l’épidémie de coronavirus. Surtout lorsqu’on leur enjoint de reprendre le travail et de remettre leurs enfants à l’école au moment même où on leur interdit de se rassembler à plus de 10 personnes !
Nous publions ici le texte qui appelait à cette marche « pour un libre confinement ».
Bientôt deux mois de confinement, et de suspension partielle mais réelle du bruit de fond de l’économie globalisée, et nous avons un peu partout bricolé des manières de faire face à la situation. Nous avons inventé sans attendre, en s’écoutant, en apprivoisant nos peurs et nos angoisses, en écoutant les soignants, ceux et celles qui ont assuré les fondamentaux quotidiens, en analysant la situation au fil de nouvelles et d’informations « officielles » confuses et contradictoires. Les flux se sont ralentis, presque réduits au strict nécessaire. La chape de pollution s’est brusquement dissipée au-dessus des métropoles, et l’air y est, comme par miracle, devenu respirable. L’horizon s’est réduit à l’échelle du quartier, du village, de la rue ou de l’immeuble, mais s’est par endroits ouvert de nouvelles perceptions. Et nous entamons à peine un travail d’inventaire, enfin rendu possible, de tout ce que a soudain été suspendu, contre toute attente.
Mais voilà que les porte-paroles des puissants de ce monde, les communicants des maîtres de l’économie, un temps dépassés par la situation, s’apprêtent à essayer de reprendre la main sur notre temps, et nos vies. En sifflant le redémarrage du travail et de l’économie. À leur seul avantage, par un simple effet de calendrier. Qui tient le calendrier, pense être maître du cours des choses. Ce serait donc le 11 mai, sur ordonnance, comme une ligne de départ tracée sur des sables mouvants.
Quant à nous toutes et tous, qui n’avons pas la main sur le calendrier, nous préférons à toute projection incertaine sur le « jour d’après » reprendre notre bâton et poursuivre notre lent cheminement vers la sortie du tunnel. Nous n’attendrons pas le coup de sifflet et proposons à toutes celles et ceux que la « reprise » angoisse au moins autant que le virus de se retrouver dès maintenant un peu partout pour prêter un serment commun. Nous ne nous laisserons plus prendre dans les rêves ou dans les cauchemars des puissants. Nous allons nous lever à 10, 20, 100 ou plus et marcher, dans le strict respect des mesures et des distances qui nous semblent justes. Marcher ici, pour converger en un point, où nous affirmerons ou ré-affirmerons ce que nous voulons pour nous-mêmes et les nôtres, et ce que nous voulons rendre possible pour tout un chacun.
Pour beaucoup, nous n’avons pas attendu le confinement pour nous faire notre idée sur le cours du monde et sur les urgences légitimes. Nous pensons qu’il est temps de les ré-affirmer avec force et de se préparer à n’en plus rien céder. Il n’y aura pas « d’après », car la crise dont le virus n’est qu’un symptôme n’en est qu’à son commencement. Poursuivre ce qui nous paraît juste et arrêter, stopper, tout ce qui rend la vie impossible.
Marion, Nicole, Jacqueline, Colette et quelques autres habitant-es de Faux-la-Montagne, La Villedieu ou Saint-Merd-les-Oussines, témoignent sur la manière dont ils et elles ont vécu le confinement. Cette initiative de quelques personnes de Faux-la-Montagne part du constat suivant : « La période actuelle nécessite de prendre plus que jamais soin des uns des autres.
Pouvoir s’exprimer sur ce que l’on vit actuellement fait partie des actions qui permettent de renforcer des liens.» Pour cela une série d’interviews pour savoir comment voisins et voisines allaient et vivaient cette période de confinement a été réalisée : « Armés de nos masques et d’un micro, avec une longue poignée qui permet d’aller au-delà du mètre qui nous sépare, nous avons posé quelques questions. »
À écouter ici : https://fauxlamontagne.fr/expression-libre-solidarite
Dans un appel à manifester le 16 juin 2020 à 12h devant l’hôpital d’Ussel, des gilets jaunes, des usagers et habitants s’indignent : « Il ne reste presque plus aucune frange de la population qui, depuis quelques années, n’en ait pris à son tour plein la gueule » et de citer en particulier « les travailleurs et travailleuses du soin méprisées et sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, envoyés au front sans arme avant d’être encensées et médaillés à coup d’opérations de communication mensongères » ou « les retraités et les aînés emprisonnés dans les EHPAD et sacrifiés par l’absence d’un système de santé réellement public et accessible à tous.» Sous le slogan « Non au macronavirus », le diagnostic est foudroyant : « La démocratie partout capturée par les technocrates et blessée par les violences policières, la justice sociale transformée en inégalité organisée, la fin du monde et l’ombre d’un nouveau virus brandies comme de nouvelles menaces permanentes. Et ceux qui prétendent nous en sauver sont ceux-là mêmes qui ont provoqué leur émergence… Désormais nous devons le dire ensemble, de toutes nos forces, au-delà des fausses divisions et des petits intérêts corporatistes : ça suffit ! Mettons fin à ce monde toxique ! »