Les chauves-souris sont les seuls mammifères à pratiquer un vol actif. Elles appartiennent à l’Ordre des Chiroptères du grec Kheir, la main et Pteron, l’aile. En effet, l’aile appelée patagium est portée par les 5 doigts. Munies de cette adaptation unique dans le monde du vivant, elles se déplacent la nuit avec une agilité déconcertante, utilisant les ultrasons pour se repérer dans l’espace Toutes les espèces n’utilisent pas les mêmes fréquences. Selon l’environnement dans lequel elles évoluent et le type de proies consommées, elles vont émettre des fréquences différentes allant de 10 khz à 110 khz pour les espèces européennes. Ainsi la plupart de ces signaux sont inaudibles à notre oreille qui ne perçoit que les fréquences situées en dessous de 18 khz. Ce n’est pas parce qu’elles se repèrent à l’aide de ce sonar que les chauves-souris sont aveugles, bien au contraire. En effet, leur vue est particulièrement bien adaptée à la vie nocturne et elles l’utilisent pour contrôler l’altitude et s’orienter sur les structures du paysage.
La plupart des gens évoque “la chauve-souris“. C’est un peu réducteur lorsque l’on sait qu’il existe plus de 1000 espèces dans le monde, 34 en France métropolitaine et 26 en Limousin. Toutes les espèces de l’hexagone sont insectivores. En fonction de l’espace aérien qu’elles occupent, elles vont se focaliser sur certains types d’insectes.
Ainsi, le Grand Murin, Myotis myotis, évolue au cœur des allées forestières au sol bien dégagé et des zones de bocage pâturées au sein desquelles ils recherchent les petits coléoptères. Le Murin de Daubenton, Myotis daubentonii, quant à lui chasse au-dessus des cours d’eau où il capture les émergences d’insectes.
Afin d’éviter la compétition entre elles, chaque espèce va évoluer dans une strate aérienne différente. Les petites espèces de Murins, genre Myotis, vont ainsi davantage chasser en milieu forestier, au cœur des boisements et des houppiers ou dans les allées forestières. D’autres espèces comme les Noctules, genre Nyctalus, évoluent plutôt en altitude au-dessus de la canopée où elles gobent les petits insectes regroupés en essaim.
Les chauves-souris qui vivent en régions tempérées sont soumises à des changements de saisons. Avec l’arrivée de l’hiver elles voient disparaître les insectes. Pour survivre sans manger elles n’ont pas d’autre choix que de rentrer en vie ralentie en attendant le retour des beaux jours. Elles vont alors chercher des sites calmes, plutôt sombres et dans lesquels la température est tamponnée et hors-gel. En fonction des latitudes et des conditions climatiques, cette période débute au mois d’octobre et se termine fin mars. Début avril, les individus sortent de léthargie et vont s’alimenter sur leur terrain de chasse. C’est dès le mois de mai que les femelles se rassemblent en essaim dans leur gîte de reproduction pour mettre au monde leur unique petit de l’année. Ces derniers naissent sans poil et les yeux fermés. L’essaim que forme les mères et la chaleur des gîtes sélectionnés leur permettent de maintenir leur température corporelle encore fluctuante à un niveau suffisant. Au bout de trois à quatre semaines les jeunes atteignent la taille adulte. Si à la mi-juillet les jeunes sont volants, ils s’éloignent peu et chassent à moins d’un kilomètre du gîte. À la fin du mois d’août, la colonie se disperse et les femelles rejoignent les mâles sur les zones d’accouplement. L’activité de chasse perdure de septembre à octobre pour les ultimes réserves avant l’hibernation.
En France métropolitaine, 90% des espèces utilisent la forêt au cours de leur cycle de vie, pour chasser, se reproduire et/ou hiberner. La gestion forestière est donc d’une importance capitale pour ces animaux et particulièrement pour certaines espèces qui dépendent entièrement de cet écosystème. Le Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin (GMHL) est une association de protection de l’environnement qui étudie les reptiles, les amphibiens, les mammifères terrestres et les chauves-souris depuis 1995 sur l’ensemble de la région. Elle essaie de comprendre l’évolution des populations sur ce territoire et de proposer des mesures de gestion compatibles avec le maintien de ces espèces indispensables à l’équilibre de l’éventail du vivant. En 2010, une étude menée conjointement avec le Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin a permis de mieux connaître les populations de chauves-souris présentes sur la bordure ouest du parc. Trop peu nombreux à nous intéresser à ces animaux et à pouvoir parcourir toute la région, le GMHL (Groupe Mammologique et Herpétologique du Limousin) est preneur de toutes les informations sur les chauves-souris présentes en Limousin. Alors n’hésitez pas à nous contacter par téléphone ou par courriel et nous aider à mieux connaître ces maîtresses de la nuit !
Le Grand Murin est capable de chasser jusqu’à 20 km de son gîte de reproduction.
Julien Jemin, GMHL