En mai 2013, une dizaine de personnes participent à une journée sur la reproduction humaine, organisée par Pivoine : une occasion de revenir sur nos cours de collège pour comprendre un peu mieux les hormones, les cycles féminins et masculins, etc.
Pendant l’apéro qui suit cette journée, on partage le constat qu’il nous semble manquer un espace (physique et symbolique) et des ressources pour pouvoir aborder les questions qui touchent à la sexualité ; un espace où trouver de l’information sur ces questions-là, où s’adresser à quelqu’un d’autre que son médecin généraliste ou à internet. Certain-e-s d’entre nous se rappellent leur adolescence sur le Plateau : pas facile d’être autonome dans une zone rurale où la mobilité est cruciale et l’anonymat pas facile à conserver… Et puis, à l’époque (mai 2013), il n’y a de planning familial ni en Creuse, ni en Corrèze, ni en Haute-Vienne.
Pas non plus de ligne régionale “information contraception-IVG“. Chacun des trois départements est doté de centres de planification (structures à vocation médicale, qui proposent consultation et délivrance de contraception, réalisation d’IVG médicamenteuses…) mais ils sont éloignés du Plateau. Les envies fusent : faire des interventions en milieu scolaire autour des questions de sexualité, de contraception, de consentement, de violence…
Envies d’inviter des écrivain.es, de faire des projections, des discussions, pourquoi pas monter une bibliothèque féministe ? Et un espace d’écoute où l’on puisse faire des entretiens ?
Pour faire tout ça, crée-t-on une association ou se rapproche-t-on du Mouvement français pour le planning familial (MFPF) ? Assez vite, après avoir rencontré des permanents des plannings de Clermont-Ferrand et de Périgueux, nous tranchons et décidons de rejoindre le MFPF. Nous pensons que cela nous offrira un cadre, de la visibilité, des possibilités de formation, de rencontres et d’échanges de pratiques. Les valeurs du MFPF nous parlent aussi bien sûr : “Le Planning Familial est un mouvement militant qui prend en compte toutes les sexualités, défend le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité. Il dénonce et combat toutes les formes de violences, lutte contre le SIDA et les IST (infections sexuellement transmissibles), contre toutes les formes de discrimination et contre les inégalités sociales.“
Autre décision importante : la commune qui nous accueillera. Après une prospection de quelques mois, la mairie de Peyrelevade nous propose de mettre à disposition un local dans le bâtiment du CADA (centre d’accueil pour les demandeurs d’asile dans l’ancienne maison de retraite. La perspective de travailler aux côtés du CADA, à la fois dans l’idée de faciliter l’accès au planning pour les résidents, et de se confronter aux problématiques que cela peut poser en terme de différence culturelle, telles que “comment ne pas plaquer notre vision occidentale de la sexualité“, nous paraît intéressante. Nous décidons donc que notre siège sera à Peyrelevade, tout en gardant à l’idée de rester mobiles sur tout le territoire : peut-être qu’un jour nous sillonnerons les routes à bord du camping-car du planning familial !
Pendant deux ans nous nous sommes réunis une fois par mois lors de journées de travail collectives ou thématiques. Certain.es d’entre nous ont fait des stages dans d’autres plannings familiaux, ont suivi des formations sur l’écoute, la contraception. L’un d’entre nous va entamer une formation pour devenir conseiller conjugal et familial. Nous sommes allés rencontrer les centres de planification et les centres d’orthogénie de la région, le réseau 1000 soins sur le Plateau, ainsi que des associations de prévention et de soutien comme Entr-AIDSida Limousin à Limoges ou Intermède 23, lieu d’accueil de jour pour les femmes victimes de violences à Guéret.
Aujourd’hui, nous sommes une équipe d’une douzaine de bénévoles. Notre première apparition publique a eu lieu en juin dernier pendant le festival Bobines Rebelles et nous avons participé à la venue d’Audrey Chenu qui a présenté son livre et animé un atelier d’écriture pour femmes en août.
Nous travaillons maintenant à l’ouverture de notre local qui aura lieu à l’automne. Dès l’ouverture, nous proposerons une permanence hebdomadaire dans nos locaux qui abriteront une structure non médicale, lieu d’information, d’écoute et d’échange ouvert à toutes et tous, gratuit et confidentiel.
Tout le monde pourra venir y chercher des renseignements sur la contraception, la grossesse, les violences, les IST… Pendant la permanence, nous pourrons réaliser des entretiens avec celles/ceux qui le souhaitent sans oublier que pour nous, il ne peut y avoir de meilleur spécialiste que la personne elle-même sur son propre corps et sa situation. Nos entretiens ont pour objectif d’accompagner chaque personne à faire ses choix, en lui donnant des informations et en lui apportant une écoute bienveillante et non-jugeante. Nous envisageons d’intervenir à la demande pour des séances de prévention et d’éducation à la sexualité et à l’égalité dans les écoles primaires, les structures sociales, associatives et de tenir des stands d’information et de prévention lors d’événements festifs. Prochain rendez-vous : la fête de la Montagne limousine le dernier week-end de septembre. Nous y tiendrons un stand.
Si vous souhaitez nous rejoindre, nous soutenir en adhérant, ou être tenu au courant de l’avancement du projet, n’hésitez pas à nous contacter par mail à :