Dans sa frénésie réformiste à vau-l’eau le gouvernement prépare à la fois une réforme des collectivités territoriales et un nouveau schéma d’aménagement territorial tourné vers la métropolisation du territoire. Onze ou douze métropoles, c’est selon, régiront l’espace national en sur-urbanisation. Adieu la ruralité et l’originalité de l’espace français dans le tissu européen. Le réseau ferré de France (RFF) est prié d’établir un réseau de train à grande vitesse (TGV) à l’usage exclusif des voyageurs. Il doit relier et nouer toutes ces métropoles à la pieuvre parisienne. Ce plan des TGV à connotation jacobine ne retient pas le principe de la transversale Alpes Atlantique. Celle-ci pourtant en associant tout mode de transport : rail, route, fluvial et maritime, porte un coup sévère à l’hégémonie autoroutière. Elle ridiculise le transport aérien sur courte distance aux tarifs exorbitants. Enfin elle offre à la façade atlantique et à la péninsule Ibérique la perspective de liaisons vers l’Europe du sud et du centre sans toucher Paris.
A l’échelle régionale le débat mobilise une énergie citoyenne pour réfuter le double argumentaire gouvernemental. Il a pris un ton très vif avec le collectif “oui à l’optimisation du POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) - Non à la LGV“.
Rappelons le contexte. En 2004 pour la campagne des élections régionales les élus s’engageaient pour la promotion et la modernisation du POLT. L’Etat pour des raisons encore bien mal élucidées rejette le projet et lui substitue le barreau TGV Poitiers Limoges.
En 2006 le conseil régional se prononce en faveur de la création du tracé Poitiers Limoges sans jamais afficher très fermement son lien avec l’axe transversal proposé par la Transline. Nos édiles sous la férule de l’impérialisme limougeaud n’ont semble-t-il d’autre ambition que de s’assurer le moyen de transport le plus rapide pour rejoindre Paris ! Aussi acceptent-ils un tracé du barreau TGV Poitiers-Limoges conçu à voie unique. Une aberration dès lors que le fret des marchandises en est exclu. Un TGV cul de sac à l’usage du microcosme de Limoges. Il ne répond plus du tout aux exigences de la Transline. De son, côté en focalisant ses revendications sur la modernisation du POLT, le collectif des opposants s’enferme dans un schéma d’aménagement du territoire orienté vers Paris et trop limousin. De plus lorsqu’il souhaite faire circuler des TGV sur ce POLT ne prend-t-il pas le risque d’exclure la capitale creusoise de la transversale Alpes Atlantique ? Avec le POLT transformé en LGV, il fait de Vierzon le pivot de l’Y renversé représenté sur la carte ?
A l’inverse la Transline propose de relier Limoges à Clermont par Montluçon. Enfin pour compliquer le tableau il convient de se rappeler que la région Auvergne se bat afin d’obtenir une liaison à grande vitesse Paris-Clermont et pour un doublement de la ligne Paris et Lyon. Un nouveau risque de faire pencher la balance pour Vierzon. Pauvre Creuse demeurera-t-elle enfermée dans son unique point ferroviaire futuriste de La Souterraine ?
Comment cette prospective Transline d’un système de transport ferroviaire performant pour assurer une meilleure irrigation du territoire national parviendra-t-il à surmonter cette triple résistance : l’Etat qui ne l’inclut pas dans son schéma d’aménagement du territoire, la faible volonté d’engagement des élus régionaux limousins inféodés à Limoges, et la fronde grandissante d’élus et d’organisations locales de plus en plus inquiets devant la dégradation du service public de transport à courte et moyenne distance au seul bénéfice du TGV.
Alain Carof