Etrange paradoxe qui veut que les volets restent fermés dans les bourgs pendant que certains patientent fort longtemps avant de trouver chaussures à leurs pieds, que l’on construise faute de mieux loin des bourgs et des services, entraînant une dépendance à la voiture et un éloignement des lieux d’habitation préjudiciable au développement d’une vie sociale, que certains “petits revenus “payent plus de charges qu’ils ne payent de loyer.
Oui, trouver une bonne solution pour habiter sur la Montagne limousine est souvent un parcours du combattant ... et un frein à la venue des nouveaux habitants dont le territoire a pourtant besoin.
Fort de ce constat, un groupe d’habitants, d’élus, de “chercheurs de toits“ et d’associatifs a créé l’APEHPM - Association pour la promotion de l’éco-habitat sur le plateau de Millevaches -. Cette association est moteur dans un projet de création d’une entreprise qui interviendra dans le domaine du logement et de l’urbanisme.
Pas n’importe quelle entreprise d’ailleurs, puisqu’il s’agit de créer une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Ques aquo ? Rien d’autre qu’une entreprise faisant le choix d’un mode de gouvernance collectif où chacun, simple habitant ou collectivité locale, association ou investisseur, participe avec le même poids à répondre aux questions, stratégiques pour l’avenir de notre territoire, du logement et de l’urbanisme.
Une entreprise dont le but n’est pas de générer du profit pour ses actionnaires mais avant tout de répondre à un besoin général, social et territorial.
Une entreprise, enfin, qui s’empare de la question du logement de manière transversale. Parce-que le logement, c’est bien plus que quatre murs et un toit. C’est une réponse aux défis énergétiques de demain, c’est la possibilité d’accueillir de nouveaux habitants, d’augmenter et renouveler la population, c’est le maintien d’une vie sociale, de services, d’activités et de convivialité. C’est une réflexion sur l’urbanisation harmonieuse du territoire, une projection sur le plateau de demain, celui que nous voulons contribuer à construire.
Comment traduire cela de manière opérationnelle ? En privilégiant des solutions résidentielles adaptées au territoire, à la population qui y vit ou souhaite s’y installer, en produisant de l’éco-habitat :
Reste que cette SCIC, pour exister, a encore besoin de réunir le capital qui lui permettra d’être crédible et d’agir, soit 200 000 €. Une paille ...
Alors, si parmi vous, lecteurs, il en est qui se sentent concernées, que vous soyez habitants, artisans, acteurs associatifs …, n’hésitez pas à contacter l’Association pour la Promotion de l’Eco-Habitat sur le Plateau de Millevaches pour un complément d’information voire, pourquoi pas, pour une promesse de souscription d’une ou plusieurs parts sociales (une part 150€).
Le dernier numéro (n°57, juillet 2009) du Courrier de l’environnement de l’INRA, consacre un article aux controverses suscitées par une étude prospective menée par l’INRA sur les “nouvelles ruralités“. Les résultats de cette étude menée à partir de 2006 ont été rendus publics lors d’un colloque en 2008 puis dans l’ouvrage Les nouvelles ruralités à l’horizon 2030. Des relations villes-campagne en émergence ? (Sous la coordination d’Olivier Mora aux éditions Quae, 2008). Ils ont suscité plusieurs controverses qui posent la question de l’usage de la ruralité dans notre société. Le petit dessin ci-contre, extrait du même numéro du Courrier de l’environnement, témoigne ainsi parfaitement de certains conflits “culturels“ qu’on a pu connaître dans quelques villages limousins...
Mais l’un des conflits les plus exacerbés porte sur la question foncière. Trois types d’intervenants ont émis des points de vue fort différents dans les débats qui ont suivi cette étude : les acteurs publics, les acteurs privés de la construction et les agriculteurs.
Les acteurs publics de l’aménagement “font valoir les surcoûts engendrés par l’étalement urbain en terme d’équipements et d’infrastructures, les coûts de la mobilité des individus et les pollutions qu’elle engendre et promeuvent des politiques de densification et de ville compacte.“ Autrement dit : vivre à la campagne n’est ni économique, ni écologique. Aussi défendent-ils une conception des espaces ruraux comme des “espaces de nature“ : “La préservation des espaces ouverts apparaît alors comme un moyen de conserver des milieux naturels et de créer des zones de récréation pour les urbains.“
“D’un autre côté, les acteurs de la construction des maisons individuelles font valoir qu’ils répondent aux désirs des personnes d’accéder à une maison individuelle en propriété et qu’ils réalisent près de la moitié de la construction annuelle de nouveaux logements en France (...) Face aux préconisations des acteurs du secteur agricole qui souhaitent préserver les espaces agricoles, ils soulignent que le foncier qui est bâti est un foncier agricole vendu... par des agriculteurs. Ainsi apparaît une différence de plus en plus marquée entre les intérêts de l’agriculture comme secteur d’activité et les intérêts des agriculteurs en tant que détenteurs d’un capital foncier, particulièrement dans un contexte de diminution rapide du nombre d’agriculteurs.“
Du côté de ces derniers on a bien conscience de “l’irréversibilité de l’artificialisation des sols“ et de la “nécessité de préserver des sols agricoles“. C’est pourquoi beaucoup d’agriculteurs “sont partisans d’une approche réglementaire de la question foncière par la planification (documents d’urbanisme locaux, plans d’urbanisme, schémas de cohérence territoriale). Ils remarquent que beaucoup de communes n’ont pas mis en place de démarche pour économiser l’espace et continuent de développer le logement pavillonnaire sur de grandes parcelles.“ Les auteurs de l’étude soulignent cependant qu’une démarche réglementaire seule n’est pas en mesure de régler ces “difficiles questions foncières.“ Un enjeu, brûlant dans les campagnes péri-urbaines, mais qui concerne aussi nos pays à plus faible densité...
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