Il y a eu 70 sites miniers d’uranium en Limousin. C’est dire que la région est concernée ! L’association Sources et rivières du Limousin, qui travaille entre autres sur ces questions, est en contentieux judiciaire avec AREVA au sujet du stockage des déchets et des pollutions aquatiques en lien, soit avec des stockages, soit avec des sites miniers abandonnés et non réhabilités. Elle explique que l’industrie minière est une exploitation de type “colonial“ qui vient se servir et laisse les sites “en l’état“. Les couches géologiques sont bouleversées et l’eau de ruissellement (et donc les sources) qui en sort est chargée en matières radioactives. De plus, les étangs servent de “bassin de décantation“ et on y observe des taux de 100 à 200 fois la radioactivité naturelle. Il faudrait pouvoir les curer mais il faudrait créer de nouveaux sites de stockage, les 6 sites de stockage miniers limousins actuels étant saturés !
Il y a en France deux centres de stockage d’uranium appauvri dont celui de Bessines-sur-Gartempe, d’une capacité de 199 200 tonnes. En effet, au-delà de 200 000 tonnes il s’agit d’une installation nucléaire de base avec des contraintes réglementaires beaucoup plus strictes. Le renouvellement de l’autorisation (qui avait fait l’objet d’une enquête d’utilité publique il y a 20 ans, négative) est prévu pour 2015. Officiellement on ne parle pas de déchets mais de “matières premières“, utilisées entre autres par l’armement et la fabrication d’uranium enrichi. Le centre reçoit des “produits“ d’un peu partout dans des camions non sécurisés. Comme toujours en matière de nucléaire, le secret règne et on ignore les quantités exactes et la nature des produits stockés.
Bessines héberge aussi, une carothèque (échantillons divers prélevés au cours de forages), un laboratoire P212, impliqué dans la lutte anticancéreuse (radiothérapie) avec les USA, qui fait l’objet d’une vaste campagne de communication. Enfin, le projet de musée à la gloire de l’exploitation minière est soutenu par la Région.
La centrale de Civaux, alimentée par la Vienne est une centrale de dernière génération, avec beaucoup d’incidents de fonctionnement. Le débit de la Vienne est très limite et est donc complété par le lac de Vassivière et les lacs en amont. S’il n’y avait plus assez d’eau le risque d’accident de type Fukushima est réel. Les vents dominants portent vers le nord de la Haute-Vienne et la Creuse.
Faut il avoir peur du nucléaire ? Oui certainement, mais, outre que règnent secrets et mensonges, le refuge dans le déni explique sans doute le peu de réactivité de la population.
Quoi qu’il en soit ce type de débat a toujours l’intérêt de faire se rencontrer des personnes d’obédiences différentes et de poser la question des modalités de lutte, actions de type juridique, actions de terrain...
Dominique Alasseur