IPNS : D’où vous est venue l’idée d’investir un lieu sur Gentioux ?
La Bascule : La réflexion est partie il y a cinq ans de plusieurs lieux de vie collectifs implantés dans des lieux-dits à proximité de Gentioux et s’est articulée autour de quelques constats et envies. Comment, dans un contexte de crise, continuer à se loger, se nourrir, prendre soin de soi en comptant, non sur l’Etat ou sur le marché, mais sur nos propres capacités à s’organiser ? Comment éviter de fonctionner en îlots, certes vivants, mais déconnectés des gens qui vivent autour de nous ?
S’installer dans un lieu central, un bourg, c’est le moyen que nous avons trouvé. Cela nous permet de nous élargir au-delà de nos collectifs et de nous investir dans la commune où nous habitons en proposant des services, des produits, un espace qui correspondent à nos besoins, nos désirs et nos valeurs et nous permettent en même temps d’aller vers ceux qui nous entourent.
Vous êtes présents depuis peu dans le bourg de Gentioux. Comment vos envies s’y incarnent-elles ?
Ce qui est collectivement porté, c’est la création d’un lieu où les gens se retrouvent, papotent. Aujourd’hui, cela se cristallise autour du local qui abrite le marché d’hiver-épicerie, qui est une réussite par son côté convivial. Même si des questions demeurent sur la façon de s’élargir et de répondre aux besoins de tout le monde.
Ce qui est sûr, c’est que si on veut éviter de créer un archipel dans le bourg, il nous faut imaginer un lieu qui héberge des structures et des fonctions qui brassent les gens par nécessité plus que par valeur, comme une épicerie ou un relais d’assistantes maternelles. Un bâtiment qui abriterait par exemple un “foyer rural – lieu de rencontre“ avec un espace pour s’asseoir, discuter, proposer des animations, un pôle “approvisionnement-épicerie-dépôt vente“ et un pôle “santé“ avec des cabinets de thérapeutes.
En quoi l’étude d’urbanisme a-t-elle influencé votre projet ?
Elle a clairement contribué à reformuler le projet à l’échelle de ce qui se jouait dans le bourg, en permettant de se connecter avec la mémoire du village, d’identifier les points d’appui, en replaçant nos idées dans l’histoire plus large du bourg.
En montrant qu’on pouvait s’emparer des questions, faire des choses sans tout attendre de la mairie, elle a aussi fait évoluer les points de vue et inscrit le projet dans une dynamique large, qui ne tient pas qu’à quelques personnes.
Plus globalement, elle a constitué un moment où une communauté de gens qui traversent et utilisent le bourg se disent qu’il est possible de faire des choses ensemble. Un moment où une communauté se révèle à elle-même, qui n’est pas enfermée dans un regard critique sur Gentioux.