À l’occasion des 30 ans de Télé Millevaches, revenons sur l’évolution démographique de ces trente dernières années.
Rappelons d’abord quelques données de base. L’effondrement démographique de la Montagne limousine, c’est le XXe siècle.
Après avoir atteint un sommet de 120 000 habitants à la fin du XIXe, le plateau perd imperturbablement 1% de sa population chaque année durant tout le XXe siècle, pour aboutir à 37 000 habitants. À très peu près, le désastre concerne la totalité des communes du plateau, même si la chronologie varie selon les zones. Ajoutons un point pour comparer ces trente dernières années avec les trente précédentes. L’Insee vient de publier les résultats du recensement pour 2014. Le recensement le plus proche trente années avant est celui de 1982. On sort alors de la période d’une trentaine d’années qui séparent les recensements de 1954 et de 1982. Durant cette période, la population du plateau passe de 61 000 à 43 000 habitants. Moins 29%. Toujours le même rythme de 1% de perte par an.
De 1982 à 2014, la population de la Montagne passe de 43 000 à 35 500 habitants. Moins 18%. Le rythme de la baisse est pratiquement moitié moindre. En fait, si on y regarde de plus près, le changement se produit avant. La baisse de la population est de 1,3% par an du recensement de 1954 à celui de 1975. Il passe alors à 0,9%. Et le rythme baisse à nouveau à partir du recensement de 1999 pour s’établir autour de 0,3% par an.
Périodes | 1954/1975 | 1975/1999 | 1999/2014 |
Perte/an | 650 hab 1,3% |
400hab 0,9% |
100hab 0,3% |
Dans la période 1954-1982 ce sont les petites communes qui s’effondrent particulièrement. Les 42 communes de moins de 150 habitants en 1982 ont vu leur population pratiquement réduite de moitié. Il en va presque de même des 50 communes de 150 à 500 habitants : moins 41%. En revanche, les 21 communes de plus de 500 habitants ne perdent “que“ 15% de leur population.
La situation s’inverse dans la période 1982-2014. Ce sont les communes de plus de 500 habitants qui perdent le plus, moins 21%, tandis que les moins de 150 à 500 habitants en perdent 15% et celles de moins de 150 habitants seulement 5%. L’amélioration de la situation démographique depuis 1999 suit la tendance de la période 1982-2014 et se traduit par une progression des toutes petites communes et une presque stabilisation des communes moyennes.
La première chose qui saute aux yeux sur cette carte 1982-2014 est la couronne de communes en forte croissance autour d’Ussel, elle-même entourée de communes à moindre croissance. Alors même que Ussel décroît de 17% dans la période après une croissance continue depuis le début du XXe siècle. À noter toutefois que la croissance ne concerne plus que les communes immédiatement voisines de Ussel sur la période 1999-2014. Des communes comme Alleyrat, Meymac, St-Germain-Lavolps ou St-Rémy sont reparties à la baisse. On peut ajouter que cette zone de croissance se prolonge au sud-ouest le long de l’A89 entre les sorties Ussel et Égletons.
Périodes | 1954/1982 | 1982/1999 | 1999/2014 |
42 communes <150hab | - 46% | - 5% | + 5% |
50 communes 150-500hab | - 41% | - 15% | - 2% |
21 communes >500hab | - 15% | - 21% | - 8% |
Il apparaît également sur la carte un grand tiers ouest du plateau en grande difficulté démographique dans les cantons d’Eymoutiers, de Bugeat. Il en va de même au nord-est pour les communes des cantons de Crocq, de La Courtine et d’Eygurande.
Enfin, le centre du sud de la Creuse, du lac de Vassivière à Felletin, paraît résister, voire s’améliorer. Cette zone étant entourée de communes en nette baisse (y compris au nord qui ne figure pas sur la carte), son évolution démographique plutôt positive doit s’expliquer par un dynamisme propre et non par la proximité d’une agglomération ou d’une autoroute.
La plupart des données potentiellement explicatives nous échappent. Si l’Insee publie les soldes naturel et migratoire en pourcentage par commune et par an, ces soldes nous apprennent peu : dans une commune de 300 habitants, un solde migratoire de 0,3% peut être le résultat de 2 départs et 3 arrivées comme de 20 départs et 21 arrivées, ce qui n’a évidemment pas du tout la même signification ; il en va de même pour la composition du solde naturel. L’Insee ne publie pas non plus les données socioprofessionnelles de ces populations.
Chacun est donc réduit à avoir des explications sur les différentes évolutions : plus ou moins grand dynamisme des élus locaux, présence ou arrivée de populations nouvelles, caractéristiques économiques, sociales, idéologiques des différentes communes...
Christian Vaillant