Remettons les choses à leur place. La forêt ne relève pas de l’apanage de certains mais c’est un bien commun comme les paysages, les écosystèmes et l’avenir de nos enfants sur cette planète … Chacun est concerné.
En ce sens, je ne partage pas tous les points de vue de Christian Beynel exposés dans le dernier numéro d’IPNS.
J’espère ne pas trahir ses propos en reprenant certains points de son article.
Il écrit que Télé Millevaches “casse les efforts du noyau de forestiers engagés depuis longtemps dans un processus d’amélioration continue“ et termine par “Positivez nos expériences ! “.
Quand Télé Millevaches dénonce les dérives du PEFC, la journaliste expose des arguments. Pourquoi donc ne pas en discuter ? Rien à dire sur :
- les coupes rases en forte pente autorisées ici (mais interdites en Auvergne) ?
- le portage PEFC créé par les coopératives pour alimenter en bois facile la filière commerciale ? Les coopératives géantes certifient automatiquement PEFC leurs propriétaires sans engagement de leur part. Il leur revient de dénoncer par écrit cette certification si désaccord !
- le cahier des charges du propriétaire forestier qui est un copier-coller de la loi ? Où est l’avancée ?
PEFC ne demande pas la localisation cadastrale de la parcelle à certifier, mais uniquement la surface et la commune ? Peut-on localiser une parcelle de 5 ha sur les 10.000 ha de Saint Yrieix la Perche par exemple ? Et, à fortiori, la contrôler ?
- Je vous rassure : Il n’y a rien à contrôler car pas de critères de certification propres au PEFC…
De tels exemples, nombreux, mènent à penser que le PEFC est un entonnoir commercial.
On comprend le dépit de ces précurseurs (dont M. Beynel) qui ont vu le PEFC comme l’opportunité de concilier leur amour de la nature et son exploitation.
Mais le bilan est sans appel à ce jour : Le PEFC se fout de la gueule du monde et nous, les idiots de consommateurs, avec notre pouvoir absolu, allons probablement le faire évoluer vers un réel équilibre entre industrie et environnement.
Ensuite, est abordée la gestion forestière sur le Plateau. Le choix entre “des feuillus médiocres et des résineux imposés par le FFN1“. Ce choix était certainement sensé à l’époque, il y a plus de 50 ans…
Mais aujourd’hui, que voit-on2 ?
- Sur 10 arbres plantés (feuillus compris), 9 Douglas…
- Dans les plantations industrielles (appelées forêts), 1 arbre sur 2 est un Douglas. En 2025, ce sera 2 sur 3…
Ma question : Quand serons-nous à 3 sur 3 ?
- La coupe rase – chaos monstrueux - est décrite comme une nécessité pour convertir les erreurs du passé (d’Epicéas, de Sitka, Grandis…) en plantations de Douglas.
S’agit-il d’un alibi ? Sinon, pourquoi une augmentation de 30% à l’horizon 2025 ? Où il y aura autant de Douglas que d’Epicéa a couper ! Conversion ou approche des forestiers et coopératives imposant un mode de récolte unique ?
- Puis la mécanisation massive “qui a le mérite de faire travailler les hommes dans de bonnes conditions“. Quels hommes ? Les 15 bucherons au chômage, remplacés par une abatteuse ?
Ambiance Bois est citée. Mais, outre son approvisionnement local, quelles sont ses valeurs ? Avec le chiffre d’affaire d’une scierie de 5 personnes, elle fait vivre 20 familles. La mécanisation fait place à l’humanisation ! Approche rétrograde ou d’avant-garde ?
La gestion forestière du Plateau gagnerait à bannir l’approche exclusivement économique. J’encourage la régénération naturelle, l’irrégularisation et la diversification. Quand cohabiteront la “forêt permanente“ et son exploitation économique, il sera temps de laisser la place aux générations à venir qui feront évoluer cela dans la conscience du monde qui les entoure…
Je partage votre point de vue : Positivons !
Marc Lajara