Le Grand ruisseau (le Tourtouloux), affluent de la Maulde, serpente en fond “d’alvéole“ du Compeix, de Brouillard et d’Augerolles. Il draine ainsi nombre de rus et coule tranquillement dans une lande humide en phase de reboisement naturel. Les sols gorgés d’eau et tourbeux permettent le développement du cortège floristique des tourbières.
À partir d’un vieux pont à planches, le Grand ruisseau s’engage dans une gorge à pente douce puis plus raide ou s’insinue entre les blocs de rochers et constitue une succession de cascades. L’eau tantôt calme, tantôt violente, formant une écume blanche, se joue des rochers qui ondulent sa surface ou la scindent en plusieurs bras.
Les versants de plus en plus escarpés, au parcellaire découpé par des murets de pierres sèches, vestiges d’une activité agricole ancienne (prés fauchés dans les pentes) se sont reboisés naturellement au gré de l’abandon des cultures ou ont fait l’objet de reboisements artificiels en résineux. Ainsi suivant les différentes propriétés se mêlent accrus (boisements naturels primaires), futaies de hêtres et de chênes ou résineuses plus sombres et aulnaies (aulne glutineux) en bordure de ruisseau.
Le moulin et sa roue à cuillères
Le bruit puissant de l’eau qui claque s’impose avant même que l’on aperçoive le cours tumultueux du Grand ruisseau et favorise une ambiance sauvage et quelque peu mystérieuse. Le bord du talweg s’élargit par moments et apparaissent alors des amoncellements de blocs de granit, une érosion différentielle s’est effectuée : la roche tendre (granit à 2 micas friable) a été érodée en ne laissant que les blocs de roches dures (granit à biolite) entourés de roches décomposées formant un sable grossier appelé arène granitique. Ils constituent “les champs de pierres“, phénomène géologique remarquable.
Sur les versants ont été construits des canaux étroits suivant les courbes de niveau et servant à l’irrigation et à l’alimentation de moulins dont cinq vestiges subsistent sur le site. Le moulin d’Augerolles, rive gauche, au dessous du village du même nom a été restauré. La taille de la pierre, activité importante de la région du Compeix, a laissé des vestiges, figés dans le temps et intacts depuis leur abandon.
La restauration du site (par la Communauté de communes, grâce à l’aide technique de l’ONF, avec les acquisitions foncières du GSF de Saint-Pardoux-Morterolles et l’aide financière de l’Europe, de la Région Limousin et du département de la Creuse) a permis tout au long d’un circuit pédestre de mettre en évidence les curiosités du milieu naturel : faune et flore, géologie et évolution dans le temps, ainsi que bon nombre d’activités humaines tombées en désuétude. Le petit village d’Augerolles accroché à la pente douce rive gauche, sur un “replat“, comporte de belles maisons de pierre, des granges et un vieil abreuvoir en granit réutilisé en fontaine.
Le 5 mai 2009 est arrivé un troupeau d’une soixantaine de brebis et de quelques chèvres, qui ont transhumé depuis le Périgord pour venir entretenir le site de mai à septembre. Un réseau de landes sèches restaurées appartenant à la Section de Buze, au Groupement Syndicat Forestier de Saint-Pardoux-Morterolles, au Groupement Syndical Forestier de Royère-de-Vassivière a été mis à leur disposition.
D’un point de vue agricole, il est à noter que le pâturage des landes sèches est bénéfique pour les brebis car la consommation de Callune a un effet préventif anti-bactérien, antioxydant, anti-inflammatoire et anti-tumoral. Ainsi, en broutant les sommités fleuries, les animaux s’immunisent contres les parasites internes et ne nécessitent donc peu ou pas de traitement parasitaire (Sources : Thèse d’Alain Simon).
Pied de Lycopode en massue
Les brebis vont se charger de limiter la croissance des fougères aigles, qui envahissent la lande, en les piétinant et de rajeunir les vieux pieds de bruyère et de myrtilles en les broutant. La lande va ainsi progressivement retrouver son état originel quand elle servait encore de pâturage il y a environ 50 ans. La présence d’une ancienne cabane de berger en ruine et de banquettes de culture témoignent de ces anciennes pratiques.
Association Eclats de Rives