Aujourd’hui, environ 30 000 enfants sont instruits en famille parce que c’est l’organisation et le mode de vie qui convient le mieux à ces enfants à un moment de leur vie. Nous revendiquons le droit d’instruire nos enfants selon le mode d’éducation qui leur convient le mieux. Nous revendiquons le droit de choisir le genre d’éducation à donner à nos enfants (article 26-3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948) car les parents sont les premiers instructeurs de leurs enfants.
Depuis quelques années, les familles pratiquant l’Instruction En Famille sont de plus en plus contrôlées et une défiance s’est installée à leur égard. Ces familles ne sont pas « hors système ». Un amalgame infondé est apparu entre Instruction En Famille et « radicalisation ». Nos enfants sont intégrés à la société et vivent leur vie pleinement. Nous privilégions le respect de leur rythme et de leurs centres d’intérêt. Nous les accompagnons et les aidons à développer leurs propres aptitudes. Nos enfants se réunissent souvent pour participer avec d’autres à des activités sportives, artistiques, culturelles. Ils sont ouverts sur le monde. La réalité de la très grande majorité des enfants instruits en famille est très loin de l’image de fillettes accueillies par des femmes en niqab et enfermées entre « quatre murs presque sans fenêtre » !
L’arsenal législatif et réglementaire existant est déjà largement suffisant pour contrôler les familles. En effet, tous les deux ans, les familles déclarant instruire leurs enfants sont contrôlées par la mairie, qui demande aux parents les raisons de leur choix. De plus, tous les ans, l’Inspection académique évalue les acquisitions des enfants en fonction du socle commun de connaissances défini par l’Éducation nationale. La très grande majorité des contrôles sont jugés satisfaisants. Retirer la liberté d’instruction aux familles est une atteinte à nos libertés ! La liberté d’instruction et la liberté d’enseignement sont des droits constitutionnels. Nous refusons que nos libertés soient restreintes car l’amalgame entre Instruction En Famille et radicalisation est infondé.
Personnellement, je n’ai pas envie de rendre ma famille victime du « piège scolaire » qui consiste à croire que les chances de réussite professionnelle ou sociale sont directement liées à un « capital scolaire » que l’école a le pouvoir de donner ou de retirer. Et que ce serait cette réussite là qui déterminerait le bonheur à venir, celui qui fait d’une vie un projet auquel on se consacre avec passion et persévérance. Je souhaite que mes enfants deviennent des adultes confiants et sereins, capables d’affirmer leurs idées et de les défendre avec conviction. Pratiquer l’Instruction En Famille, c’est faire le choix d’une autre relation avec nos enfants. Si nous voulons des enfants capables de s’affirmer, de se défendre, de manifester de l’empathie à l’égard d’autrui et de se battre pour soutenir des idéaux, nous avons le devoir de leur donner les moyens de penser et d’agir librement, mais aussi de contester toute autorité susceptible d’exercer un pouvoir qui pourrait nuire à leur bonheur. Si cette loi venait à être votée, les familles pratiquant l’Instruction En Famille seraient dévastées car elles se retrouveraient contraintes et forcées de mettre leurs enfants à l’école ! Cependant certaines familles entreront en résistance, quand d’autres décideront de fuir la France...
Sabine Pardonche