Cette fête prendrait la forme d’un événement public itinérant, depuis les sources de la Vienne entre Saint-Setiers et Peyrelevade, en suivant ses différents affluents, jusqu’à Saint-Denis-des-Murs où la Maulde rejoint la Vienne. Ce serait à la fois une fête populaire et un moment de rencontres et de débats autour des différents enjeux qui touchent le bassin versant, à savoir : la qualité de l’eau, des sols, de la biodiversité, la qualité de vie des habitants du bassin, les enjeux économiques également. Nous pensions à un événement « perlé » (comme une série de petits événements plutôt qu’un gros rassemblement), qui descendrait progressivement en suivant la rivière et ses affluents, ce qui permettrait d’éviter les effets de trop grande concentration humaine et de limiter les risques sanitaires. Cela pourrait s’étaler sur une dizaine de jours et mêler des événements d’envergures très différentes : une projection ici, une balade naturaliste là, une table ronde, une exposition, une visite d’ouvrage, un spectacle, une descente en kayak, un témoignage...
L’eau ne connaît pas sur son passage de limites administratives, elle se fiche des limites de propriété. Quand elle disparaît, quand les sources se tarissent, nous sommes tous et toutes également touché.e.s, tant émotionnellement que physiquement. Nous le sentons venir déjà : la question de la ressource en eau est le sujet brûlant des années qui viennent. Sur le chemin de cette prise de conscience
(« l’eau pourrait ne plus couler de source ») de nombreux conflits d’usage vont naître et bruissent déjà. Nous pouvons anticiper ces terrains de conflit, anticiper les conséquences désastreuses des pénuries d’eau et de la hausse des températures, à notre très petite échelle peut-être autant voire plus que dans les grandes réunions internationales.
L’eau et par elle, le bassin-versant qui nous traverse et que nous traversons chaque jour nous lie envers et contre tout. Nous pensons qu’il faut sortir les enjeux économiques, patrimoniaux, sanitaires, écologiques, symboliques de la gestion de l’eau, des tiroirs institutionnels où ils reposent, les mettre sur la place publique, produire ensemble une conscience commune du bassin-versant, de ce qu’il y faut permettre, de ce qu’il y faut proscrire, de ce qu’il y faut défendre.
Cette invitation s’adresse en priorité aux habitants et habitantes du haut-bassin versant de la Vienne, mais aussi à toutes les communes, associations locales, groupements professionnels qui œuvrent à la préservation de ce bien commun (sous l’angle de la randonnée, des sports de pleine nature, de la pêche, de la sensibilisation à l’environnement ou de la vulgarisation scientifique, ou encore sous l’angle patrimonial ou artistique). Cette fête pourrait être un carrefour pour nous toutes et tous qui habitons ici et une manière de ne plus laisser traîner les questions brûlantes : l’eau du robinet, la ressource piscicole, la faune et la flore, l’état des sols, le rôle des forêts, des pratiques d’élevage et d’exploitation du bois, l’énergie, la santé... Des traces filmées, audio et graphiques de chacun des évènements permettront de garder mémoire de ces moments et de les partager avec toutes celles et ceux qui n’auront pas pu venir ou qui se posent des questions similaires ailleurs. Faisons de la tête de bassin de la Vienne le fil conducteur de nos débats et de nos coopérations à venir.