Du sens des mots, de l’essence des mots à l’essence des êtres :
En l’occurrence, ceux qui ont introduit ce mot “fashionable“ n’y vivent pas, dans ce fameux territoire, que quelques-uns s’amusent à attribuer aux blaireaux. C’est une invention de la DATAR, conçue par d’anciens de l’ENA : de la pure technocratie ! Je dirai donc : PLUS on parle d’un territoire, MOINS on s’en occupe (“on“ étant qui vous savez). Plus on AMÉNAGE, plus on DÉMÉNAGE. Je pense que vous me comprendrez. Surtout quand ces braves gens s’ingénient à changer constamment les limites du fameux territoire.
Alors, quoi dire d’autre ? Voici un exemple très précis : dans un ouvrage daté de 1986, co-écrit par un certain nombre d’auteurs (historiens, sociologues, géographes, ...) assez connus par “chez nous“ - M.F. Houdart, J.-F. Pressicaud ou G. Monédiaire par exemple - le mot territoire n’est JAMAIS utilisé. Ce livre s’appelle : “Approches anthropologiques des ESPACES“. Ben, le voilà LE mot ! En tant que sympathisant de votre “approche“, j’aimerais tant que vous n’utilisiez pas le même vocabulaire que les élus, bureaucrates et technocrates lèche-bottes... celui de leurs maîtres, ou leurs toutous, c’est selon, tous gens qui se contrefoutent de leur “territoire“, comme de leurs habitants. Habitants qui – c’est facile à vérifier – ne disent jamais : j’habite un territoire, mais “un coin“, “un patelin“, une commune, un “païs“ : le Plateau (avec majuscule). Les anciens des luttes du Larzac disaient bien “Volem viure al païs“, et non “al terrador“. Vous conviendrez que ce dernier mot n’est pas très commun. Quant à “territori“, il n’existe pas. Et je pourrais prolonger en parlant du PARC, mais j’arrête là. J’en ai un derrière la maison (de parc) : c’est le territoire de mes chiens.
Michel Patinaud