L’immeuble, propriété de l’ODHAC (Office public de l’habitat de la Haute-Vienne), comprend 10 logements dont 8 F1 et 2 F2, en relativement bon état, bien que quelques travaux aient été nécessaires avant d’y recevoir les personnes qui y sont hébergées. Certaines, à la rue, étaient en demande d’asile et ont intégré le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) d’Eymoutiers, ce qui a permis la continuité de la scolarité des enfants.
Une famille contrainte par la préfecture à quitter le Cada après un refus OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) a finalement obtenu l’asile suite à un recours auprès de la CNDA (Cour nationale du droit d’asile). Des mineurs non accompagnés, en attente de la reconnaissance de leur minorité par le juge des enfants, ont été également accueillis. Certains ont vu leur minorité confirmée et doivent donc être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Plusieurs célibataires ont été hébergés et sont accompagnés pour le parcours de leur demande d’asile ou de titre de séjour. La vie s’organise autour des accompagnements aux démarches à Limoges, vers l’assistante sociale, la Cimade, les Restos du cœur, le Secours populaire de Peyrat-le-Château, ou par la participation à certains événements.
Des réunions de fonctionnement ont lieu plusieurs fois par mois pour l’entretien des locaux ou pour donner des informations suite à une visite de la gendarmerie (il n’y a pas d’obligation à ouvrir sa porte, de donner son nom et son téléphone). Les mineurs non accompagnés participent à la prise en charge des enfants et les emmènent jouer au pré Lanaud, des cours de français sont dispensés par la Cimade et, depuis septembre 2022, une cantine solidaire ouvre le deuxième samedi de chaque mois, après le marché ouverte à tous, à prix libre.
Ainsi, le bâtiment de la rue de la République ne se contente pas d’héberger des personnes sans papiers mais il accueille des personnes dont la situation est en attente de décisions qui se sont avérées à terme positives : obtention d’un statut de réfugié, accueil en Cada ou reconnaissance de minorité. Il vient donc clairement pallier les manquements de l’État et, pour les mineurs, du Département.
En juillet 2022, contre la demande d’expulsion de l’ODHAC, une pétition avait réuni 670 signatures en deux semaines. La décision du tribunal de surseoir à l’expulsion pendant un an, jusqu’au 27 juillet 2023, avait réjoui l’ensemble des personnes impliquées dans cette démarche d’accueil. Malheureusement, l’ODHAC a fait appel du jugement sur deux points.
Le premier concerne le paiement de l’électricité. La facturation débute en janvier. En effet au début de l’occupation aucun compteur n’était fermé. Si l’association a payé ce qui a été consommé depuis avril elle refuse de payer la consommation entre janvier et avril 2022, pour le second, L’ODHAC exige également une indemnité d’occupation pour privation de jouissance de 2 945,51 €/mois... alors que ces locaux étaient vacants depuis plus de 6 ans ! L’ODHAC a toujours refusé la signature d’une convention d’utilisation des locaux dans l’attente d’une vente et n’a, à ce jour, plus aucune relation avec l’association Montagne accueil solidarité (MAS) qui gère le squat. Bref, l’ODHAC veut se faire de l’argent avec un immeuble qui ne lui rapportait rien jusqu’alors... On a beau se présenter comme ayant une « vocation sociale », avec l’immeuble d’Eymoutiers, celle-ci est toute relative.
Dominique Alasseur