Des fleurs à l’entrée d’un village, d’une ville, n’est-ce pas le premier signe d’accueil qui nous incite à faire une halte et à flâner dans ce lieu, aller à sa découverte.
Utopie direz-vous ?
La Région Limousin a lancé il y a quelques années son slogan “Limousin terre d’accueil”. Vaste programme puisqu’il s’agit d’attirer vers nos contrées des artisans, des commerçants, de nouvelles industries et différentes entreprises liées au tourisme. Le retour ou la venue de jeunes retraités donnera du dynamisme à notre Limousin. A entendre certains médias beaucoup de citadins voudraient vivre à la campagne. Mais le travail, point capital et source de revenus, n’est pas toujours au rendez vous. Il nous faut donc retrousser nos manches, faire preuve d’imagination, valoriser nos réels atouts régionaux chacun à sa mesure, si modeste soit elle.
Le courant du tourisme vert est une amorce pour une offre de territoire, avec la redécouverte du calme, d’une nature authentique et généreuse, le désir de retrouver des nuits noires étoilées, loin des lumières de la ville.
A pied, à cheval, à vélo, la vogue des randonnées se multiplie. Elles sont une incitation pour les communes à s’investir dans la remise en état des sentiers ombragés, dans la restauration du patrimoine local. Elles participent à l’accueil du touriste, au plaisir du visiteur. Des associations ont su mettre à profit ce désir de parcourir la campagne pour organiser de animations conviviales. A Peyrat le Château ces randonnées sont devenues tout au long de l’année un lieu de rencontre et de partage amical. Chacun peut y participer au rythme de son avancée en âge. A l’occasion des périodes de vacances le groupe de randonneurs s’élargit aux touristes de passage ou en villégiature.
C’est en zappant sur les informations de la chaîne Demain que, de leur campagne champenoise Patrick et Dorothée sont arrivés en Limousin, avec le souhait de vivre à la campagne. D’abord dans les Monts d’Ambazac où, avec le soutien de la Chambre de Commerce et du Conseil régional, ils ont réfléchi à d’un premier projet de commerce, mais les comptes n’y étaient pas. «C’était le mois de juin. L’été arrivait et toujours rien ; on commençait à avoir le bourdon. Une nouvelle fois c’est l’opportunité de la Chaîne Demain qui nous a présenté le magasin d’alimentation générale à Peyrat. Toujours avec les mêmes appuis, l’étude de faisabilité se révélait compatible avec les moyens dont on disposait. Il n’était que temps. Puisqu’on démarrait en juillet en pleine saison estivale.
L’enseigne Proxi est attractive. Peyratois et touristes viennent nombreux. Mais on ne connaissait personne. Il n’est pas facile de prendre ses repères pour distinguer le client de passage du peyratois sédentaire à fidéliser. Juillet-août est une période chargée ; tout le monde est bousculé, aucun édile communal ou responsable associatif n’a trouvé le temps de venir nous accueillir. Mais au fil de la saison, les peyratois nous ont vite adoptés. Après le coup de feu de l’été on a trouvé le temps de prendre nos marques. La fidélité de la clientèle peyratoise s’est confirmée. A la période des vœux de nouvel an, on a bien apprécié le pot d’accueil des nouveaux arrivants offert par la mairie, l’office du tourisme et les associations locales. Notre intégration dans la vie peyratoise s’opère très naturellement, parce que nous avons été acceptés tels que nous sommes. Et nous apprécions aussi toutes les structures d’accueil culturelles ou de loisirs qu’offre la commune. Avec notre enfant nous prenons la mesure de toute sa diversité».
Les mots et les signes de l’accueil ne sont pas toujours perceptibles dans les arcanes de notre système administratif. Son approche est toujours plus redoutable pour l’étranger que pour l’autochtone. Toutefois on perçoit ici ou là que des consignes ont été données pour que les démarches soient plus aisées, ou plus affables entre l’administré et le guichetier. Il y a encore beaucoup à faire, mais peu à peu les mentalités changent face aux vulnérabilités des uns, aux fragilités des autres. Au cours d’une récente émission de la télévision, un fonctionnaire expliquait au journaliste qui l’interrogeait “on ne peut pas faire ce travail, si on n’aime pas les gens”. Tout n’est pas possible mais risquer un regard, un sourire, proposer un soutien et s’acharner à trouver une solution au problème exposé n’est ce pas à la portée de toute femme, de tout homme, même en situation d’autorité ?
Aujourd’hui avec les habitudes de mobilité beaucoup de nos concitoyens sont amenés à faire l’expérience d’un changement de domicile, soit pour une mutation professionnelle ou par choix personnel. Quelque soit la motivation, c’est toujours avec une certaine appréhension que l’on traverse cette étape : il y a les ruptures d’amitié, la perte des repères habituels, un nouvel environnement à apprivoiser. Face à cette nécessité, l’association Familles Rurales a pris l’initiative de créer un groupe d’accueil formé de quelques peyratois. Le groupe n’a pas d’autre but que de souhaiter la bienvenue à tout nouvel arrivant pour qu’il se sente bien accueilli dans notre petite bourgade. Une modeste brochure lui est alors remise pour l’informer des différents services qui sont à la disposition de tous sur le territoire de la commune. Tous les renseignements pratiques et administratifs y sont répertoriés pour lui permettre de s’approprier toute la diversité de notre patrimoine communal.
Depuis la naissance de ce groupe d’accueil, au début de chaque année, le Maire, l’Office de tourisme et les représentants des associations invitent tous les nouveaux arrivants à se rassembler autour d’un pot de l’amitié. Ils ont ainsi l’occasion de découvrir toutes les facettes de notre vie communale. Voilà un bon moyen de faire des connaissances, de nouer des liens d’amitié. Après, chacun selon ses désirs et ses choix pourra participer à l’une ou l’autre des associations peyratoises. Et pourquoi ne pas donner un peu de son temps et de ses compétences au service de l’une ou l’autre ?
Pour les peyraytois de souche, le pot d’accueil de 2003 a été la surprise. Ils ont mesuré combien l’arrivée de nouveaux commerçants a remodelé le cœur du bourg, ils sont jeunes et apportent de la nouveauté. Par la qualité de leurs services ils nous épargnent le gaspillage de la surconsommation du caddie dans les grandes surfaces environnantes.
L’accueil est à la portée de tous, il doit être l’affaire de tous les acteurs de la vie locale et de chaque habitant. Il est alors simple et chaleureux, plein de spontanéité et d’amitié. Il suffit d’un sourire, d’un bonjour, d’une attention au nouveau venu pour que ces gestes deviennent signes de reconnaissance et d’intégration.
Par nature, l’homme n’est pas appelé à vivre en solitaire. C’est dans la relation qu’il trouve l’épanouissement de sa quête de bonheur.
Marie-Hérèse Gueguen
Depuis des lustres les scouts de toutes espèces viennent nombreux en Limousin. La nature leur offre mille et une possibilités d’activités de plein air pour favoriser l’éducation à l’autonomie et à la responsabilité. Autour de Peyrat plus de 200 jeunes viendront cet été de toute la France.
Leur accueil est lié à l’activité d’un foyer relais, ancien du mouvement scout, où arrivent les demandes des groupes eux-mêmes, et toutes celles qui transitent par la mairie ou l’office de tourisme. Une aubaine et une coordination nécessaire pour aider à la constitution des dossiers administratifs de plus en plus épais et abscons.
Ils sont accueillis sur des terrains prêtés par la commune ou par des agriculteurs. Là où ils peuvent trouver l’eau et le bois, et en proximité du bourg avec tous ses services. Ils reviennent souvent étonnés de la confiance qui leur est faite chez les commerçants.
Un accueil ponctuel leur est offert par de nombreux professionnels : éleveurs, forestiers, artisans ou simples résidents ; ils permettent à ces jeunes citadins de découvrir la diversité des activités exercées dans l’espace rural et combien méconnues. En guise de remerciement les scouts accomplissent des actions de services qui leur sont proposées : restauration de fontaines, nettoyage de l’église, entretien de chemins, ou même des plantations d’arbres.
Tous ces groupes apprécient l’accueil qu’ils reçoivent, mais aussi les échanges avec les habitants qui les hébergent pour une nuit à l’occasion de leurs RED (Randonnée, Exploration, Découverte). Tant et si bien que de cinq en dix ans, on retrouve parmi l’encadrement de ces groupes, des adultes et des ménages qui ont gardé la trace des joies vécues et mémorisées au cours des camps de leur adolescence en Limousin. Ils reviennent pour faire partager aux plus jeunes cet apprentissage de la vie commune dans l’amitié et la solidarité forgées au contact de la nature. Et si demain dans ce vivier certains pouvaient planter leur tente définitivement en Limousin?
Michel Gueguen