Passé le temps des travaux qui lui ont fait peau neuve, l’équipe s’est essayé à un premier trimestre de programmation: contes, lectures, débats, expositions, projections, concerts... Le public, nouveau et changeant, a pu y découvrir et apprécier des spectacles venus de plus ou moins loin, dans des genres assez différents, avec comme fil d’Ariane l’exigence d’une programmation de qualité, accessible, qui laisse place à l’inattendu et tente autre chose que le seul divertissement, à la croisée des opinions et des disciplines.
Le fragile succès de ces premiers mois nous a poussé à continuer en ce sens. Les programmes des trimestres suivants se sont étoffés et le public à su trouver sa route jusque là, même au plus plein de l’hiver, pour se réchauffer d’une soupe et d’un verre, un moment de spectacle, de discussion, de réjouissance en somme, dont on ne sort pas sans avoir trouvé du grain à moudre. Plus tout à fait un bar, pas vraiment une salle de spectacle, un lieu ouvert, à part, chaleureux et sans appartenance. Un lieu d’aventure artistique et (osons-le !) intellectuelle, au sens le plus “savoureux“ du mot.
Le Fabuleux Destin est devenu peu à peu, pour le public, les artistes et intervenants, comme pour l’équipe de bénévoles qui le fait vivre, une expérience où chacun s’essaye à être vraiment là, actif à sa manière, dans un échange fraternel et sans complaisance. Ceux qui s’y produisent ne viennent pas chercher la fortune, du moins pas celle à laquelle on songe habituellement ; ils en trouvent une autre. C’est sans doute pourquoi ils souhaitent y revenir. Quant à ceux et celles qui se rendent dans ce lieu “rive gauche“ (rive gauche de la Creuse), un peu à l’écart du centre ville d’Aubusson, ils semblent finalement assez peu Aubussonnais. Sans le vivier de curiosité que constitue une population plus large, à savoir celle du Sud-creusois, le café-spectacle aurait déjà cessé d’exister... économiquement du moins.
Contrairement à des rumeurs fantaisistes, le Fabuleux Destin est un lieu culturel non subventionné.
C’est une situation que nous avons délibérément souhaitée, du moins dans un premier temps, pour assurer l’indépendance de notre aventure, sa mise en oeuvre immédiate et nous confronter à la réalité: serait-il possible de vivre de la seule fréquentation du public, sans aller chercher de complément dans les arcanes de l’institution administrative, c’est à dire dans la poche du contribuable ?
Cela aurait pu l’être, pourrait l’être encore, si à Aubusson un climat de bienveillance se substituait au climat de suspicion qui nous a préalablement accueilli et a sans doute pesé dans la réticence de certains à s’aventurer jusqu’à ce lieu, certes peu ordinaire. En matière culturelle, rien n’est plus désolant et moins fécond pour tout le monde que d’opposer à la curiosité le frein du soupçon... Si le Fabuleux Destin reste un café, c’est qu’il l’était à l’origine, dans un quartier dont c’était la dernière porte ouverte. Nous n’avons pas voulu en clore la fonction. Mais c’est aussi parce que cette fonction même change le rapport du public à lui-même et aux propositions qui lui sont faites. Ici les artistes et intervenants ne disparaissent pas en coulisse une fois leur prestation terminée, et bien souvent, les gens restent un peu, pour se parler, leur parler...
Ce café est aussi celui d’une tradition : celle de refaire le monde autour d’un verre et de nouer des amitiés constructives. Si, comme bien des foyers, il peut encore gagner en intensité, ce lieu permet déjà de provoquer des rencontres, des débats, des émerveillements. Bien sûr, après une année de fonctionnement, 136 manifestations et prés de 4 000 entrées, l’aventure reste fragile. Le Fabuleux Destin tient sur l’engagement de ses bénévoles, et des associations que certains représentent : Creuse-Citron, La vie sans toi...t, La vache rebelle, La P’tite ferme mobile, l’Institut d’Etudes Occitanes... ainsi que les partenariats de Bobines rebelles, Télé-Millevaches et bientôt La Métive. Assurer la tenue du bar, l’accueil, la programmation, la communication, se fait ici en équipe. Avis à celles et ceux qui se sentiraient l’envie de s’engager dans l’aventure...
Le Fabuleux destin est ouvert par tous les temps, du jeudi au samedi dès 18h, qu’une soirée soit programmée ou non. On y trouvera (peut-être pas dans cet ordre) : un jardin bien accueillant pourvu qu’il ne pleuve pas, des boissons du coin (bières, tisanes, jus de fruits), d’autres bières encore, différents vins, une libriothèque (mi-librairie, mi-bibliothèque), des livres pour enfants, un canapé ou s’asseoir et peut-être ne plus se relever, un accueil chaleureux, un vieux chapeau pour remercier les artistes et intervenants divers, des bulletins d’adhésion pour nous soutenir, et un comptoir pour vous soutenir vous, au cas où...
Outre la programmation en soirée le Fabuleux Destin propose d’autres occasions de se retrouver : les “Fabuleux mercredis“, spectacles pour jeune public (un mercredi par mois à 15h30), un cours d’occitan (deux fois par mois) en partenariat avec l’Institu d’Estudit Occitans dau Limousin, animé par Jean-Paul Mazure, des soirées jeux une fois par mois ainsi que, deux fois par trimestre, une scène ouverte appelée Sac à Malices où chacun(e) de ceux-celles qui se seront produit(e)s auront droit à une boisson gratuite !